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Les raisons de partir ou de rester

Sept jeunes Québécois seraient partis, en janvier, faire le djihad en Syrie. Dix autres viennent d'être arrêtés à l'aéroport.
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Sept jeunes Québécois seraient partis, en janvier, faire le djihad en Syrie. Dix autres viennent d'être arrêtés à l'aéroport grâce à des parents qui ont prévenu la police. C'est la consternation! Le gouvernement Couillard annonce une loi pour le mois de juin afin de prévenir la radicalisation. Stephen Harper, premier ministre du Canada, affirme qu'il n'existe «aucune excuse ou aucune raison pour un Canadien de devenir djihadiste». C'est vrai, monsieur Harper, sauf que les raisons pour ne pas partir s'estompent de plus en plus dans la têtes des jeunes Canadiens de 17 à 20 ans.

En effet,

1) Pourquoi faire des études quand le gouvernement congédie ses scientifiques ou les empêche de rendre public leurs travaux?

2) Pourquoi croire que la vie va être meilleure et intéressante sur cette planète quand le gouvernement refuse de la protéger de façon responsable et efficace?

3) Pourquoi croire à la justice quand le gouvernement s'acharne à faire passer Omar Khadr pour un terroriste plutôt que de protéger l'enfant-soldat qu'il a été, au nom de nos propres lois et des lois internationales?

Bien sûr, monsieur Harper, il reste, certes, des raisons de ne pas partir. Mais de dire que les jeunes auront grâce à vos politiques plus d'argent dans leurs poches dans quelques années ne les convaincra pas de ne pas partir. Alors, n'avez-vous pas la responsabilité d'en identifier de meilleures?

Ces jeunes sont Canadiens, bien sûr, mais avant tout Québécois. Le milieu dans lequel ils vivent devrait les stimuler, les inspirer et leur donner des raisons de vivre et de ne pas partir. Car, effectivement, leur départ , pour la plupart en cachette de leurs parents, fait songer à une entreprise de suicide quasi assurée une fois là-bas avec les djihadistes qui les ont convaincus sur internet que, si c'était le cas, ils mouraient en martyr.

Monsieur Couillard, à l'évidence ces 20 jeunes Québécois sont en détresse ici, chez-nous, et peut-être même leur milieu proche. Comment expliquer cela? Comment expliquer que notre culture québécoise ne les inspire pas et encore moins ne les aspire par le bonheur dont elle devrait transpirer? Donc, vous aussi, comme premier ministre, vous avez à donner des raisons à ces jeunes, et aux jeunes Québécois en général - et des raisons proprement québécoises -, de ne pas commettre l'irréparable. Jamais! Vous voulez, comme l'a précisé votre ministre Lise Thériault, vous donner des outils de «police» pour identifier les responsables et les organisateurs de ces départs .

Ce n'est sans doute pas inutile, mais c'est insuffisant et surtout complètement déresponsabilisant pour ces jeunes. Et, en quelque part, méprisant.

Ce mépris de la jeunesse a été la marque du gouvernement libéral de Jean Charest avant d'être la vôtre, comme on a pu le voir par la répression récente des manifestations étudiantes par une police qui n'hésite plus à tirer un objet de dissuasion en plein visage d'une jeune manifestante.

Pourtant, au cours d'une manifestation des étudiants en 2012 , on a vu une jeune musulmane en jean et voilée tenir par l'épaule en signe de solidarité une autre jeune, les seins nus, n'affichant que deux carrés rouges. Il y avait de la lumière et de l'espoir dans leurs yeux. Ce n'est peut-être plus le cas pour une grande partie de la jeunesse, et davantage pour la jeunesse issue de l'immigration.

Pour redonner de la lumière à la jeunesse, vous êtes le premier responsable. Tous les partis politiques ont une part de responsabilité dans les actions à mener comme société pour colmater la brèche de l'obscurité qui s'agrandit et tue l'espoir, surtout quand il y a urgence. Et il y a urgence, car ces 20 jeunes, à leur façon, nous crient: «À l'aide!»

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Avril 2018

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