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L'offre souverainiste de signer la Constitution de 1982

Ce que je propose apparaîtra sans doute à Jean-François Lisée et Véronique Hivon comme de l'inconséquence de la part d'un souverainiste, voire du pur délire.
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La Presse canadienne

On l'a vu avec l'offre de dialogue et de remaniement minimaliste à la constitution en faveur du Québec, faite aux Canadiens par les libéraux provinciaux fédéralistes du 1er juin 2017. Leurs auteurs, le premier ministre Philippe Couillard et le ministre des Affaires intergouvernementales Jean-Marc Fournier, furent moqués le jour même par le premier ministre libéral et fédéraliste, Justin Trudeau. Il est très probable qu'on n'entende plus parler de cette offre, surtout advenant une défaite du Parti libéral le 1er octobre 2018.

Si la CAQ prend le pouvoir, François Legault tentera simplement, tel qu'il l'a annoncé, d'arracher quelques arrangements administratifs concernant la déclaration de revenus unique et des prérogatives supplémentaires en matière d'immigration. Il n'exercera aucun rapport de force, sauf celui de dire que si c'est non de la part du Parti libéral de Justin Trudeau, les électeurs québécois, en particulier caquistes, s'en souviendront et voteront plutôt pour les conservateurs aux élections fédérales de 2019.

Quant au Parti québécois, pour l'instant, on comprend que s'il prenait le pouvoir, il ne tiendrait pas de référendum permettant aux Québécois de sortir de ce régime fédéral qui nous désert à plusieurs égards. Le motif principal, selon lui, serait que les Québécois ne sont pas suffisamment prêts à envisager l'indépendance, même 23 ans après le référendum de 1995, pensant plutôt qu'ils le seraient davantage dans un 2e mandat en 2022.

Penser cela alors que beaucoup de souverainistes lucides déménagent à la CAQ, c'est non seulement se bercer d'illusions, mais c'est positionner le Parti québécois en situation dangereuse d'être aspiré par le vide national qu'il entretient en n'ayant aucune position revendicatrice à l'égard du fédéralisme actuel. Si rien ne change, le risque de désillusion est énorme pour tout le mouvement souverainiste au lendemain de l'élection d'octobre 2018, si le parti de René Lévesque se retrouvait dans la position d'un tiers parti très minoritaire à l'Assemblée nationale.

Bien sûr, ce que je vais proposer ici apparaîtra sans doute à Jean-François Lisée et Véronique Hivon comme de l'inconséquence de la part d'un souverainiste, voire du pur délire. Car, en fait, j'aimerais que le PQ promette que s'il prend le pouvoir, un gouvernement souverainiste fera une offre pour signer la Constitution de 1982 si le fédéral et les Canadiens acceptent, disons d'ici 2021, d'inscrire dans la constitution, ce qui suit:

DÉCLARATION D'IDENTITÉ DU PEUPLE QUÉBÉCOIS

«Depuis plus de 400 ans, à force d'espérance et de persévérance, le Québec, en plus de fonder le Canada, s'est imposé au monde, non seulement comme une terre de paix et d'accueil, mais aussi de créativité et de productivité.

Dans nos coeurs et nos vies, depuis très longtemps, c'est la terre de chez nous et la langue française qui nous lient tous et toutes, et nous lieront toujours... nous, gens du pays, dans ce vaste Canada de toutes les audaces et de toutes les ouvertures.

Par-dessus tout, c'est la liberté qui nourrit nos actions, la fidélité entretient nos souvenirs et le partage à préparer l'avenir que nous voulons, par la présente, retisser avec le peuple canadien.

À ce triple trésor de valeurs communes s'ajoutent la richesse de nos valeurs fondamentales telle que l'égalité de l'homme et de la femme, la laïcité (à notre manière) et la neutralité de l'État. Elles nous obligent, comme peuple d'une rare humanité, tellement plein d'humour et qui aime bien manger, à défendre et à accroître autant que nécessaire les pouvoirs qui protègent et favorisent notre singularité d'abord chez nous au Canada, mais aussi en Amérique du Nord et dans le monde entier.

Prenant à témoin la constitution canadienne par la présente déclaration, les premiers (amérindiens), les anciens (francophones et anglophones) et les plus récents habitants du Québec, nous nous unissons à nouveau, aujourd'hui et pour demain, afin de développer et faire fructifier cet héritage.

Ainsi, peuple du Québec, par la présente déclaration d'identité nationale, nous nous voulons fédérateurs, mais aussi reconnaissants envers le Canada de consentir pour nous, avec les outils financiers appropriés des pouvoirs souverains additionnels et exclusifs en matière de langue, de culture et d'immigration.»

Trajectoire électorale

Mais je suis réaliste. Il y a peu de chance que le PQ modifie à ce moment-ci sa trajectoire électorale même si Jean-François Lisée a été le premier à accepter de tenir un débat électoral en anglais le 17 septembre prochain à la demande de la communauté anglophone, s'écartant ainsi de l'esprit de la loi 101. Pourtant, l'occasion serait belle de pousser plus loin le rapprochement, mais cette fois avec le ROC, car cette déclaration d'identité s'inscrit tout à fait dans le même esprit, celui de l'ouverture et de la réconciliation.

Il me reste une dernière chose à espérer: si le PQ ignore ma proposition, et bien j'espère que la CAQ s'en emparera et y donnera suite si elle prend le pouvoir. Et si c'est le cas, il y a peut-être de bonnes chances qu'un prochain gouvernement conservateur au fédéral, avec l'ex-caquiste influent dans ce parti qu'est Gérard Deltell, soit ouvert à donner au Québec un statut particulier dans la constitution canadienne. Ce ne serait pas l'indépendance, mais ce serait, disons, 95% de souveraineté pour le Québec. Comme souverainiste, cela me conviendrait au moins pour une génération pendant laquelle nous pourrions renforcer l'identité québécoise tant au Canada que dans le monde.

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