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Je regrette de n’avoir pas pu recourir à un «avortement tardif» au lieu de donner naissance à ma fille

J’ai été violée à 17 ans. À mes 18 ans, ma fille naissait. Et elle est morte quand j’en avais 19.
Dina Zirlott and her daughter, Zoe, in 2007.
Courtesy of Dina Zirlott
Dina Zirlott and her daughter, Zoe, in 2007.

Avertissement: certains détails de ce témoignage sont susceptibles de choquer le lecteur.

J'ai oublié la teinte du ciel à mon réveil, le jour de mon viol — tout comme ma manière d'occuper les heures qui ont précédé l'agression. Quand j'y pense, c'est en termes d'Avant et d'Après, et je me trouve suspendue entre les deux.

Je me souviens plutôt de ça: un garçon de l'école secondaire, que je prenais pour un ami. Je l'avais invité à venir voir un film à la maison. Sa main est remontée le long de ma jambe. Quand je lui ai demandé d'arrêter, il s'est contenté de répondre "Je n'en ai pas envie". J'ai cru qu'en me levant, je pourrais atténuer cette tension; il ne pouvait certainement pas me suivre, pas dans ma propre maison. Je suis donc allée chercher de l'eau dans la cuisine.

Je me souviens de ça: Lui me coinçant par-derrière entre son corps et le plan de travail, me coupant le souffle. Sa main sur ma bouche, puis autour de mon cou. Un bruit de couture déchirée, le frottement du rebord contre mon ventre, mes mains qui glissaient sur le granit. Le temps qui semblait s'étirer, dans les deux directions. Je me suis débattue, luttant pour me dégager, et un son misérable s'est échappé de ma gorge lorsque ses doigts se sont resserrés jusqu'à me laisser au bord de l'évanouissement. J'ai cessé toute résistance. Je suis devenue inerte, à l'exception d'un moment déchirant. J'étais comme sortie de moi-même, m'observant de l'extérieur — mon corps était là, penché en avant, et ce qui lui arrivait se passait sans moi.

J'ai oublié son départ de chez moi. Je me rappelle vaguement m'être agenouillée pour nettoyer des taches de sang sur le carrelage blanc de la cuisine. Mon esprit fonctionnait dans un état second, détaché de toute conscience. Pas un instant je n'ai pensé à mettre de côté mes vêtements, à aller réveiller ma mère, appeler la police, ni rechercher la moindre assistance. J'étais incapable d'appréhender ce qui venait de se passer. Je me suis mise au lit et j'ai tenté de m'entourer de mes bras, mais je ne supportais pas le moindre contact — pas même celui de mes propres mains. Je me suis demandé si je serais capable d'aller me noyer dans notre piscine. Je me suis imaginé me laisser couler, fixer la surface du fond de l'eau, ouvrir la bouche.

J'étais une élève modèle, l'une des pom-pom girls de l'équipe de l'école secondaire, et je chantais aussi dans la chorale. J'étais une fille de première comme tant d'autres, soucieuse de réussir ses examens pour être admise à l'université. Je m'étais fixé des objectifs, un vaste éventail d'opportunités à aborder et découvrir. Dans les trois mois suivant le viol, mes notes ont chuté. J'ai quitté l'équipe des pom-pom girls. J'ai commencé à être malade et à manquer les cours. J'ai perdu du poids. En proie à de fortes envies suicidaires, j'étais arrivée au stade du projet.

L'auteure s'efforçant de nourrir Zoe lors de sa première nuit à la maison.
Courtoisie Dina Zirlott
L'auteure s'efforçant de nourrir Zoe lors de sa première nuit à la maison.

C'est pendant la phase d'Après, au bout de presque huit mois, que ma mère a découvert un livre sur comment se remettre d'un viol, enveloppé dans un journal et caché sous mon lit. En larmes, elle s'est excusée, revisitant a posteriori tous les signes d'alerte que j'avais manifestés au fil de cette période. Sa culpabilité, son inquiétude m'entouraient comme d'étouffants tentacules. Je ne voulais pas recevoir d'amour à l'époque. Mon corps était une chose répugnante.

