L'utilisation que fait le Parti québécois de Janette Bertrand en cette fin de campagne électorale provoque un malaise certain. Le PQ a décidé de miser sur la Charte de la laïcité dans le dernier droit avant le scrutin du 7 avril. La grande dame qu'est Janette Bertrand était l'invitée-surprise du plus gros rassemblement péquiste samedi et elle a fait campagne aux côtés de Pauline Marois dimanche.
On a donc projeté Mme Bertrand dans l'arène politique dans le seul but de ramener l'attention sur la nécessité d'adopter la Charte et de rabattre le vote. Janette Bertrand n'est pas une politicienne et elle l'a démontré à nouveau. Hier, elle a péniblement tenté d'expliquer le lien entre la Charte et la menace de perdre son accès à la piscine dans son bloc à logements. Une menace sans aucun fondement, alimentée par des préjugés.
Dans sa sortie elle faisait un amalgame avec les «riches de McGill» et ces hommes qui pourraient éventuellement, «gruger» ses droits. Pitoyable comme démonstration de la montée de l'intégrisme.
En plein débat sur la Charte il y a de ça quelques semaines, on a voulu lancer un mouvement d'appui autour des «Janettes» qui semblait inspiré du mouvement des «Yvettes» durant le référendum de 1980. La stratégie a fait long feu quand deux de ses ténors ont proféré des énormités: Mme Bertrand qui redoutait de se faire soigner par une femme voilée, Denise Filiatrault qui a traité de «folles» celles qui portent le voile.
Le PQ aurait dû tirer certaines leçons de ce cafouillage
Janette Bertrand n'est pas à blâmer dans ce triste épisode qui démontre que le PQ utilise toutes les astuces. Y compris la popularité de Mme Bertrand, pour imposer son thème.
Plutôt que de redresser les choses, le ministre Bernard Drainville et Pauline Marois ont tacitement endossé ce dérapage. Drainville nous a habitués à toutes les contorsions intellectuelles pour faire passer son projet de loi. Après avoir promis la plus grande transparence dans ce débat, ce sont des fuites dans les journaux qui ont permis de connaître la teneur de certains mémoires importants, et très critiques, soumis à la commission parlementaire.
Pendant ce temps, on entendait les Pineault-Caron, les druides et ceux qui craignent les zombies avant que les élections ne mettent fin aux travaux des parlementaires.
La chef péquiste a reconnu la filiation entre la Charte et le célèbre code de conduite d'Hérouxville qui a, dit-elle, a eu le mérite «d'ouvrir le débat». Sept ans plus tard, le PQ marche dans les traces de l'ADQ qu'il vilipendait.
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