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Patrimoine en voie d'extinction

Ces jours-ci, nos gouvernements attisent ma fibre militante en abusant systématiquement de leur pouvoir législatif pour imposer brutalement leurs réformes politiques et culturelles, souvent au détriment du bien commun. Je profite aujourd'hui de cette tribune pour revenir sur les récentes coupures draconiennes que le gouvernement fédéral a imposées aux institutions culturelles publiques, des coupures qui s'inspirent selon moi de la même logique comptable qui motive la hausse drastique des frais de scolarité décrétée par le gouvernement Charest.
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CP

Je suis cinéaste et enseignant depuis plus de vingt ans pour la simple et bonne raison que j'aime partager les connaissances que j'ai acquises, tant dans les institutions où j'ai étudié, qu'à l'ONF où j'ai eu la chance de faire mes premiers pas dans le monde du documentaire. Nos institutions publiques - qu'on parle de l'ONF, des collèges ou des universités - sont à la base de notre système démocratique. C'est pourquoi je les ai toujours défendues avec ferveur.

Ces jours-ci, nos gouvernements attisent ma fibre militante en abusant systématiquement de leur pouvoir législatif pour imposer brutalement leurs réformes politiques et culturelles, souvent au détriment du bien commun. Je profite aujourd'hui de cette tribune pour revenir sur les récentes coupures draconiennes que le gouvernement fédéral a imposées aux institutions culturelles publiques, des coupures qui s'inspirent selon moi de la même logique comptable qui motive la hausse drastique des frais de scolarité décrétée par le gouvernement Charest.

Le 29 mars dernier, le gouvernement Harper a procédé à des coupures massives qui touchent autant la recherche fondamentale, les sciences appliquées, l'éducation et les études canadiennes, la défense des droits d'auteurs, l'expression artistique et la promotion des arts et de la culture en général. Il est essentiel de se rappeler que les coupes d'aujourd'hui s'ajoutent aux coupures de 2008 dans les programmes de soutien à la promotion et à la diffusion internationales des arts et de la culture.

Selon les dernières estimations, le ministère du Patrimoine canadien sera privé d'environ un demi-milliard de dollars au terme de l'exercice financier 2013-2014. Alors que les différents ministères et organismes fédéraux écopent de coupures d'environ 5%, les institutions culturelles basées à Montréal (ONF, Radio-Canada et Téléfilm Canada) sont coupées de 10%. Pourquoi cette exception culturelle? Surtout dans un contexte où les Québécois doivent constamment défendre leur culture pour exister.

Or, suite aux récentes coupures dans la culture, l'Office national du film du Canada a annoncé la fermeture de la CinéRobothèque et du Cinéma ONF le 1er septembre prochain. Cette annonce a consterné les artisans, les organismes et les festivals de films, et a motivé plusieurs citoyens à dénoncer cette disparition qui provoquera des dommages irrémédiables dans notre paysage culturel. C'est dans cet esprit que des centaines d'artisans et pionniers du cinéma québécois ont décidé d'occuper symboliquement la CinéRobothèque afin d'alerter la population sur les conséquences désastreuses de cette réforme culturelle.

Située au coeur du Quartier latin aux côtés de la Cinémathèque québécoise et de l'Institut national de l'image et du son (INIS), et à proximité de la Grande Bibliothèque, la CinéRobothèque hébergeait, bon an mal an, plus d'une vingtaine de festivals de cinéma qui perdront un lieu de diffusion, forçant ainsi certains à disparaître. Les artisans et les spectateurs seront privés d'un nombre incalculable de films, tant québécois qu'étrangers. Cette fermeture aura un effet dramatique sur les communautés culturelles qui se retrouvaient en grand nombre à la CinéRobothèque, mais aussi sur les 150 000 visiteurs et 30 000 élèves qui chaque année participaient à des ateliers de formation en cinéma. Pire encore, c'est l'impressionnante collection de l'ONF composée de 10 000 films, qui ne sera plus accessible au grand public, privant les citoyens, enseignants, chercheurs, étudiants et cinéphiles d'une part importante de leur patrimoine.

Bien que le milieu du cinéma cherche activement des solutions, l'inquiétude demeure immense. Quand Ottawa se retire de la culture, c'est tout le Québec qui perd. Peut-être est-il temps pour le Québec d'assumer enfin ses responsabilités en matière de culture afin de préserver et de maintenir le patrimoine qui nous définit et dans lequel nous avons tant investi.

Nous invitons les citoyens à signer cette pétition qui a été déposée à l'Assemblée nationale du Québec et à suivre les événements qui se dérouleront dans le Quartier Latin du 4 au 6 juin prochain.

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