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Chronique d'une convergence avortée

Il est temps que le PQ retrouve le chemin de la combativité pour l'indépendance du Québec. C'est d'ailleurs sa seule raison d'être.
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La convergence vient de frapper un mur. Aurait-il pu en être autrement? Pour certains, la déception est terriblement grande. Je les comprends jusqu'à un certain point. Et pour d'autres, ce dénouement était fort prévisible. Est-ce les négociations qui n'ont pas abouti ou la conception même de cette convergence qui était vouée à l'échec dès ses balbutiements compte tenu des divergences idéologiques profondes qui caractérisent les deux principaux partis concernés, le PQ et QS?

Si tel était le cas, pourquoi avoir mis autant d'énergie à vendre du rêve à des militants sincères et dévoués des deux formations politiques? Et que penser de tout ce temps perdu? Était-ce réaliste dans le contexte politique qui est le nôtre, connaissant la nature même des deux principaux partis d'avoir misé sur une telle stratégie? Pour répondre à ces questions, il faut savoir décrypter le réel et être en mesure d'interpréter les signaux que QS n'a cessé d'envoyer à l'endroit du PQ sans que ce dernier n'en saisisse ni la mesure ni la portée. D'emblée, ce qu'on peut reprocher au PQ c'est d'avoir mal «cerné» l'ADN politique de son vis-à-vis solidaire. Comment?

Il faut être deux pour converger

J'ai eu le sentiment tout au long de cette chaine d'écueils que le PQ était le seul à avoir le souci d'aller vers son répondant. Oui, il a essayé péniblement de converger vers QS. Parfois, sans en mesurer les conséquences allant jusqu'à refuser, par exemple, de présenter un candidat dans Gouin espérant arracher la même faveur dans Rosemont. Mais en vain. Son vis-à-vis solidaire a continué de faire la moue redoublant même de véhémence à son égard. En réalité, son intransigeance n'a jamais fléchi. Résultat? Au fil du temps, le PQ s'est affadi, a dilué son identité politique et a fini par perdre pied.

On comprend du coup que dans cette histoire de convergence, Lisée jouait l'avenir de son parti et de son siège de député.

Les conséquences ne se sont pas fait attendre. Face à cette reconfiguration du paysage, la CAQ s'est frayé un chemin dans les sondages allant jusqu'à devancer le PQ. À Gouin, un boulevard s'est ouvert pour QS. On ne pourrait pas en dire autant pour Rosemont, la circonscription de Lisée, dont la majorité a fondu aux dernières élections... de 7346 voix. Aouch! Les risques de voir passer Rosemont au rouge sont réels depuis la dernière élection. On comprend du coup que dans cette histoire de convergence, Lisée jouait l'avenir de son parti et de son siège de député. Le chemin des victoires, je ne le vois pas poindre à l'horizon. Bien entendu, les ténors péquistes de la convergence vont chercher à diminuer ce camouflet attribuant cet échec à QS. «On l'aura au moins essayé et ça n'a pas marché», avancent-ils. Je crains que ce type d'argument ne soit pas valable en politique. Car le compte à rebours a commencé. 2018, c'est demain!

Simple rappel. Pour négocier, il faut être deux et s'entendre sur un minima. Visiblement, les fondamentaux de la négociation n'ont pas été respectés. Pourquoi?

Débarquer les libéraux

Pour le PQ, l'enjeu minimal consiste à défaire le gouvernement libéral. Il n'a pas tort. Le niveau de mécontentement à l'égard de ce gouvernement atteint des sommets. Il est donc tout à fait louable d'offrir aux Québécois une alternative différente. D'autant plus que le PLQ est le champion du démantèlement de l'État, de la destruction du modèle québécois, de l'appauvrissement de nos couches populaires et moyennes, du mépris du français et des symboles de notre histoire nationale.

Renoncer à célébrer les Patriotes en est une bonne illustration. Vous avez certainement aperçu cette image de Philippe Couillard posant avec le drapeau canadien à Ramallah en face de son homologue palestinien. Quelle indignité! Comme si nous n'avions pas de drapeau pour nous représenter. Comme si le Québec ne pouvait envisager une visite diplomatique sans la tutelle du Canada. Jamais un gouvernement n'a placé le Québec sous domination de cette façon-là. Bref, il y aurait mille et une raisons de vouloir en découdre avec le PLQ empêtré dans la corruption jusqu'au cou. Mais encore?

