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Déficit, un rendez-vous raté

De tous les échecs ou reculs du gouvernement Marois, c'est le plus retentissant. Le déficit zéro était incontournable, a-t-on crié sur tous les toits. Pourtant, on est passé de zéro à 2, 5 milliards$ en l'espace de quelques mois! Un flip-flop format géant.
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Le trou de 2,5 milliards $ dans les finances du Québec enclenche le compte à rebours pour des élections printanières.

De tous les échecs ou reculs du gouvernement Marois, c'est le plus retentissant. Depuis son élection le gouvernement s'est défini comme le champion de la rigueur et du retour à l'équilibre budgétaire. En livrant son Message inaugural, la première ministre insistait sur la nécessité de réduire le ratio de la dette sur le PIB.

«Il n'est pas question de faire comme l'ancien gouvernement, en augmentant les dépenses et la dette publique», disait-elle. Le déficit zéro était incontournable, a-t-on crié sur tous les toits. Pourtant, on est passé de zéro à 2, 5 milliards$ en l'espace de quelques mois! Un flip-flop format géant.

Le plus troublant, c'est le déni constant du gouvernement qui continuait de dire en septembre que cet objectif était ferme, malgré les chiffres connus du ministère des Finances. On aurait dû se rappeler que, dès le mois d'avril, Pauline Marois avait testé, en privé, l'idée de reporter le déficit zéro.

Mais officiellement, ou hypocritement, on disait garder le cap.

Dans sa forme, cette simple mise à jour ressemble à un vrai budget (plus de 258 pages). Il ne manque en fait que des hausses de taxes ou d'impôt pour se qualifier de budget.

Le ministre des Finances Nicolas Marceau a expliqué hier à quel point nous sommes coincés au plan financier. Le gouvernement ne peut plus hausser taxes, impôts et tarifs sans un effet contraire tant les gens sont pris à la gorge. Il ne peut plus compresser les dépenses, croit-il, sans des effets dommageables sur l'économie.

Après quelques coupures brutales l'an dernier - universités, commissions scolaires, aide sociale...-, Mme Marois avait décrété que cela en était fini des compressions.

Les deux leviers qui restent sont le contrôle des dépenses et la politique économique. La politique économique, c'est du long terme qui demande des investissements. Quant aux dépenses, elles ont été plus élevées que prévu.

Le trou s'est creusé alors que le Québec n'est pas en récession, contrairement à 2008. La mise à jour documente, par contre, un sérieux coup de frein de l'économie: baisse de 885 millions$ dans les revenus des particuliers, baisse de 741 millions$ dans les revenus des sociétés, baisse de 115 millions$ dans les revenus tirés des mines.

Le ministre nous demande un acte de foi en croyant que les dépenses seront contenues en deçà de 2% d'ici 2 ans alors qu'il devra trouver le moyen, en plus, de faire disparaître un milliard $.

Ajoutons à ce portrait le fait que le budget québécois est dopé cette année avec le versement de la deuxième tranche du règlement du dossier TPS-TVQ, la rondelette somme de 1,4 milliard $ non récurrente.

Incidemment, la mise à jour révèle que, fort heureusement, les transferts fédéraux sont très stables (5,8% cette année, 4,7% l'an prochain).

Le déficit de 2,5 milliards $ prépare le terrain pour des élections dans quelques mois. Le gouvernement péquiste ne pourra s'y présenter avec un beau bulletin à l'encre noire comme il l'espérait, et l'avait promis.

«Les revenus ne sont pas au rendez-vous», aime à répéter le ministre Marceau, mais le rendez-vous, c'est lui qui l'a manqué et sa crédibilité, ainsi que celle du gouvernement, en a pris un coup.

Non, y'en aura pas de facile.

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