Alors même que je n'aurais jamais cru que les choses puissent encore empirer, que je puisse encore tomber plus bas, ma mère m'a emmenée chez son gynécologue pour un test de grossesse et de dépistage des IST. Seul le premier s'est révélé positif. Pendant les mois qui avaient suivi mon viol, je m'étais trouvée dans un tel état d'instabilité mentale que mon esprit était comme arraché de mon corps, au point qu'il ne m'était jamais venu à l'idée que mes nausées puissent avoir une cause précise. J'étais frêle, mon ventre à peine arrondi. J'avais toujours eu des règles irrégulières, en pointillés. J'étais une terre empoisonnée — comment supposer que quelque chose y prenne racine?

L'infirmière a détaché son regard de moi, levant les yeux au ciel. Elle a coché une case dans mon dossier. "Vous connaissez l'identité du père?" Sa voix était sans expression.

"J'ai été violée", ai-je répondu, regardant le stylo se figer entre ses doigts.

Ma mère m'a accompagnée pour l'échographie. J'avais tellement peur de lever les yeux vers l'écran pour me trouver confrontée à cette preuve irréfutable.

"Vous voulez connaître le sexe?" m'a demandé la technologue. J'ai dû répondre oui, car elle a poursuivi en me tapotant le bras: "C'est une fille."

Tout de suite après, elle s'est complètement tue. Tandis qu'elle prenait des mesures de la tête, son regard s'est comme voilé. Elle m'a nettoyé le ventre, puis nous a demandé de la suivre dans une salle de conférence. À mes côtés, ma mère s'agitait nerveusement. Moi, je ne pouvais que fixer la chaise qui me faisait face. Je crois qu'à cet instant, nous savions toutes les deux qu'une chose terrible était sur le point d'arriver.

Le docteur nous a rejointes, disposant sur la table les images de l'échographie. Elle nous a désigné un espace sombre, où aurait dû se trouver le gris des tissus cérébraux. Elle qualifiait cela d'hydranencéphalie: une anomalie congénitale survenant lorsque l'un des hémisphères du cerveau ne se développe pas normalement, se remplissant seulement de liquide cérébro-spinal. Son tronc cérébral étant intact, le fœtus avait poursuivi sa croissance, mais il naîtrait sourd et aveugle, atteint d'un déficit cognitif très sévère et particulièrement exposé aux crises d'épilepsie, au diabète insipide, à l'insomnie, à l'hypothermie et j'en passe. La liste des maux atroces qu'il allait subir était phénoménale.

"Cette maladie n'est pas compatible avec la vie", a déclaré la praticienne, de ce type de ton neutre qu'on entend chez les spectateurs d'une catastrophe.

Ma mère a demandé quelles options s'offraient à nous, mais étant enceinte de huit mois, j'allais devoir mener cette grossesse à terme.

Une existence brève et faite de souffrance. J'ai songé que c'était ma faute, que c'était moi qui lui avais infligé cela. Personne ne put me convaincre du contraire. Ma situation exceptionnelle me rendait à la fois victime et agresseuse, sans avoir eu le choix dans un cas comme dans l'autre.

Ma mère a demandé quelles options s'offraient à nous, mais étant enceinte de huit mois, j'allais devoir mener cette grossesse à terme. À l'époque, l'Alabama autorisait l'avortement "jusqu'au seuil de viabilité du fœtus, soit généralement entre 24 et 26 semaines de grossesse". Pour moi, il était déjà trop tard. Même si j'avais pu changer d'État dans l'espoir de recourir à un "avortement tardif", le temps, les contraintes administratives et financières et les enjeux politiques auraient joué contre moi.

"J'aimerais pouvoir en faire davantage", m'a-t-elle dit. "Je sais à quel point tout cela doit vous paraître injuste."

Les mots qui me venaient à l'esprit étaient "cruel" et "inhumain". J'avais déjà enduré un premier traumatisme. N'était-ce pas suffisant? J'étais si fragile, suspendue à la vie par un fil, aspirant désespérément à un semblant de normalité — et voilà qu'on me prenait encore quelque chose, au sens le plus viscéral du terme.

