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Le fascisme à l'ordre du jour

Depuis le coup d'État turc du 15 juillet, l'islamo-fasciste Erdoğan s'adonne à un pogrom sans précédent contre sa propre population, alors que les dirigeants occidentaux continuent à applaudir sa victoire, selon eux, sur le fascisme.
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Pendant plus de deux siècles, nous fûmes habitués à employer le vocabulaire issu de la Révolution française pour désigner les tendances politiques, selon la position de leurs sièges dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale, que ce soit au sein des parlements européens, mais également dans l'activité politique de nos sociétés: extrême gauche, gauche, centre gauche, centre droit, droite, extrême droite.

La prise du pouvoir des idéologies révolutionnaires au 20e siècle en Europe changea la donne. Communisme et fascisme voulurent se définir au-delà du schéma parlementaire, par rapport au libéralisme et au réformisme.

La chute du fascisme en 1945 ne marqua pas la fin de cette idéologie. L'illusion d'une fin sans retour provenait de sa survie folklorique, avec emploi de ses emblèmes parmi des groupuscules de jeunes. Sa migration dans le tiers-monde passa inaperçue. Pourtant, dès 1923, le chef suprême d'un nouveau pays du tiers-monde qui s'acharnait à devenir européen, la Turquie, imposa une constitution à six principes fondamentaux et monopartisme, d'inspiration nettement fasciste. La mort du lider maximo Mustafa Kemal Atatürk en 1938, suivie de la collaboration idéologique pendant la Seconde Guerre mondiale - tout en restant neutre - du parti unique d'Atatürk avec le nazisme (son journal officiel, le Cumhuriyet, défendant des positions national-socialistes), grâce au virage à la toute fin de la guerre de son successeur Inönü, qui fut accepté dans le camp des démocraties triomphantes, cacha le fait que le fascisme allait émigrer masqué dans le tiers-monde revanchard.

Néanmoins, ce fascisme laïc - qui, après la chute du camp communiste, fut coupé de sa possibilité de jouer un camp idéologique contre l'autre - couplé au revanchisme croissant de ses peuples libérés du colonialisme déversa sur l'Occident sa haine contre le maître d'hier, en s'appuyant, cette fois, sur l'islam politisé. Ainsi naquit l'islamo-fascisme.

«L'islamo-fasciste Erdoğan s'adonne à un pogrom sans précédent.»

La Turquie, après une période de pseudo-libéralisme entre 1950 et 2002, néanmoins truffée de nombreux coups d'État, passa à partir de la prise de pouvoir d'Erdoğan dans la sphère de l'islamo-fascisme. Les gouvernements d'Occident, jusqu'en 2013, voulurent croire aux analyses erronées de leurs universitaires qui continuèrent à présenter comme démocratique le régime d'Ankara, de la même façon qu'ils présentaient dans le passé les régimes tiers-mondistes laïcs comme progressistes et socialistes.

Jusqu'à la chute du communisme, en 1989, toute l'attention des universitaires occidentaux était portée sur le phénomène de l'idéologie communiste. Quantité de revues bourrées d'analyses savantes décortiquaient ce phénomène, alors que pratiquement rien de sérieux n'apparaissait sur le fascisme, confondu avec l'extrême droite ou avec Hitler et Mussolini.

Dans un article paru dans le Financial Times du 2 février 1990, Martin Wolf écrivait avec humour: «Fascism Today est devenu l'un des hebdomadaires à la mode pour intellectuels de la fin des années 1980. Son directeur y remarque que les valeurs essentielles du fascisme consistent dans la supériorité de l'esprit de coopération sur l'esprit de compétition et dans la défense d'une communauté nationale ordonnée sur l'individualisme anarchique. Le nazisme y est totalement condamné, en tant que distorsion satanique de ces valeurs. D'après les révisionnistes fascistes, les deux partis britanniques principaux ont incorporé un certain nombre de valeurs fascistes. Par exemple, Mme Thatcher est félicitée pour sa défense résolue des intérêts nationaux, pour son autoritarisme et son hostilité aux comportements sexuels déviants. Par contre, elle est critiquée pour l'appui qu'elle accorde aux notions, socialement corrosives, d'individualisme économique et de libre entreprise». Bien entendu, pareil hebdomadaire n'existait pas.

Alors que le vocable «communiste» était rarement utilisé comme une insulte, sauf parfois dans le vocabulaire américain de «commie», le vocable «fasciste» est encore aujourd'hui systématiquement utilisé négativement comme signifiant brutalité pure et simple. Pourtant, ces mêmes intellectuels continuent à enseigner que Marx avait justifié la violence comme l'accoucheuse de l'Histoire, sans y trouver de quoi s'émouvoir.

Depuis le coup d'État turc du 15 juillet 2016, l'islamo-fasciste Erdoğan s'adonne à un pogrom sans précédent contre sa propre population, ses enseignants, ses journalistes et son armée, alors que les dirigeants occidentaux continuent à applaudir sa victoire, selon eux, sur le fascisme en faveur du rétablissement de la démocratie.

Alors que l'Europe connaît une invasion sans précédent de ses anciens colonisés, fulminant de haine et portant la vengeance sur les ailes de l'islamo-fascisme, avec pour contrecoup la remontée fulgurante du fascisme européen, traité pudiquement par nos intellectuels de méta-fascisme, cette Europe, au nom des droits de la personne qu'elle a pourtant systématiquement piétinés dans ses invasions du tiers-monde, continue à refuser d'élever des barrières sécuritaires contre cette invasion.

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