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Environnement: redonner le pouvoir aux gens, un terme à la fois

Le sujet de l’environnement a dérivé vers une terminologie qui sert moins bien la cause. Il s’agit d’une erreur, qui éloigne le sujet des gens.
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Au Québec, un des bons coups environnementaux fut réalisé par l’entremise du milieu scolaire.
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Au Québec, un des bons coups environnementaux fut réalisé par l’entremise du milieu scolaire.

On a beau dire, l'environnement est non seulement un sujet «à la mode», mais une priorité si nous tenons à maintenir un habitat convenable, tant pour l'humain que pour toutes les espèces animales et végétales. Il est clair que lorsque nous regardons les décisions prises par les divers gouvernements, les gens ne savent plus à qui s'en remettre quant à la question environnementale, et avec raison.

Le présent texte ne se veut pas une anthologie de tous les articles des dernières années, je risque de manquer de pages. Ce ne sera pas non plus une critique des décisions gouvernementales, il y en a déjà amplement.

Nous posons mal les problèmes pour les résoudre

Depuis un moment et à force de tourner le sujet de tous les côtés, j'en arrive toujours à la même conclusion. D'une part, nous posons mal les problèmes pour les résoudre, puisqu'il semble que nous ne résolvons que superficiellement la situation. D'autre part, je crois qu'il y a là un élément sur lequel nous pouvons agir rapidement. Le sujet de l'environnement a dérivé vers une terminologie qui sert moins bien la cause. Il s'agit d'une erreur, en quelque sorte, qui éloigne le sujet des gens, en raison d'une «mauvaise» utilisation de termes.

L'humain est capable du meilleur et du pire à la fois... je ne suis pas le premier à l'écrire. Au cours des années '70 et '80, un mouvement concernant l'environnement a émergé progressivement. Le sujet ne s'articulait pas comme aujourd'hui et les observations n'étaient pas aussi étendues que maintenant. Les données environnementales étaient limitées face aux impacts de nos activités sur notre planète. Par contre, nous avions le sentiment que ça n'allait pas et que notre pollution pourrait faire du tort à long terme. Ainsi, le mot «pollution» fit peu à peu son entrée dans notre société.

Au Québec, un des bons coups environnementaux fut réalisé par l'entremise du milieu scolaire.

Non seulement nous parlions de pollution avec les enfants, mais nous lancions le concept du recyclage. Dans toutes les classes, nous avons conditionné les enfants à trier pour le recyclage du papier et de carton. Il était envisagé que les enfants sensibiliseraient leur milieu familial. Cette initiative a été, et est encore, un succès.

Le principe était simple. La conscientisation face à la pollution se traduisait dans un geste banal, mais gratifié, de recyclage des matières. Ainsi, chaque personne savait qu'il pouvait agir sur la pollution en triant ses matières pour qu'elles soient recyclées. N'est-ce pas merveilleux?!

Mais voilà, la pollution a gagné du terrain sur différents fronts, en bonne partie en raison de la surconsommation. Même la revalorisation des matières recyclables a éprouvé et éprouve encore des difficultés, car l'extraction des matières «neuves» coûte moins cher que de recycler. Heureusement, il y a quand même toujours une volonté à valoriser le plus de matières recyclables possible, mais c'est encore trop peu.

Lorsque la détérioration de l'environnement s'est accélérée, cela a fait surgir un concept plus grand, plus «puissant». Nous nous sommes mis à parler de «changements climatiques»...

Bien sûr, nous en convenons maintenant tous, ou presque, et le disons: nous faisons face à des changements climatiques. Le problème, c'est qu'au lieu de se rapprocher des gens, l'expression «changements climatiques» a éloigné la problématique des gens. La principale raison est que le concept est devenu trop grand et trop abstrait, le rendant inaccessible pour la moyenne du monde. Devant un tel concept, le commun des mortels se sent impuissant et ça confère une impression de quelque chose d'inatteignable.

Un autre exemple d'une cible en partie manquée est celle de la sensibilisation à la consommation d'essence des véhicules. Le premier jet fut de démontrer la consommation des voitures pour conscientiser la masse sur son impact environnemental. Jusque-là, ça va.

Pour pousser plus loin le concept de compréhension de cet impact, une nouvelle donnée a été introduite: l'émission de dioxyde de carbone (CO2) en grammes par kilomètre. Encore une fois, tout comme le terme «changements climatiques», l'objectif est louable puisqu'il permet à quiconque de calculer son empreinte environnementale et de prendre des mesures pour diminuer ou pallier à ses émissions de CO2 avec son véhicule. Mais quelle est la réalité? Bien peu font le calcul.

Nous aurions beaucoup à gagner en ramenant les concepts à une échelle humaine et accessible pour tout un chacun.

Alors que je regarde l'urgence d'agir en matière d'environnement, que je constate lesdits changements climatiques, que je vois l'environnement se dégrader, que je perçois les inquiétudes des gens, je me dis que nous aurions beaucoup à gagner en ramenant les concepts à une échelle humaine et accessible pour tout un chacun. Oui, des messages sont actuellement véhiculés sur les petits gestes à poser dans le quotidien, mais cela se retrouve aspiré dans l'expression plus vaste des «changements climatiques», conférant aux actions accessibles à chacun, un rôle perçu de moindre importance ou de peu d'influence sur les résultats escomptés.

Je suis d'accord que nous devons maintenir le discours autour des changements climatiques. Ma seule critique est strictement sur les concepts utilisés. À la lumière de ce que j'entends et observe, je suggère que nous recommencions à parler simplement de pollution, je demande de ramener les concepts à l'échelle des gens. Servons-nous des canaux éducatifs comme nous l'avons fait avec le recyclage.

C'est comme ça que nous pourrons faire la différence sur cet enjeu qui nous concerne tous, car en le ramenant à une échelle «accessible», cela pourra se traduire par des gestes concrets. Ramenons les termes qui donnent aux gens un réel pouvoir de changer le monde.

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