J'ai quitté l'école secondaire pendant la deuxième semaine de mon année de terminale. Il m'arrivait parfois d'apercevoir mon violeur dans les couloirs bondés — il me semblait le voir partout, même quand il n'était pas vraiment là. Ma mère et mon beau-père m'ont demandé si je souhaitais porter plainte, mais il m'était inimaginable de me confronter au souvenir de cette nuit devant une assemblée d'inconnus. Je n'en avais pas la force, et voir l'événement disséqué au tribunal aurait eu raison de moi. La masse de honte, de dépression, d'anxiété, de colère et de douleur brûlante qui avait commencé à s'agréger au cœur de mon être m'empêchait quasiment de fonctionner normalement.

Ma fille est née le 27 octobre 2005. Je l'ai baptisée Zoe Lily. Au début, je n'ai pas voulu la toucher, persuadée de lui causer encore plus de douleur. J'avais peur qu'elle meure dans mes bras, peur de ressentir en la regardant le même dégoût que je m'inspirais moi-même. On l'a emmenée. Le neurologue est venu nous demander comment nous souhaitions gérer la suite. Il voulait savoir si nous voulions l'intuber, le réflexe de succion étant absent chez elle, et quelles autres mesures prendre pour sa survie. Son tronc cérébral permettait d'assurer ses fonctions physiologiques les plus basiques, mais cela s'arrêtait là. Ce serait un acte de bienveillance que de la laisser partir en paix en lui assurant un maximum de confort, a-t-il expliqué.

Je me rappelle m'être recroquevillée sur moi-même dans la maternité, paralysée par l'indécision du haut de mes 18 ans, mon traumatisme et les images de l'agression me revenant en plein visage. Ma montée de lait est arrivée, à ma grande fureur — c'était comme une plaisanterie cruelle. Je ne pouvais imaginer alors comment tout cela évoluerait dans l'année qui allait suivre, comment je pourrais chérir autant cette enfant, tout en regrettant qu'elle soit née.

Zoe à Noël, avant notre admission à l'hôpital.
Courtoisie Dina Zirlott
Zoe à Noël, avant notre admission à l'hôpital.

Nous avons ramené Zoe à la maison. Nous savions pertinemment qu'elle allait y mourir. Pendant un an, ma famille lui a donné son amour.

Nous avons trouvé la méthode pour la nourrir au biberon, glissant un doigt sous son menton et poussant doucement jusqu'à ce qu'elle morde la tétine. Il lui fallait deux heures pour finir son lait. Nous avons passé d'innombrables nuits d'insomnie à la porter, son organisme étant incapable de métaboliser les hormones régulant le sommeil. Elle était prise de crises d'épilepsie tonique, ses grands yeux bleus révulsés roulant vers le côté. Couchée près de moi, elle se figeait et je la prenais dans mes bras, fourrant mon nez dans ses cheveux, m'efforçant de graver sa douce odeur dans ma mémoire. Parfois, j'espérais qu'elle reste immobile, que son cœur cesse de battre et qu'elle soit délivrée de ses souffrances. Je priais pour que cela arrive, autant que je le redoutais.

Au cœur d'un été de l'Alabama, nous l'enveloppions de couvertures chauffantes électriques, car son corps ne pouvait réguler sa température. Toutes les principales fêtes de cette année, nous les avons passées à l'hôpital. À Thanksgiving, ses lèvres devenaient bleues et elle a cessé de manger du fait d'une infection des reins. Les antibiotiques ont bien failli la tuer.

À Noël, nous l'avons regardée se faire cribler d'injections intraveineuses jusqu'à ce que ses vaisseaux sanguins éclatent un par un. Elle a été mise sous Zantac, antidiurétiques, Synthroid, Klonopin, lorazepam, mélatonine, Miralax. On lui a diagnostiqué un diabète insipide. Nous avons pendu une chaussette rouge au pied de son lit d'hôpital, écoutant en guise de cloches la mélodie de son moniteur cardiaque.

