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Une offre pour régler la question nationale

Langue française et foi catholique, c'étaient, métaphoriquement, les deux jambes qui structuraient et soutenaient notre identité. Le moment est venu de renforcer notre jambe restante.
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Qui sommes-nous, Québécois, au-delà de la langue? Si on posait cette question à tous les Québécois, les réponses seraient multiples et fort étonnantes, d'autant plus que nulle part, sauf erreur, existe dans nos Chartes et nos lois une définition statutaire et officielle de notre identité nationale. Tout au plus, la loi 101 ou Charte de la langue française, adoptée en 1977, énonce dans son préambule ce qui suit : «Langue distinctive d'un peuple majoritairement francophone, la langue française permet au peuple québécois d'exprimer son identité».

Ceci laisse entendre qu'être Québécois se résume essentiellement à parler la langue française, et que de ce seul fait s'exprime notre identité. Donc celle-ci n'est pas définie. Il s'agit d'un projet ouvert.

Mais pendant longtemps, elle a été définie. Français et catholiques (c'est encore ce que montre notre drapeau), voilà l'identité principale affichée qui a été la nôtre pendant 400 ans, unique et solide, quoiqu'un peu forcée, jusqu'en 1960. Et comme le disait le chanoine Groulx jusqu'au milieu du 20e siècle, il est bien qu'il en soit ainsi, parce que de cette façon, la foi se fait gardienne de la langue et la langue gardienne de la foi.

Langue française et foi catholique, c'étaient, métaphoriquement, les deux jambes qui structuraient et soutenaient notre identité. Et on s'est tenu debout, sur ces deux jambes fortes, malgré la Conquête, malgré le danger de la «minorisation» sans cesse en augmentation, tout comme aujourd'hui.

Mais pendant la Révolution tranquille, la dimension catholique de notre identité, à l'origine de plusieurs de nos valeurs, a été remise en question de multiples façons, et avec raison, au point où celle-ci est maintenant occultée et, à toutes fins pratiques, disparue du vocabulaire identitaire. Et de ce fait, nous sommes devenus, progressivement, en quelque sorte, des unijambistes identitaires.

Et la conséquence la plus immédiate de cet handicap auto-infligé, pourrions-nous dire, a été l'importance très grande donnée, grâce à René Levesque et Camille Laurin, à notre autre «jambe identitaire», la langue française, pour nous définir comme peuple.

Cependant, quoique supportant tout notre poids identitaire, nous ne faisons pas les efforts nécessaires et urgents pour s'assurer qu'elle tienne le coup, malgré plusieurs indices qui pointent en direction de son affaiblissement. Ce qui amenait notre poète et chansonnier Fred Pellerin à exprimer récemment ainsi sa peur que «le crémage français» du Québec disparaisse, emportant avec lui une partie du «gâteau identitaire».

Je partage sa crainte. Aussi, je pense que le moment est venu, et il y a même urgence, non seulement de renforcer notre jambe restante, la langue française, mais de nous procurer, en soutien si on peut dire, une jambe artificielle identitaire permanente qui s'inspire, peut-être un peu de l'ancienne, la catholique (qui, bien que coupée, se fait toujours sentir, comme l'illustrent nos récents débats sur le crucifix de l'Assemblée nationale) par certaines valeurs, mais surtout, avec un look moderne et rassembleur.

À tel point que nos politiciens, tous partis confondus, s'ils avaient le courage de stopper le risque à moyen terme, surtout l'immigration augmentant, d'un éventuel fatras identitaire qui risque de nous perdre, devraient se mettre au travail pour créer cette prothèse sous la forme d'une déclaration d'identité de la nation québécoise (une proposition est parue récemment sur le Huffington Post), une façon de baliser raisonnablement ce projet si ouvert qu'est, à l'heure actuelle, notre identité.

Mieux, ils pourraient même en cette année 2016 proposer au fédéral et aux Canadiens de l'inclure dans la Constitution en reconnaissance du fait que les Québécois ont été, avec nos Autochtones, les premiers Canadiens. Et cette entente devrait arriver en 2017, année de célébration du 150e du Canada. À défaut de ce «deal win-win», toutes les options demeurent évidemment ouvertes, y compris l'indépendance du Québec. En fait, Philippe Couillard devrait prendre cette initiative, seule façon pour lui de faire l'Histoire. En l'absence de chef au Parti québécois, il a donc toute la glace pour lui. Mais sera-t-il à la hauteur?

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