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Des retours d'ascenseurs à la SIQ

Monique Jérôme-Forget, qui était la ministre responsable de la SIQ, a laissé tomber avec une certaine hauteur qu'elle ne s'intéressait pas vraiment au bras immobilier du Québec qui était un repaire de «pas bons».
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L'émission Enquête de Radio-Canada ramène dans l'actualité le nom de collecteurs de fonds du Parti libéral du Québec qui ont paradé devant la commission Bastarache il y a six ans.

Selon Radio-Canada, ces collecteurs de fonds avaient mis au point un système frauduleux au sein de la Société immobilière du Québec (SIQ), système qui leur a permis de toucher des millions qui ont transité par des paradis fiscaux. La SIQ, devenue depuis la Société québécoise des infrastructures, gère le parc immobilier du gouvernement québécois.

Le stratagème consistait, notamment, à gonfler le prix de location ou à prolonger la durée d'un bail en échange de ristournes, Charles Rondeau, Franco Fava, Marc-André Fortier, William Bartlett ont été identifiés dans ce reportage.

Marc-André Fortier a été PDG de la SIQ de 2003 à 2008 et a été viré après un rapport du Vérificateur sur ses comptes de dépenses. Il aurait indiqué devoir son poste à des gens «pesants».

William Bartlett a été V-P de la SIQ. À l'Assemblée nationale, l'opposition a souligné, bien que cette histoire remonte à l'époque de Jean Charest, que Bartlett a été un organisateur du PLQ dans le comté de Jean-Talon, représenté en 2007 par Philippe Couillard.

Les noms de Fava et Rondeau seront familiers à ceux qui suivent la politique depuis des années et se remémorent l'affaire des post-its.

Rappelons que Me Marc Bellemare, candidat-vedette des libéraux à l'élection précédente, a démissionné avec fracas de son poste de ministre en 2004, un an après avoir été nommé ministre de la Justice. Le monde politique ne lui convenait pas, avait-il expliqué.

Venu en politique pour réformer l'assurance-automobile et aider les victimes d'actes criminels, il a déchanté après quelques mois, Marc Bellemare déclenche une tempête politique quand il soutient, en 2010, avoir été au centre d'un trafic d'influence pour faire monter sur le banc des juges. Des collecteurs de fonds auraient exercé des pressions sur lui pour faire nommer des juges de la bonne couleur politique. L'ex-ministre affirme avoir alerté Jean Charest qui lui aurait ordonné de procéder à ces nominations.

Jean Charest, qui refuse obstinément à ce moment-là de tenir une enquête sur la construction, fait ni une ni deux et déclenche la commission (Michel) Bastarache avec le mandat d'enquêter sur la nomination des juges et de faire des recommandations. Sortis de l'ombre, Franco Fava et Charles Rondeau y témoigneront. On y apprend que ces deux non-élus ont un accès privilégié au bunker.

Le registre des visiteurs indiqué que Charles Rondeau y est allé une vingtaine de fois sur une période de six mois. C'est en fait le bureau de placement du nouveau gouvernement. Charles Rondeau avoue avoir recommandé la nomination de centaines de personnes au sein du gouvernement avec l'aide de Chantal Landry, devenue célèbre en apposant des post-its sur des CV.

Après la Commission Bastarache, la procédure de nomination des juges sera resserrée.

Le reportage d'Enquête établit donc un lien entre des nominations dans des postes stratégiques et des retours d'ascenseur.

Monique Jérôme-Forget, qui était la ministre responsable de la SIQ, a laissé tomber avec une certaine hauteur qu'elle ne s'intéressait pas vraiment au bras immobilier du Québec qui était un repaire des «pas bons». C'est une réaction irresponsable et désinvolte de la part de quelqu'un qui a occupé une charge publique et qui devait veiller à la saine administration de nos impôts.

Des travailleurs d'élections semblent avoir profité de ce désintérêt ou de cet aveuglement.

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