Détruire le PQ pour remplacer le PLQ

Les solidaires ont une tout autre lecture de la situation. Débarquer les libéraux n'est pas leur souci premier. Leur objectif immédiat est de précipiter la chute du PQ pour se poser en alternative au PLQ. D'ailleurs, ils considèrent que leur parti est LE parti naturel du remplacement du parti au pouvoir. Aux prochaines élections, ces deux-là vont se disputer la même «clientèle racisée». «On est nous, capables, par notre cohérence, par notre constance, capable de s'adresser aux gens racisés, aux gens de l'immigration, et dans sens-là, ce sont des votes libéraux. Allez voir les chauffeurs de taxi de ce temps-là pour savoir pour qui ils pensent voter aux prochaines élections», a expliqué Mme Massé en point de presse. (...) Mme Massé compare la situation de QS à celle du Nouveau Parti démocratique albertain, qui a été porté au pouvoir en 2015 après avoir été longtemps dans l'opposition.»

Bingo! Peu importe si le courtermismse des solidaires mènera à une reconduction au pouvoir des libéraux en 2018 avec ses conséquences dramatiques pour notre État et notre nation. Nombrilistes jusqu'au bout des ongles, les solidaires ne se rendent pas compte que chaque jour où les libéraux sont au pouvoir représente un grave recul pour le Québec. Qu'importe! La maturité politique n'est pas de mise chez les ténors de QS. Leur stratégie en deux étapes consiste à précipiter la chute du PQ pour remplacer le PLQ.

La percée des islamo-gauchistes

Cette destruction passe immanquablement par la diabolisation du PQ. L'aile islamo-gauchiste de QS menée par la militante pro-voile Dalila Awada clame ouvertement que le PQ est un parti raciste et xénophobe. Bis repetita ! Celle qui pratique la taqiya (l'art de la dissimulation cher aux Frères musulmans) pour se faire TOUJOURS passer pour une «simple étudiante en sociologie» alors qu'elle fraye dans les milieux islamistes depuis belle lurette en mène large à QS. Nous en avons eu la preuve encore une fois en fin de semaine. Pour cette branche des solidaires, le PQ est le diable en personne.

Remarquez que cette posture n'est pas nouvelle. Rappelez-vous de la lettre grotesque de Benoit Renaud, secrétaire général de QS, publiée dans Le Devoir du 6 janvier 2010 sur le port des signes religieux dans la fonction publique. Ce dernier écrivait: «Je considère que le congrès de QS a fait preuve d'un grand courage politique et a osé aller à contre-courant en ce qui concerne la xénophobie ambiante dont les fanatiques de la laïcité constituent la branche "progressiste"». La contribution interne de Renaud lors du congrès tenu par son parti en 2009 accusait de racisme ceux qui s'opposaient au port du voile islamique dans la fonction publique. Voilà qui est clair. Cette thèse a donc fait du chemin depuis. Elle est reprise sans complexe par «la simple étudiante» voilée. Pour QS, il est clairement plus rassurant de vivre avec le fantasme de la «xénophobie ambiante» que de dénoncer les ravages de l'islam politique, menace planétaire qui assassine des enfants aux quatre coins de la planète. L'abandon de QS des valeurs universelles de l'égalité et de la laïcité, son mépris pour notre culture, sa culpabilisation à outrance de la majorité francophone ont été autant de concession faite à sa branche la plus radicale et dogmatique. Clientélisme oblige. Certains de ses militants ont fini par claquer la porte du parti. Michèle Sirois, membre fondatrice du QS, était du nombre. Elle a quitté en 2009. J'ai consacré une bonne partie de mon livre Les soldats d'Allah à l'assaut de l'Occident (VLB, 2011) à décrypter la stratégie d'entrisme des islamistes à QS et à la FFQ depuis 2009. C'est donc en connaissance de cause que j'analyse la percée politique des islamo-gauchistes au sein de la gauche.

Le chemin de la combativité pour l'indépendance du Québec

Dans les circonstances actuelles, vu le terrible blocage dans lequel nous nous trouvons, on ne peut reprocher au PQ la politique de la main tendue. Par ailleurs, on peut s'étonner de son amateurisme dans la conduite de ce processus. Il a été incapable de décoder le logiciel politique de son vis-à-vis solidaire. En acceptant de s'assoir à la même table que des solidaires qui les traitaient de racistes et de xénophobes, les péquistes ont fait preuve de jovialisme. Il n'y a donc aucune fierté à tirer de cette expérience. Bien au contraire, un sérieux examen de conscience s'impose. En politique, le combat des idées et la défense des idéaux déterminent la marche de l'histoire. Il est temps que le PQ retrouve le chemin de la combativité pour l'indépendance du Québec. C'est d'ailleurs sa seule raison d'être.

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