Entre-temps, j'ai entamé des études supérieures à l'université locale. Je suivais mes cours par intermittence tout en menant Zoe à ses rendez-vous médicaux, alternant avec ma mère pour permettre à celle-ci d'aller au travail. J'ai choisi une formation d'infirmière, qui semblait l'option la plus évidente au vu de la situation. Je m'y suis fait un ami qui, deux ans plus tard, deviendrait mon mari. Ma vie était prise dans une spirale, mais j'avais le sentiment d'y exercer un contrôle ténu.

À Pâques, nous étions de retour à l'hôpital pour une infection urinaire accompagnée de protéinurie et d'une fièvre incontrôlable. Le pédiatre nous a dit de nous préparer: cela semblait être la fin. On nous a renvoyés chez nous lorsque l'état de Zoe a été considéré comme stable.

Contrairement au jour de l'agression, j'ai de la mort de ma fille un souvenir d'une affreuse clarté.

S'il m'avait été possible d'opter pour un "avortement tardif", l'aurais-je fait? Oui, mille fois oui. Ç'aurait été un acte de bienveillance. La si courte existence de Zoe n'aurait pas été marquée d'une telle souffrance. Et peut-être aurais-je pu être épargnée, moi aussi.

Toute la nuit, elle avait enchaîné les crises d'épilepsie. Ce n'était pas inhabituel, mais ma mère et moi avons décidé d'un commun accord de l'emmener aux urgences dès le lever du jour pour commencer un bilan médical. Je me suis préparée, mais ma mère m'a dit d'attendre la fin de mon premier cours, prévu à 8 heures. Mes examens de mi-trimestre avaient lieu cette semaine, et nous pensions toutes les deux que je devais éviter d'être absente, surtout vu que j'aurais probablement déjà fini le temps qu'elles reviennent dans la zone d'accueil et de tri. Je pourrais toujours les rejoindre plus tard. J'ai embrassé Zoe sur la joue.

J'étais au beau milieu d'un email expliquant à mon professeur d'anglais qu'une urgence familiale m'empêcherait d'assister au cours prévu le soir. Ma mère ne répondait pas au téléphone, et je me souviens clairement d'avoir pensé "C'est peut-être le moment". Une part de moi en a ressenti un terrible soulagement.

Même quand on s'y attend, rien ne peut vous préparer à la perte d'un enfant. Mon meilleur ami a passé la porte de la demeure familiale. "Il faut qu'on aille à l'hôpital. Zoe vient de mourir." Je me suis écroulée par terre. Cela semblait être la seule chose à faire. Je suis restée là à sangloter, et à l'image du jour de mon agression, j'étais comme sortie de mon corps. Je me suis fixée sur un papillon de nuit mort, collé à un rebord de fenêtre. Le soleil me grillait à travers la vitre.

Son cœur avait cessé de battre. Elle était morte dans les bras de mon beau-père. Sa vie terminée, je me suis trouvée incapable de la regarder. Moi aussi, je me faisais l'effet d'une coquille vide.

À la maison, nous avons placé toutes ses affaires à l'abri des regards. Son pyjama entre les mains, j'ai connu un tel sentiment de vide. Je ne désirais qu'enfiler une nouvelle fois des chaussettes sur ses petits pieds, embrasser ses mains. Nous l'avons enterrée dans les couvertures qu'on ne pouvait jamais lui retirer. Je voulais me coucher auprès d'elle. Je voulais que tout cela se termine. Comment étais-je censée continuer? On aurait dit qu'un trou noir était apparu au cœur de moi-même, aspirant et déchiquetant tout ce que j'avais eu autrefois de tendre et de bon, jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien de la personne que j'avais été... Plus rien du tout.

Aujourd'hui encore, cette peine est écrasante, et n'a pas besoin de dents ni de mâchoires pour me dévorer tout entière. Pendant les 12 années passées depuis sa mort, elle m'a renversée à de nombreuses reprises. Je suis réduite en morceaux. Une part de moi est encore là-bas, essuyant du sang sur un carrelage blanc. Je suis un papillon de nuit mort sur un rebord de fenêtre. Je suis enterrée sous une énorme masse de terre. Et je suis là, dans ces mots. Je suis l'immensité.

