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Ping-Pong, 2e partie: l'éthique des marques et l'achat responsable

Tout deux publicitaires et chroniqueurs, nous continuons aujourd'hui notre Ping-Pong, avec la 2e de 26 parties sur la société de consommation du 21e siècle.
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Grégory Casper et Dominique Trudeau, tous deux publicitaires et chroniqueurs, continuent aujourd'hui leurs parties de Ping Pong, la 2e de 26 parties sur la société de consommation du 21e siècle.

À suivre toutes les deux semaines dans le Huff.

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Skype

12 novembre 2014

Montréal 16:34

Paris 22:34

Ding, Ding, Ding

GC : ;-)

Allo Dom !

DT : ;-)

Salut ! Ça va ?

GC : Oui super et toi ?

DT : Très bien. J'arrive de la montagne. Dis-moi, tu cours? Moi j'adore. Trail running. Ça me fait grand bien. La pub n'est pas très aérobique, alors je compense.

GC : Je comprends ! Moi pour compenser je regarde des séries.

C'est moins sportif, mais c'est assez cool. Chacun son défouloir.

;-)

DT :Tiens, je te raconte une histoire toute récente, en parlant de ma nouvelle passion. Une histoire de consommation et de conscience sociale. Rien de moins.

GC :;-)

Ah ça devient intéressant, je t'écoute.

DT : Cette histoire c'est du vécu. Je te raconte. Après un an à user mes runnings de rue dans les sentiers de montagne, sur les cailloux, dans la bouette et dans la neige, j'ai finalement décidé d'en acheter une nouvelle paire. J'ai fait ce que j'ai toujours fait. J'ai surfé, magasiné, comparé, aimé et finalement j'ai acheté une magnifique paire de nouvelles godasses. Elles sont kick-ass et après essais, géniales.

GC : ;-)

Ah ben génial tu fais marcher le commerce local.

DT : Ouais, c'est bien, c'est vrai. Mais mon histoire se morpionne quand je me suis mis à penser ceci : mes nouveaux souliers débiles, ils sont « éthiques » ou non?

GC :;-)

Ha ha !

DT : J'ai comme l'impression, après recherches, que la compagnie qui les fabrique n'est pas très concernée par ce genre de préoccupations...

GC :;-)

Tu parles d'une compagnie qui aurait une espèce de virgule en logo ?

DT : ;-)

Pas vraiment. Ça, ce sont mes pantalons. Mais dis-moi Gregory, je déconne ou j'ai raison d'avoir une petite gêne à lacer mes souliers?

GC :Ah oui, je comprends. En fait, consommer de manière équitable, (au niveau humain, social et environnemental) n'est pas toujours possible. Et je ne dis pas ça que parce que je t'aime bien. En fait je pense que consommer éthique n'est pas toujours possible.

DT : Hum. En tout cas, moi, ça me gosse de plus en plus ce genre de truc.

GC :On aimerait tous pouvoir consommer plus responsable, mais on n'a pas toujours la possibilité de le faire.

DT : Tu parles de prix?

GC :Non pas que. Lorsque tu as étudié toutes les possibilités, tu as trouvé une paire de souliers responsables ?

DT : Heu. Je dois t'avouer que mon magasinage était à d'autres niveaux. Mon wake-up call, dans ce cas précis, a eu lieu après...

GC :Ben oui c'est pas toujours possible parce que bien souvent l'offre n'existe pas. Bien sûr que quand on consomme, à un moment donné, on se pose des questions éthiques, mais la production elle, ne se la pose pas toujours si bien que même quand tu veux consommer éthique ou durable, parfois tu ne le peux pas. Tes nouvelles chaussures en sont un nouvel exemple.

DT : Dommage. C'est un héritage du 20e siècle qui me pèse. Je suis de ceux qui pensent que nous sommes dangereusement en retard à tous les niveaux. À la production comme à l'achat. Que notre petite planète en souffre, que, collectivement, nous en souffrirons si nous ne foutons rien et qu'il n'y a plus de raisons valables de ne pas changer les choses.

