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Projet de loi 62: une occasion de dialogue

Le débat sur la laïcité a passionné les Québécois parce qu'il répondait à des attentes et à un profond désir de changement des référents culturels en usage concernant la place du religieux dans notre société.
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Bientôt, en commission parlementaire, reprendront les discussions relatives au projet de loi favorisant le respect de la neutralité religieuse de l'État et visant notamment à encadrer les demandes d'accommodements religieux dans certains organismes. Ce projet de loi 62, introduit en juin, a évacué le concept de laïcité d'inspiration française pour ne retenir que celui de la neutralité d'inspiration anglo-saxonne, par lequel l'État se donnerait officiellement la responsabilité d'arbitrer la coexistence, en son sein, des multiples expressions religieuses; et cela, après avoir établi un référentiel permettant de guider les diverses autorités des institutions publiques dans leur gestion des accommodements religieux.

Ce projet de loi ,s'il est adopté tel quel, ne permettra que de mieux instrumenter les pratiques actuelles et finalement consacrera le statu quo. Ce faisant, il ignorera tout le débat qui a suivi la présentation du projet de loi 60 par le ministre Bernard Drainville en septembre 2013, et qui s'est poursuivi sans relâche jusqu'à la défaite électorale du Parti québécois en avril 2014.

Ce débat a passionné les Québécois parce qu'il répondait à des attentes et à un profond désir de changement des référents culturels en usage concernant la place du religieux dans notre société. D'ignorer ces attentes de la part du gouvernement Couillard constituera, si c'est le cas, un manque de respect flagrant pour la culture et l'identité québécoise.

Les discussions qu'engendrera la présentation en Commission parlementaire du projet de loi 62 devraient, au contraire, être l'occasion d' un dialogue visant à mettre au point un consensus québécois relativement à la place du religieux dans notre société.

Mais ce consensus ne sera possible que si la ministre Stéphanie Vallée, auteur du projet de loi, au lieu de se contenter d'en justifier l'à-propos, invite tous ses interlocuteurs en Commission (et certains qu'elle pourrait ou devrait inviter...) à répondre aux trois questions suivantes :

1) Les Québécois souhaitent-ils encore établir dans les institutions publiques une distance formelle avec les différents modes d'expression religieuse (ce qui s'appelle la laïcité) ?

2) Si oui, comment y arriver tout en respectant notre Charte des droits et libertés de la personne, en particulier la liberté de religion, et quelle serait la formule de laïcité pour laquelle des compromis seraient possibles et hautement souhaitables ?

3) Si, malheureusement, un consensus n'est pas possible, à quelle(s) condition(s) le projet de loi 62 pourrait-il être une réponse acceptable, au moins par défaut ?

Personnellement, je crois qu'une formule de laïcité authentique, quoique restreinte, est possible. Mais des efforts d'ouverture de la part de tous les acteurs intéressés ou touchés par ce débat seront nécessaires pour y consentir.

Note : J'ai déjà, personnellement, suggéré une telle formule. Et la ministre en a été informée de même que Françoise David (Québec solidaire) Nathalie Roy (Coalition avenir Québec) et Agnès Maltais (Parti québécois).

Cette formule peut se résumer ainsi :

1) Remplacer le crucifix de l'Assemblée nationale par l'inscription au-dessus de la tête du président de trois valeurs autant ancestrales qu'universelles : liberté, fidélité, partage.

2) Déclarer laïques toutes les institutions publiques en précisant que cela signifie que la liberté de conscience précède tout choix religieux, de signes ou d'objets, pour lesquels la tolérance reste de mise.

3) Instituer une journée annuelle de la laïcité pour laquelle les personnels de l'État sont invités à laisser librement à la maison tout signe religieux et à célébrer les trois valeurs remplaçant le crucifix, par l'inscription desquelles notre Assemblée nationale et nos institutions sont devenues officiellement laïques.

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