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Espionnage des journalistes: des questions

Le gouvernement Couillard a bougé rapidement. Il mérite des félicitations, mais je doute qu'il ait choisi le moyen le plus efficace pour y arriver.
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Le gouvernement Couillard a décidé de créer une Commission d'enquête publique sur l'espionnage dont ont été victimes des journalistes.

Bien. Mais est-ce le meilleur moyen d'éclairer cette affaire? Une Commission d'enquête met du temps à s'installer, coûte cher, demande une infrastructure importante et met beaucoup de temps à produire son rapport. Charbonneau était, au plus, un rapport marqué par la dissidence.

Quand l'affaire de la chasse aux sources journalistiques a éclaté, on a réagi à Québec en prenant des mesures ciblées, incluant la création d'un comité d'experts. Le scandale a rapidement pris de l'ampleur et le gouvernement a annoncé la création d'une commission d'enquête avec des pouvoirs de contrainte.

Les partis d'opposition ont été pris de court. Ce gouvernement ne nous avait pas habitués à une telle célérité lorsque survient une crise.

On aurait dû penser à la possibilité de confier un mandat à une commission parlementaire de l'Assemblée nationale. Une telle commission aurait pu convoquer les témoins au cours des prochaines semaines et l'affaire élucidée avant les fêtes. Après tout, il faut entendre les explications des chefs de police (SQ-SPVM), des ministres, sous-ministres, policiers impliqués, juges de paix... On est bien loin du mandat archicomplexe qui avait été octroyé à la Commission Charbonneau.

Ce que le public veut savoir, c'est qui a ordonné, ou pris l'initiative, de traiter des journalistes comme des criminels en les suivant à la trace ou en piratant leurs contacts téléphoniques.

Les députés auraient eu une belle occasion de scruter les relations entre l'état-major de la police et le pouvoir. Est-ce qu'il existe une procédure, comme l'a soutenu Jean-François Lisée, qui permet au bureau du premier ministre d'être alerté quand un ministre ou un attaché politique fait l'objet d'une enquête?

Le printemps dernier, la Commission de l'administration publique avait rapidement entendu les responsables lorsque des irrégularités ont été soulevées au Ministère des Transports.

À Ottawa, la Chambre des Communes est beaucoup plus proactive et n'hésite pas à faire parader devant les élus les patrons de la GRC, le vérificateur général, les hauts-fonctionnaires responsable du désastre informatique Phénix...

À Québec, on parle depuis des années de revaloriser le rôle du député, mais ceux-ci sont condamnés à tuer le temps en commission parlementaire et à servir de «rubber stamps» dans l'ombre de leur ministre.

Le cas du député libéral Serge Simard, surpris à tuer le temps en commission parlementaire, est patent.

L'émission Enquête de Radio-Canada sur les retours d'ascenseur à la SIQ illustre parfaitement la nécessité de protéger les sources pour débusquer les profiteurs du système.

Sans doute pour refaire la réputation du Québec à l'étranger, le gouvernement Couillard a bougé rapidement. Il mérite des félicitations, mais je doute qu'il ait choisi le moyen le plus efficace pour y arriver.

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