J'ai aujourd'hui trois filles, et les aime avec une férocité qui va parfois jusqu'à m'étouffer. Mais je mentirais en prétendant que je ne pleure pas aussi ce qui m'a été ôté. Je pleure la personne que j'aurais pu devenir si je n'avais pas été, si jeune, une victime et une mère, confrontée à des événements inimaginables, marquée de traumatismes additionnés. Cette adolescente, elle aussi, ne méritait-elle pas la pitié? Sa vie n'était-elle pas tout aussi importante?

Les choses n'auraient pas dû se dérouler ainsi.

S'il m'avait été possible d'opter pour un "avortement tardif", l'aurais-je fait?

Oui, mille fois oui. Ç'aurait été un acte de bienveillance. La si courte existence de Zoe n'aurait pas été marquée d'une telle souffrance. Son cœur aurait pu être arrêté alors qu'elle était encore bien au chaud et en sécurité en moi, lui épargnant tout ce qui a suivi.

Et peut-être aurais-je pu être épargnée, moi aussi.

Dina Zirlott en 2018 avec son mari Lance et leurs filles Aine (7 ans), Ariadne (5 ans) et Asher (3 ans).
Courtoisie Dina Zirlott
Dina Zirlott en 2018 avec son mari Lance et leurs filles Aine (7 ans), Ariadne (5 ans) et Asher (3 ans).

J'ai vu des femmes se faire entendre dans le cadre du mouvement Me Too. J'ai lu les attaques au vitriol envers des victimes d'agressions sexuelles, des femmes ayant pris la déchirante décision de se faire avorter. Aujourd'hui, je vois nos corps continuer d'être réduits au rang de marchandises ou exploités au nom d'idées politiques marquées par l'ignorance. Porter un jugement sans connaître le contexte, c'est la pire des lâchetés. Je vous invite à vous asseoir en face de moi, à m'écouter raconter cette histoire avec mes propres mots, jusqu'au plus atroce détail, puis à me dire en face ce que j'aurais dû faire ou ce que je devrais ressentir. Dites-moi donc que vous connaissez ma peine mieux que je ne la connais moi-même. Dites-moi donc qu'elle n'a pas d'importance.

Pourquoi est-ce que j'écris ceci? Vous pensez sans doute que je cherche à attirer l'attention? D'une certaine manière, oui, je crois que c'est vrai. Après 12 années à ravaler tous ces secrets, peut-être suis-je devenue lasse. C'est tellement épuisant à la longue — toutes ces capitulations, cette hémorragie silencieuse que j'ai subie.

Pourquoi devrais-je continuer à me résigner à ce mutisme, alors que mes mots pourraient en faire bien plus que mes mains ne l'ont jamais pu?

Regardez cette photo de moi avec ma fille, et dites-moi que vous en savez plus que moi.

Écoutez-moi quand je vous parle. Je suis un être humain, pas une enveloppe passive, et je m'exprime au nom de mon bébé, que je n'ai jamais entendu pleurer. Au nom de cette fille de 17 ans, pliée en deux contre un plan de travail. Au nom de cette femme étrange que je suis devenue. Et je m'adresse à toutes ces femmes qui me ressemblent, qui sont venues avant et viendront après moi, qui ont été ou seront dans la même position... ou peut-être votre histoire est-elle tout à fait différente, et puissante en tant que telle.

Ces corps, ces vies sont les nôtres, et les circonstances qui nous imposent des décisions si lourdes dépendent si rarement de notre volonté — mais ces choix nous appartiennent. Nous ne devrions pas avoir à solliciter la permission de définir de ce qui vaut le mieux pour nous et nos enfants, même ceux qui ne viendront peut-être jamais au monde... et qui, peut-être, ne le devraient pas.

Ce blogue, publié sur le HuffPost américain, a été traduit par Guillemette Allard-Bares pour Fast ForWord.

La section des blogues propose des textes personnels qui reflètent l'opinion de leurs auteurs et pas nécessairement celle du HuffPost Québec.

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