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Elections à date fixe, une fausse bonne idée

La tenue d'élections fédérales à date fixe ressemble à une fausse bonne idée destinée à améliorer la démocratie. À l'origine, l'objectif était d'éliminer le caractère partisan qui présidait au déclenchement d'une élection générale. En pratique, nous sommes plongés en pré-pré-campagne électorale depuis des mois.
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La tenue d'élections générales à date fixe, comme cela se fait cette année au fédéral, ressemble à une fausse bonne idée destinée à améliorer la démocratie. À l'origine, l'objectif était d'éliminer le caractère partisan qui présidait au déclenchement d'une élection générale. Un parti pouvait tirer parti d'une conjoncture particulière, d'une fenêtre qui s'ouvre comme on dit, pour précipiter un appel au peuple. Voilà pour les bonnes intentions.

En pratique, nous sommes plongés en pré-pré-campagne électorale depuis des mois. Le premier ministre Stephen Harper a annoncé en octobre dernier qu'il donnait suite à sa promesse de permettre le fractionnement des revenus des particuliers. Les grandes lignes du budget du printemps ont été éventées si bien qu'il y avait bien peu de neuf lorsqu'il fut déposé en avril. En habile tacticien, le chef du parti conservateur a fait du clientélisme en utilisant les vastes ressources

du gouvernement canadien.

Les partis d'opposition ont contre-attaqué en dévoilant en tout, ou en partie, leur plateforme électorale. Le chef du NPD, Thomas Mulcair, a lancé son programme de garderies à 15$ à la fin avril. Les libéraux de Justin Trudeau ont été moins rapides sur la gâchette, mais ils ont fait connaître, notamment, des initiatives pour améliorer la vie démocratique.

La campagne électorale bat son plein et échappe aux règles qui s'appliquent lors de la vraie campagne. Le parti gouvernemental fait rouler à la radio des publicités depuis les premiers jours du printemps.

Un effet pervers de la fixation de la date du scrutin est l'apparition des comités d'action politique (CAP) qui ne sont pas soumis à la Loi électorale et qui peuvent dépenser sans limites. On a pointé du doigt le HarperPAC, mais Engage Canada, un regroupement de libéraux et de néo-démocrates, a lui aussi lancé des campagnes publicitaires. Des syndicats ont mis sur pied des CAP pour bloquer le gouvernement Harper.

Les CAP ne sont pas tenus de dévoiler leur source de financement. Une fois la campagne déclenchée, ces groupes sont soumis aux mêmes dispositions que les partis politiques et ne peuvent dépenser plus de 205 000$. Entre-temps, c'est le party.

Jean-Pierre Kingsley, l'ex-directeur général des élections au Canada, a agité le drapeau en soulignant «qu'on vient d'accuser un retard de 40 ans en ce qui a trait au progrès qu'on avait accompli pour contrôler l'argent en politique dans ce pays-ci». Il propose de bricoler la Loi électorale et de bannir ces dépenses hors-campagne pour une période de 6, 9 ou 12 mois.

Qu'avons-nous à gagner en sachant que les élections auront lieu le 19 octobre?

Imaginez que nous aurons un premier débat entre les leaders fédéraux (celui de Maclean's)... le 6 août, en plein été, alors que la campagne n'est pas officiellement commencée. De quoi assombrir l'été de bien des citoyens qui se rebranchent sur la politique à la Fête du Travail.

Il faut se méfier des modifications apportées à un système électoral qui a bien servi les Canadiens et les Québécois depuis des générations.

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