Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Construction, la loi du compromis

Le gouvernement a visiblement tout tenté pour éviter de recourir à une loi-marteau et il a sans doute cru qu'il y aurait une entente avec l'Alliance syndicale et l'Association de la construction, à l'arraché.Cela ne s'est pas produit et il a assumé ses responsabilités. Ceci explique sans doute pourquoi le projet de loi 54 était si mal ficelé.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Le gouvernement Marois a fait voter par l'Assemblée nationale sa première loi qui force le retour au travail des travailleurs de la construction en grève depuis deux semaines.

Cette intervention législative était tout à fait justifiée compte tenu de l'importance névralgique de ce secteur d'activités. Au surplus, deux des trois groupes de travailleurs (le civil et le résidentiel), avaient déjà rouvert les chantiers, après avoir conclu des ententes.

On pourra toujours dire qu'on a laissé jouer la négociation, mais qu'il était devenu évident qu'il n'y aurait pas d'entente dans le cas des gros chantiers du Québec.

Le gouvernement a visiblement tout tenté pour éviter de recourir à une loi-marteau et il a sans doute cru qu'il y aurait une entente avec l'Alliance syndicale et l'Association de la construction, à l'arraché.

Cela ne s'est pas produit et il a assumé ses responsabilités. Ceci explique sans doute pourquoi le projet de loi 54 était si mal ficelé.

Parce que la loi qui suspend le droit de grève a bien peu à voir avec le projet de loi initial de la ministre Agnès Maltais. Il porte la signature des oppositions, les libéraux et les caquistes qui ont fait reculer, et oui, le gouvernement Marois.

La première version gouvernementale prévoyait un gel des conditions de travail et des hausses de salaires de plus de 8% sur un horizon de 4 ans. Le gel des clauses normatives n'est pas anodin quand on sait que les patrons étaient fortement en demande sur le temps supplémentaire, la mobilité, etc.

En gelant les «acquis» pour 4 ans, le gouvernement démontrait un préjugé prosyndical. Les demandes de la partie patronale étaient complètement évacuées. Par contre, son projet de loi garantissait une paix sur les chantiers pour une période prolongée, mais on pourrait rétorquer: la paix, mais à quel prix?.

Le PLQ et la CAQ, majoritaires, se sont alliés pour imposer, après bien des tractations, une convention d'un an et une hausse de salaire de 2%, en escomptant une reprise des pourparlers.

Il y a un risque évidemment de se retrouver au même point dans un an, si les parties se braquent.

Le gouvernement aurait amélioré ses chances de faire passer son projet de loi s'il avait misé sur la collaboration de l'opposition au préalable. Les libéraux que les caquistes réclamaient une loi spéciale et plaidaient l'urgence.

Comme d'habitude, le gouvernement a ignoré l'opposition et en a payé le prix. Les parlementaires ont été les derniers informés du contenu du projet de loi et ont donc décidé de faire plier le gouvernement.

La position la plus ridicule a été celle de la ministre du Travail, Mme Maltais, qui a menacé dimanche de retirer la loi spéciale, en raison des suggestions «irresponsables» de l'opposition. Alors quoi? Le conflit aurait perduré et tout le monde serait retourné chez lui?

C'est la même ministre qui excluait, dès le début du débrayage, une loi spéciale.

Les libéraux rappelaient qu'en 1986, le ministre du Travail, un certain Pierre Paradis, avait fait voter une loi, le dernier jour de la session, après une journée de grève seulement. La loi forçait une négociation sur une période d'un an, à défaut de quoi la convention était décrétée. Cela avait marché à l'époque.

Le gouvernement s'est fait découdre sur un projet de loi qui, sur le fond, faisait consensus. Cela annonce des gros compromis quand on touchera à des morceaux autrement plus litigieux à l'automne.

À moins que le but soit de démontrer son impuissance devant l'opposition.

Déficit zéro reporté

Le meilleur et le pire du gouvernement Marois

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.