Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Bienvenue à Rio, la ville de rêve qui n'existe que sur les cartes postales

Les touristes risquent de subir un choc en en découvrant le vrai visage de Rio des enfers. Car il s'agit bien de la bouche de l'enfer.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Il y a les plages. La samba. Tant de beauté naturelle. Et aussi les superbactéries. Les vols à main armée. L'état d'urgence financière. À quelques jours du début des Jeux olympiques, Rio est toujours belle et... terriblement bordélique.

Entre la lutte contre la faillite économique et le traitement des derniers gros dossiers relatifs aux Jeux qui approchent à grands pas, la municipalité rencontre d'énormes problèmes de gestion. C'est l'héritage tenace de la (non) gouvernance du Parti du mouvement démocratique brésilien - emmené par le président par intérim, Michel Temer -, au pouvoir depuis près d'une décennie. Mais aussi d'une administration qui a reçu l'approbation du Parti des travailleurs (PT), compte tenu des liens de l'ex-président Lula et de l'ex-gouverneur Sérgio Cabral, et de l'appui de Dilma Rousseff au gouverneur actuel, Luiz Fernando Pezão, en congé de maladie.

Des dépenses exorbitantes ont généré des dettes de plusieurs milliards, et la facture est arrivée juste à temps pour les Jeux.

Depuis le début de l'année, les services publics de santé, les programmes de sécurité et les transports publics vont de mal en pis. Des milliers de fonctionnaires, de professeurs et de policiers n'ont toujours pas reçu leur salaire.

Habitués à l'image de carte postale que renvoie la ville, les touristes qui atterrissent à l'aéroport Galeão risquent de subir un choc en en découvrant le vrai visage de Rio de Janeiro.

(In)sécurité pour tous

Rio des enfers. Car il s'agit bien de la bouche de l'enfer. C'est l'avertissement que des centaines de pompiers et policiers ont donné aux touristes, dans le cadre de leurs revendications.

«Si vous venez à Rio, vous ne serez pas en sécurité», disait la banderole que les employés des forces de sécurité avaient déployée la semaine dernière à l'aéroport de Galeão, devant les touristes qui débarquaient.

Vanderlei Duarte, un pompier, dénonce l'attitude irresponsable du gouvernement vis-à-vis de ceux qui sont chargés d'assurer la protection des Brésiliens, des touristes et des athlètes. «Les criminels regardent nos papiers et nous assassinent. Comment une ville où règne l'insécurité peut-elle accueillir les Jeux? L'État, qui ne recule devant aucune dépense pour cet événement, nous ignore complètement.»

Dans les rues de Rio, la criminalité peut paralyser ceux qui ne sont pas habitués à voir tant de violence. Des balles perdues continuent à faire de nouvelles victimes. Au début du mois, l'équivalent de 400 000 euros (585 000 dollars canadiens) d'équipement audiovisuel a été volé à une équipe de tournage allemande en centre-ville. En mai, ce sont trois athlètes olympiques de l'équipe espagnole de voile qui ont été agressés dans le quartier de Santa Teresa, toujours au centre-ville.

Sur le premier trimestre de cette année, le nombre de téléphones cellulaires volés a grimpé de 40 %. Les attaques dans les autobus ont augmenté de 21 % et les vols de voitures, de 15 %.

«La corruption endémique, que les Brésiliens ne connaissent que trop bien, va enfin apparaître au grand jour»

Quelque 350 000 touristes sont attendus à Rio pour les Jeux. Il est difficile d'imaginer que ces nouveaux venus se méfieront des pièges auxquels se sont habitués les habitants, et dont ils font les frais quasiment tous les jours.

Dernier épisode en date: le week-end dernier, des gangs de rue lourdement armés ont volé des voitures et d'autres biens dans le quartier de Zona Norte.

Le gouvernement fédéral a également perdu le contrôle de ses prisons, où la criminalité demeure très présente.

L'alerte a été donnée mardi dernier par le juge Eduardo Oberg. Même derrière les barreaux, les criminels, qui ont apparemment facilement accès à leur téléphone et aux substances illicites, continuent de commettre des délits. Dans leur cellule, les prisonniers reçoivent des cadeaux interdits, et même des repas venus de chaînes de fast-food.

Eduardo Paes, le maire de Rio, accuse le gouvernement d'être responsable de ce chaos: «[La sécurité] est le problème le plus pressant à Rio, et l'État n'est absolument pas à la hauteur de la tâche. Il échoue lamentablement à rétablir l'ordre et protéger sa population.»

La santé publique en péril

Le système de santé, connu sous l'acronyme SUS, est en crise. Luiz Antônio Teixeira Júnior, le ministre de la Santé, a déclaré que les services de santé pourraient être interrompus pendant les Jeux, faute de moyens. «Nous travaillons toujours avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête», reconnaît-il.

Des centres de santé d'urgence ont déjà été fermés cette année. Même les hôpitaux ne sont pas épargnés: au centre d'urgence Nova Iguaçu, des photos montrent que les médecins utilisent les poubelles comme des chaises de fortune, tandis qu'à Realengo, à l'ouest de la ville, la crasse et les odeurs pestilentielles entachent les équipements.

sujeira

Avec l'autorisation de RJ Union of Doctors

Les sites touristiques et olympiques sont aussi concernés

Le mois dernier, des scientifiques de l'université fédérale de Rio ont détecté la présence d'une superbactérie au large de cinq plages: Copacabana, Ipanema, Botafogo, Flamengo et Leblon.

Copacabana accueillera les épreuves de natation du triathlon et du marathon. La lagune Rodrigo de Freitas, dans le sud de la ville, est également contaminée. Résistante aux antibiotiques, cette superbactérie peut causer différents types d'infection, dont la méningite. Son apparition n'est qu'un exemple de plus des terribles pratiques des autorités gouvernementales et de la gestion irresponsable des ressources à Rio. La mauvaise gestion des eaux usées provenant des hôpitaux, qui se déverse dans les rivières, criques et gouttières depuis des années, a permis l'apparition de cette nouvelle menace sanitaire.

La corruption endémique, que les Brésiliens ne connaissent que trop bien, va enfin apparaître au grand jour pendant les Jeux.

Dans un message fort à ceux qui sont en route pour Rio, le maire de cette ville de rêve a prévenu: «Ne vous attendez pas à trouver Chicago, New York ou Londres. Ne comparez Rio qu'à Rio.»

C'est clair.

Cet article, publié à l'origine sur le Huffington Post brésilien et adapté pour le Huffington Post américain, a été traduit en français par Laura Pertuy pour Fast for Word.

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

JUDO - Antoine Valois-Fortier

7 espoirs québécois aux Jeux olympiques de Rio 2016

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.