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Cette vague de populisme serait-elle près d'engloutir le Québec?
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Le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, est souvent comparé au président des États-Unis, Donald Trump.
Carlo Allegri / Reuters
Le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, est souvent comparé au président des États-Unis, Donald Trump.

Élu le 7 juin 2018 et assermenté 20 jours plus tard, le nouveau premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, n'a pas tardé à entreprendre ce qui ressemble à un derby de démolition, selon l'avis de certains.

Sans attendre qu'une loi soit adoptée en la matière, on a aboli au début du mois de juillet 2018 la taxe sur le carbone et le programme de plafonnement et d'échange, dont la disparition sonne le glas de centaines de projets dans le domaine de l'énergie renouvelable.

Dans la foulée, on a annulé le programme Énergie verte, grâce auquel il était possible d'améliorer la performance énergétique des domiciles et les incitatifs à l'achat d'automobiles électriques. Aux poubelles, le programme d'éducation sexuelle mis à jour par le gouvernement précédent, on ramène le programme de 1998, duquel sont absentes des notions telles que le consentement et la cyberintimidation. Encore dans le monde scolaire, le fonds de 100 millions de dollars pour la rénovation des écoles est disparu.

À un autre niveau, le visage du gouvernement change aussi avec l'élimination du ministère de la Condition féminine et celle du ministère des Affaires francophones. On a retiré le mot réconciliation du nom du ministère des Affaires autochtones. On s'immisce dans les affaires municipales en réduisant de près de la moitié la taille du conseil municipal de la ville de Toronto. Le présent texte de blogue suffirait à peine aux fins de l'énumération des mesures que prend le gouvernement Ford en tout début de mandat.

Car on bouge vite du côté des nouveaux locataires de Queen's Park, et pas seulement en matière de mise en œuvre d'engagements électoraux, dont certains fort controversés. La semaine dernière en effet, le projet pilote sur le revenu de base, dont les destinataires étaient les travailleurs vulnérables et les personnes à faibles revenus, a été mis au rancart bien qu'en pleine campagne électorale M. Ford s'était engagé à le maintenir. Il est plutôt rare que l'on revienne sur une promesse électorale aussi rapidement.

Un style de gouvernement qui choque

Je laisse à d'autres, qui d'ailleurs le font très bien, le soin de démontrer le biais anti-personnes vulnérables du gouvernement Ford, ou encore celui d'établir des parallèles avec son prédécesseur sous la bannière conservatrice ontarienne, Mike Harris.

J'évite aussi l'identification à laquelle tant de personnes se livrent, dans les médias sociaux en particulier, de Doug Ford à Donald Trump.

Nombreux, en effet, sont ceux qui considèrent le premier comme une sorte d'alter ego du second. À mon avis on est face à deux phénomènes distincts. Il me semble donc plus juste de souligner certains traits partagés, notamment sur le plan du style de gouvernement.

La rapidité d'action étonnante en est un. Les exemples fournis ci-dessus illustrent la chose chez Ford, alors que dans un article publié dans le Globe and Mail, en marge du premier anniversaire de l'entrée en fonction de Trump, John Ibbitson en a fait la démonstration dans le cas de l'actuel président américain.

Les gouvernements plus conventionnels que dirigent les politiciens de carrière procèdent habituellement de manière passablement plus circonspecte. Ford et Trump partagent aussi une certaine absence d'inhibitions sur le plan de la forme, ni l'un ni l'autre ne se laissant ralentir par des considérations normalement incontournables dans notre système parlementaire ou caméral, tels les fonctions publiques et l'appareil législatif, voire exécutif.

Les deux politiciens que l'on aime tant comparer se démarquent de leurs homologues passés et présents par une tendance à gouverner en style PDG. Et que dire de l'approche personnelle adoptée par Ford et Trump en matière de communication, qui donne l'impression à qui les écoute ou lit les communiqués de presse émis par leurs gouvernements respectifs, qu'on s'adresse aux gens personnellement. «Nous sommes là pour vous aider», lit-on à la toute fin d'un communiqué de presse du gouvernement Ford, celui-là même où il annonce la fin de la taxe du carbone dans le but avoué de réduire le coût de l'essence pour les individus.

On est loin des discours sur des enjeux collectifs adressés aux Canadiens ou aux Américains en tant que collectivités.

On assiste à un choc des cultures politiques dans la capitale de l'Ontario, qui est ressenti de façon parfois aiguë par la majorité de la population de cette province, qui n'a pas voté pour Ford et qui est habituée à un style de gouvernement beaucoup plus conventionnel, aux antipodes de celui qui leur est présenté.

D'ailleurs, ce choc est fort probablement ressenti par une partie non négligeable des sympathisants et des membres du Parti conservateur ontarien. Il faut en effet se rappeler que c'est dans la controverse et un certain chaos que Ford a accédé à la chefferie de ce parti plus tôt cette année.

Et le Québec?

On croise parfois l'image de la vague déferlante dans les textes où l'on fait la recension des gouvernements plus conservateurs, que d'aucuns qualifient de populistes, qui ont accédé au pouvoir au cours des dernières années en Europe. Puis au États-Unis. Puis en Ontario.

Cette vague serait-elle près d'engloutir le Québec?

Comme en Ontario, le Parti libéral du Québec est au pouvoir depuis 15 ans. De même, le prétendant au pouvoir est représenté par une formation politique plus conservatrice, la CAQ en l'occurrence, que certains n'hésitent pas à qualifier de populiste. À mon avis, la réponse à la question ci-dessus est négative. Ce n'est même pas proche, comme on dit dans la langue parlée. Je préciserai dans mon prochain blogue.

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