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Je suis émétophobe et à l'approche des fêtes de Noël, cette peur de vomir est une vraie galère

Je ne sais pas trop si on arrive à se rendre compte que comme toute phobie, il n’y a rien de rationnel dans tout cela, mais que ça génère de sacrées crises d’angoisse.
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Pour rappel, l'émétophobie est la phobie de vomir. Je vis avec elle depuis 20 ans, sans n'avoir jamais pu vraiment m'en débarrasser. Il y a des endroits plus compliqués à gérer. Les lieux confinés où je ne suis pas sûre de pouvoir courir au cas où j'aurais besoin de vomir. La voiture où on ne peut pas s'arrêter n'importe où, le train pas accessible si on est à l'autre bout du wagon, alors que j'avance déjà en ayant l'impression d'avoir un coup dans l'aile, parce que je manque d'équilibre pour seulement marcher, alors imaginez, s'il fallait que je déguerpisse aux toilettes en quatrième vitesse. Bref, parfois je choisis la facilité (si on veut), je ne mange pas avant d'aller dans certains lieux.

Mais l'hiver, cette phobie prend une autre dimension...

J'entends à peine «cas importants de gastro» que j'ai déjà l'estomac retourné et au bord des lèvres, les intestins qui font des castagnettes entre eux, j'attrape chaud et je me désinfecterais bien à l'eau de javel chaque fois que je viens de quelque part pour éradiquer chaque microbe susceptible de m'avoir contaminée. Je disparais de la circulation jusqu'à ce que l'épidémie soit passée.

Et puis le nombre de fois où j'ai entendu depuis petite «j'avais froid aux pieds, ça m'est resté sur l'estomac d'avoir eu froid». Du coup, je mets double paire de chaussettes, suis habillée comme pour le Pôle Nord, pour éviter de prendre froid et que les aliments ne passent pas s'il ne faisait pas assez chaud en moi.

Le pire étant que je suis malade si je vois quelqu'un vomir, même si aucune raison pour moi ne provoque, mais je suis à l'affut du moindre signe de mon estomac et comme j'ai souvent mal au ventre à cause de mes splendides intestins, je me bourre de gravol, de menthe poivrée sur un sucre, je serais même prête à avaler la fiole complète, mais ça me reviendrait trop cher de faire ça à chaque repas..., je bois des tisanes après-repas, même si ledit repas ne s'est composé que de choses simples, mais on ne sait jamais.

Alors les repas de Noël... l'an dernier, j'étais malade depuis le 22 décembre, je n'ai jamais mangé aussi peu à un Noël, la veille et le jour même. Juste le minimum. C'est moi qui ai mangé le moins et qui ai été malade comme un chien. Je fais attention en général de ne pas trop manger parce que comme dit j'ai vite mal et je suis vite remplie, mais c'est aussi pour éviter au maximum les risques de trop-plein qui voudrait repartir.

Je suis donc du genre à scruter toutes les dates de péremption et flique tout en mode "t'es sûr que ça ne sent pas un goût bizarre??"... "ben ça sent le poisson, en même temps, c'est du poisson donc c'est normal"... "oui, mais quand même, non??"... En général je suis discrète, peu de monde le sait en réalité que j'ai cette phobie parce que je n'en suis pas fière, mais même en travaillant sur moi, je m'en dégage très peu. Chez moi à la limite, ça va, je suis seule, s'il m'arrive quoique se soit, il n'y aurait personne pour me voir cracher mes boyaux.

Entre repas plus copieux que l'ordinaire, les épidémies de gastro, de grippe où les gens nous crachent dessus, le froid qui peut ralentir voire stopper la digestion, ça en fait des choses à surveiller dans la tête d'une émétophobe.

