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Michel Gauthier, du Bloc au Parti conservateur

J'aimerais maintenant comprendre de quelle façon son adhésion aux conservateurs d'Andrew Scheer constitue une option payante pour le Québec et son épanouissement national.
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Andrew Scheer, le chef du Parti conservateur
Radio-Canada/Karine Dufour
Andrew Scheer, le chef du Parti conservateur

L'éminent bloquiste Michel Gauthier, retraité de la politique depuis 2007, vient de passer en fin de semaine dernière au Parti conservateur renonçant ainsi à l'indépendance du Québec pour laquelle il a milité avec brio et fougue pendant de nombreuses années. Il a expliqué cette défection par le fait que l'indépendance ne recueille plus que 30 à 32 % d'adhésion dans la population et que les jeunes ,contrairement à ce qui avait été espéré par Bernard Landry, sont devenus plus internationaux que nationaux. Étant donné cette perte de ferveur, il faut, selon lui, mettre de coté l'idée d'un référendum sur l'indépendance qui risque d'être perdant et qui, pour une troisième fois, serait fatal pour la survie et l'épanouissement de la nation québécoise.

J'aimerais maintenant comprendre de quelle façon son adhésion aux conservateurs d'Andrew Scheer constitue une option payante pour le Québec et son épanouissement national. D'abord, les valeurs conservatrices ne sont pas en général au goût des Québécois. Il est vrai cependant que les conservateurs sous Mulroney et Harper ont eu plus de respect pour la nation québécoise que les libéraux de Trudeau-père à Trudeau-fils.

Il est vrai cependant que les conservateurs sous Mulroney et Harper ont eu plus de respect pour la nation québécoise que les libéraux de Trudeau-père à Trudeau-fils.

Leur nouveau chef le rappelle, même dans ses publicités des derniers jours, en disant gentiment qu'il reconnait la nation québécoise et qu'il est prêt à favoriser plus d'autonomie en culture et immigration, sans doute sous la forme d'arrangements administratifs tels que souhaités par François Legault de la CAQ. C'est sympathique et assez traditionnel ce discours de la part des conservateurs, mais moins engageant que déjà. On se souvient de fait qu'en 1968, Robert Stanfield alors chef des conservateurs avait proposé, dans un français fraichement appris, mais sympathique, pendant la campagne électorale l'opposant à Pierre Eliott Trudeau et son projet de société juste, rien de moins qu'un statut particulier pour le Québec.

Depuis ce temps, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts et, en particulier, il y a eu le recul national majeur du Québec en 1982 avec le rapatriement de la Constitution sans l'accord du Québec et l'échec de Meech en 1990 qui se voulait une réparation. Puis, en 1991, la création du Bloc québécois a suivi pour décrier cette ignominie engendrée et, par la suite, entretenue par les gouvernements libéraux successifs envers la nation québécoise et proposer finalement le seul statut honorable restant soit l'indépendance du Québec.

Mais en fin de semaine, la décomposition politique du Bloc avec l'affaire Ouellet et les 7 démissionnaires vient de recevoir un méchant coup d'accélérateur avec la désaffection de son éminent serviteur, Michel Gauthier. De ce fait, il a une importante responsabilité pour la suite des choses en cautionnant par son adhésion le parti conservateur ou même en se présentant pour ce parti en 2019, ce qui serait cohérent. Car, pratiquement, en abandonnant tout projet d'indépendance, il vient de saboter, plus que symboliquement, le seul pouvoir de négociation véritable du Québec à l'égard de toute revendication constitutionnelle auprès d'Ottawa et des provinces anglophones.

Bien sûr, Andrew Scheer, son nouveau chef parle de reconnaissance de la nation québécoise, mais jamais il ne parle et, surtout, annonce qu'il ouvrirait la Constitution pour la reconnaitre formellement. Je ne reconnais plus Michel Gauthier s'il souscrit à ces belles paroles, mais ne propose pas d'abord avec les autres députés conservateurs actuels du Québec, et dès maintenant que leur parti, s'il était porté au pouvoir en 2019, s'engage à répondre positivement à une demande formelle en ce sens de la part de notre Assemblée nationale.

DÉCLARATION D'IDENTITÉ DU PEUPLE QUÉBÉCOIS

«Depuis plus de 400 ans, à force d'espérance et de persévérance, le Québec, en plus de fonder le Canada, s'est imposé au monde, non seulement comme une terre de paix et d'accueil, mais aussi de créativité et de productivité.

Dans nos coeurs et nos vies, depuis très longtemps, c'est la terre de chez-nous et la langue française qui nous lient tous et toutes, et nous lieront toujours... nous, gens du pays, dans ce vaste Canada de toutes les audaces et de toutes les ouvertures.

Et par dessus tout, c'est la liberté qui nourrit nos actions, la fidélité, nos souvenirs, et le partage, notre avenir que nous voulons, par la présente, retisser avec le peuple canadien.

Ce triple trésor de valeurs communes auquel s'ajoute la richesse de nos valeurs fondamentales, en particulier, l'égalité de l'homme et de la femme, la laïcité à notre manière... et la neutralité de l'État, nous obligent comme peuple, d'une rare humanité, tellement plein d'humour et, qui aime bien manger..., à défendre et à accroître, autant que nécessaire, les pouvoirs qui protègent et favorisent notre singularité d'abord chez nous au Canada, mais aussi en Amérique du Nord et dans le monde entier.

Prenant à témoin la Constitution canadienne, par la présente déclaration, premiers (amérindiens), anciens ( francophones et anglophones ) et plus récents habitants du Québec, nous nous unissons à nouveau, aujourd'hui et pour demain, afin de développer et faire fructifier cet héritage.

Ainsi, peuple du Québec, par la présente déclaration d'identité nationale, nous nous voulons, fédérateurs, mais aussi reconnaissants envers le Canada de consentir pour nous, avec les outils financiers appropriés, des pouvoirs souverains additionnels et exclusifs, en matière de langue, de culture et d'immigration."

Note: Vous remarquerez monsieur Gauthier que cette déclaration est positivement et noblement formulée. C'est peut-être le seul pouvoir qui nous reste maintenant comme nation, la gentillesse. Je vous offre donc cette proposition, et, en toute responsabilité, ne devriez-vous pas vous en faire le promoteur auprès de vos nouveaux collègues députés conservateurs du Québec et ensemble, demander qu'elle soit adoptée par l'Assemblée nationale dès octobre 2018 peu importe le parti qui prendra le pouvoir et ce, afin qu'elle fasse partie de la plateforme conservatrice en 2019 qui opterait à cette fin, et clairement, pour l'ouverture de la Constitution canadienne afin, de cette façon et enfin, doter le Québec d'un statut particulier au Canada ? Bien sûr, c'est retourner 50 ans en arrière, mais si cela permet d'avancer pourquoi pas ?

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