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Laïcité d'invitation, et non plus d'interdiction

La laïcité principalement basée sur l'interdiction des signes religieux dans les institutions publiques n'a plus d'avenir au Québec.
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Le débat de la laïcité est carrément disparu de l'actualité au lendemain de la défaite du Parti québécois, le 7 avril 2014. Bien sûr, il y a encore quelques interventions sporadiques dans les médias écrits venant des grands ténors qui appuyaient le projet de loi 60 de Bernard Drainville, mais leurs voix portent peu et se heurtent à une certaine indifférence de la population.

L'explication est simple. L'enjeu de société concernant la place de la religion dans les institutions publiques, qui a passionné les Québécois pendant près de deux ans, a été torpillé par les enjeux électoraux des différents partis politiques.

D'ailleurs, le projet de loi 62 sur la neutralité, qui sera débattu dans la présente session et qui devait être une suite logique à ce débat, ne mentionne même pas le mot «laïcité».

J'en conclus que la laïcité principalement basée sur l'interdiction des signes religieux dans les institutions publiques, d'application universelle ou même restreinte, n'a plus d'avenir au Québec parce que ce modèle est incompatible avec nos deux chartes, québécoise et canadienne, et que la démonstration du contraire n'a pu être faite, à temps, avec suffisamment de légitimité.

Il faut donc en conclure que la seule voie d'évolution pour le Québec qui souhaite la laïcité de ces institutions, c'est-à-dire l'établissement d'une distance formelle avec le religieux, réside dans l'obligation de développer un modèle de laïcité qui soit compatible avec les chartes.

En conséquence, je suggère d'envisager une laïcité d'invitation, et non plus d'interdiction.

Pour y arriver, il faudrait que nos responsables politiques du dossier de la laïcité (Stéphanie Vallée du PLQ, Agnès Maltais du PQ, Nathalie Roy de la CAQ, Françoise David de QS) conviennent d'enrichir le projet de loi 62, qui sera débattu dans la présente session, en y ajoutant, au minimum, les dispositions suivantes :

1) Le Québec proclame, par la présente loi, la laïcité de toutes ses institutions. Cette laïcité en est une d'invitation, et non d'interdiction.

2) L'Assemblée des évêques du Québec est invitée à demander au premier ministre que le crucifix de l'Assemblée nationale lui soit remis. Le cas échéant, il sera remplacé par l'inscription de trois valeurs québécoises, autant ancestrales qu'universelles, et qui feront l'objet d'un débat démocratique. Personnellement, je suggère : «liberté, fidélité, partage».

3) Les personnes portant des signes religieux dans nos institutions laïques sont invitées à la plus grande réserve concernant des demandes d'accommodements religieux, lesquels demeurent possibles, quoique balisés.

4) Une journée (peut-être une semaine...) annuelle de la laïcité est créée par la présente loi. Pour cette occasion, le personnel des institutions laïques est invité à s'abstenir de porter un signe religieux. Ceci dans le but de démontrer que la liberté de conscience est première et précède tout choix religieux.

5) Dans nos institutions publiques, en tout temps, le personnel est invité à distinguer, par ses propos et attitudes, la liberté d'expression religieuse compatible avec la laïcité et la liberté de religion ou de culte à réserver pour des lieux plus appropriés.

La bataille pour la laïcité d'interdiction a été perdue et, selon moi, elle l'est peut-être pour longtemps. Il faut en sauver au moins le principe et lui donner des habits honorables, ceux de la bonne foi, ceux de l'invitation.

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