Alors j'essaie de tourner ça en autodérision, parce que beaucoup me diraient "et puis? qu'est ce que ça peut faire si tu vomis?!"... ben je refuse de manger pendant 3-4 jours et je perds vite du poids, mais en reprends difficilement, du coup il faut aussi rester vigilante sur le fait que j'ai l'angoisse de me réalimenter, voire de me réhydrater tant que je sens que ce n'est pas rétabli. Sauf que le fait d'avoir l'estomac vide peut provoquer de violentes nausées, par manque de sucre aussi, et ça fait cercle vicieux. J'ai toujours eu peur de m'étouffer seule et c'est la honte de vomir devant quelqu'un, enfin à mes yeux, donc tout mélangé, ça peut vite devenir un jeu de piste sur les heures pour sortir l'estomac vide, prendre un repas qu'on connait pour se sentir rassurée, quitte à toujours manger la même chose pour avoir une sécurité. Ma grand-mère faisait pareil, elle avait aussi cette phobie et c'est l'un de ses héritages. Je l'ai toujours vue manger les mêmes aliments. "Je t'aimais très fort mamie, tu le sais pourtant, mais tu n'étais pas obligée de me léguer ce machin tellement nul ! Même si au fil des années, je pense à toi et me dis que c'était une souffrance pour toi aussi d'être sans arrêt en stress de ce qui passait dans ton bidou hein".

Être émétophobe, ce sont des stratagèmes à mettre en place.

Avoir un petit sachet sur soi au cas où. Conserver l'attirail pharmaceutique de base, spasfon et vogalène. "Au cas où", comme quand on prend des affaires en trop pour partir en vacances et qu'on dit "je prends ça... au cas où !"... Sortir rapidement des transports en commun si je sens que ce n'est pas folichon (déjà fait, alors que je me rendais à 3/4 d'heure d'où j'étais), j'ai déjà refusé de prendre certains médicaments parce que je vomis avec la plupart. De toute façon, il suffit que je jette un oeil sur la notice avec les effets indésirables, sans encore avoir avalé quoique se soit, que j'ai déjà la tête dans la cuvette, c'est dire le pouvoir du psychisme.

Je ne sais pas trop si on arrive à se rendre compte que comme toute phobie, il n'y a rien de rationnel dans tout cela, mais que ça génère de sacrées crises d'angoisse. Et que l'hiver est la saison que je déteste le plus juste pour ça. Tous ces microbes, tous ces festins à maltraiter tous ces estomacs. Tous ces aliments pourtant tellement tentants, même si les appareils digestifs ne prennent pas une autre dimension pour qu'il y ait davantage de place durant les fêtes.

Avez-vous des phobies de ce style, qui vous posent problème dans le quotidien? Je ne parle pas des araignées ou des serpents, mais plutôt tout ce qui est émétophobie, phobie sociale, agoraphobie etc. Tous ces machins inexplicables et inexpliqués parfois qui viennent s'installer entre 2 neurones et qui font perdre l'air en produisant de formidables crises d'angoisse et ce, peu importe l'endroit, et n'importe quand.

J'ai mis intentionnellement des passages d'auto dérision pour me montrer à moi-même la "stupidité" de tout ça, pour essayer de rire d'une souffrance qui pourrait être effacée, mais ce n'est pas si simple et le fait d'en rire, ne remet pas en cause le handicap qu'on peut ressentir quand ça commence à agir sur nos quotidiens. Alors, quelque soit la phobie que vous devez gérer chaque jour, je vous souhaite un bon courage et continuez de vous lancer des défis. J'en reparlerai à travers un autre post.

Sinon, je vous souhaite un bon hiver... Eurk... N'oubliez pas vos gels hydroalcooliques, c'est mieux que rien et tenez une distance de sécurité entre les gens et vous, pour que les postillons ne puissent pas parvenir jusqu'à vous.

Ce billet a d'abord été publié sur le HuffPost France. Ce billet est également publié sur le blog Une Vie entre Bonheurs et Tourbillons.

(Le nom de l'auteur a été modifié à sa demande)

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Avril 2018

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