GC :C'est pour ça que les jeunes entrepreneurs et tous ceux qui ont des envies d'éthique doivent se lancer et créer leur propre marque qui élargira l'offre et te permettra d'acheter au final des chaussures « durables » par exemple. Mais en revanche si la solution « responsable » existe déjà alors il y a beaucoup d'autres choses qui rentrent en jeu. Mais cela diffère grandement selon les individus.

DT : La qualité, le prix, le design... Je sais.

GC :Et l'achat n'est pas forcément responsable parce que finalement le design nous importe plus que la manière dont les gens ont été payés pour la fabriquer. C'est mal d'un point de vue éthique, mais ce n'est pas forcément condamnable de mon point de vue.

DT : Condamnable, c'est un grand mot. Parfois oui, parfois non. C'est du cas par cas. Dans notre société, surtout notre société de consommation, personne ne peut vraiment lancer la première pierre, c'est bien vrai. Nous sommes tous dans le même bateau, sur la même galère. Difficile d'opérer un quelconque changement, de s'y retrouver vraiment et d'être réellement cohérent.

GC :Oui et ça me fait penser à 2 choses, d'abord les travaux du prix Nobel d'économie de 1998, Amartya Sen, qui disait que le marché était nécessaire, car son absence serait le déni d'une liberté fondamentale, l'échange de biens. On oublie trop souvent ça quand on parle de l'économie de marché. Je pense aussi aux écologistes qui disent au Chinois qu'ils ne doivent surtout pas acheter des voitures parce que s'ils en ont tous ils vont asphyxier la planète... De quel droit ? Nous, nous avons des voitures depuis très longtemps pourquoi eux n'y auraient pas le droit ? C'est pas très réaliste ce type de raisonnement.

DT : C'est vrai, je te l'accorde. Ceci dit, les écologistes ne sont pas tous des caves, loin de là. Il y en a qui opte pour le judo. Faire avec les mouvements de masse et travailler avec. Ici David Suzuki le fait admirablement avec, justement, la conduite automobile, la banlieue et les façons responsables d'utiliser le parc automobile. La WWF le fait aussi avec la pêche commerciale « éthique », et leur collaboration avec Loblaws, une grande chaîne d'épicerie au Canada. Mais je pense que ce n'est pas seulement l'affaire des écolos d'initier et d'opérer des changements dans nos façons de faire. Nous avons tous notre part à faire. Tu ne crois pas? Même si elle est infime...

GC :Oui, c'est bien vrai. Ça me parait totalement indispensable notamment pour nous, pays développés et riches. Il faut être conscients des enjeux. Pour revenir à tes chaussures, pour moi, ça passe par une responsabilité de consommateur. Acheter quelque chose est un pouvoir, c'est pas pour rien qu'on appelle ça le pouvoir d'achat.

Et à grand pouvoir, grandes responsabilités comme dirait Spiderman.

;-)

Tu vois ce que je veux dire ?

DT : Acheter et avoir une voix aussi. N'oublions pas l'impact des réseaux sociaux. C'est un nouveau pouvoir et une autre grande responsabilité qui nous incombe.

GC :Oui acheter c'est voter et dénoncer ou faire la promotion de telle ou telle bonne pratique c'est participer à notre démocratie. Je suis d'accord.

DT : Alors là, je sens qu'il y a soudainement de l'espoir. Si chacun... Un achat un vote... Bon là je te vois venir. Toi tu veux me parler de « NOTRE » métier c'est ça? De notre responsabilité à nous, publicitaire, de partir le bal ? Si nous avons participé (grandement !) à créer nos façons de consommer, il y a peut-être moyen de faire une différence ?

GC :;-)

Peut-être bien oui ! Gardons cela pour une prochaine partie !

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À surveiller dans notre prochain Ping Pong: «La responsabilité du publicitaire»

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