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8 sentiments que connaissent toutes les mamans qui travaillent

Je suis mère et je bosse à temps plein dans un milieu qui m’occupe bien plus que 38 heures par semaine.
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L'atterrissage fut brutal. Après dix mois de télétravail californien paisible, je suis à nouveau dans le feu de l'action. C'est la même chose depuis dix ans et j'ai beau essayer chaque année de m'y habituer: être journaliste au Festival de Cannes me met à genoux en deux temps, trois mouvements, et quatre projections de films.

Je dors peu, je mange mal, et surtout, je ne vois presque plus mon petit garçon. Il répète, chaque matin quand il me voit partir (et encore, je pars régulièrement avant son réveil), avec une pointe de déception dans la voix: «Maman travaille». Quand il me demande de m'allonger près de lui dans le lit, je lui réponds là encore que je dois finir un papier ou que je dois filer. «Désolé mon chat, maman travaille». Ses petits yeux de merlan frit allument évidemment tous les interrupteurs de la culpabilité dans mon coeur, mais la vie est ainsi faite.

Je suis mère et je bosse à temps plein dans un milieu qui m'occupe bien plus que 38 heures par semaine. Voici les sentiments qui me traversent depuis mon retour sur le continent européen et mes journées chargées. Je suis sûre que toutes les mamans qui travaillent les ont déjà ressentis un jour...

La tristesse

Tu quittes la maison sur la pointe des pieds et tu fermes la porte doucement. Dans la pénombre de la chambre de ton enfant, tu as entendu sa respiration régulière, preuve d'un sommeil encore lourd. Le jour se lève timidement, il se réveillera bientôt, mais tu ne sentiras pas son petit corps chaud contre le tien ce matin. C'est lundi. Chaque pas que tu poses sur le trottoir t'éloigne un peu plus de tes jolis souvenirs du week-end qui file aussi vite que les heures s'écoulent lentement pendant la semaine. Tu as le coeur gros et les yeux humides.

La frustration

Tu as attendu ce moment toute la journée: tu te réjouis de rentrer, de préparer son plat préféré, de lui lire une histoire. Mais quand tu passes la porte, tu es accueillie par des cris et des larmes. Ton enfant est fatigué, il n'a envie de rien, pas même de ta tendresse. Tu avais imaginé une fin de journée parfaite, mais au lieu de ses petits bras autour de ton cou, tu as plutôt envie de lui agripper le poignet pour l'intimer de se calmer. Tu as déjà haussé la voix alors que tu ne le voulais pas. Tu perds patience. Tu avais besoin d'amour pour calmer ton coeur en vrac et rien, non rien, ne se passe comme tu l'avais espéré.

Tu avais besoin d'amour pour calmer ton coeur en vrac et rien, non rien, ne se passe comme tu l'avais espéré.

La colère

Tu t'apprêtais à partir du bureau quand ton chef t'a convoquée pour une réunion de dernière minute. Tu perds une heure dans les embouteillages ou bien le métro dans lequel tu te trouves est à l'arrêt pour une durée indéterminée. Tu t'énerves contre le monde entier, contre tous ceux qui ne comprennent pas que tu veux bien être une mère qui travaille, mais que tu as aussi envie et besoin d'être une mère tout court. Une mère qui tient ses promesses et rentre à l'heure pour coucher ses enfants.

La fierté

Les jours où tout va bien, et il y en a sinon tu ne continuerais pas, tu te dis que tu es fière d'être une femme d'aujourd'hui, qui mène sa vie de famille de front avec une carrière intéressante. Tu es indépendante financièrement, tu es avec le père de tes enfants parce que tu l'as choisi et non pas parce que quelqu'un t'y a obligé. Ton enfant aime te regarder t'apprêter pour aller travailler. Tu sais qu'il parle de tes voyages professionnels à ses copains et qu'il est content de leur raconter ce que sa maman fait de ses journées pendant que lui use ses culottes sur les bancs de l'école. Un jour d'ailleurs, il fera le même travail que toi, il te l'a dit.

La jalousie

Tu leur confies ton enfant pour la journée et tu le sais en sécurité. Tu ne doutes pas de leurs attentions à son égard et de l'affection qu'il leur porte. Et pourtant tu ne peux pas t'empêcher de les jalouser: l'éducatrice de la garderie, la maîtresse d'école, la grand-mère, le papa même parfois, auront la chance de passer une journée à regarder ton gamin grandir pendant que tu auras le nez devant un écran d'ordinateur. En les imaginant ensemble au square, en train de partager un goûter ou une plaisanterie, tu détestes brièvement celui qui, pourtant, te soulage dans ton organisation quotidienne.

La distraction

Au bureau, ton portable n'est jamais bien loin: l'école pourrait t'appeler ou ton mari qui aurait eu un empêchement et qui ne pourrait du coup pas aller le chercher à la garderie. À la maison, idem: cette fois, c'est ton chef qui risquerait de t'envoyer un courriel te demandant de vérifier telle ou telle chose. Depuis que tu es mère et que tu as repris le travail, ton cerveau n'est plus jamais concentré sur une seule et même tâche. Tu es perpétuellement ailleurs, toujours un peu distraite, en train d'organiser la planification des heures qui suivent, sans jamais profiter du moment présent.

La capacité à relativiser

Avant, tu faisais une montagne des problèmes rencontrés au bureau. Maintenant, tu sais que si c'est important et qu'il s'agit de faire son job correctement (ne serait-ce que pour le garder), ce n'est pas ça qui compte vraiment dans la vie. Ce qui importe se trouve ailleurs: ça les pieds qui dépassent d'une couette à l'effigie des Pyjamasques. Tu as appris à relativiser et à hausser un peu plus souvent les épaules. On te fait croire que tu es indispensable et que le monde s'arrêtera de tourner si tu dévisses de ton siège en cuir. Mais il n'y a qu'une seule personne pour laquelle tu es réellement irremplaçable, une seule qui ne peut se passer de ton odeur, de ton rire, de ta main et elle t'attend à la maison.

La joie IMMENSE

Tu vois arriver la fin de journée ou mieux encore, le week-end avec enthousiasme, excitation, délectation. Tu décomptes les heures, puis les minutes, avant la libération et les retrouvailles. Cette même joie n'est pas incompatible à celle ressentie le lundi matin après un week-end chargé quand vient le temps de te débarrasser temporairement de ton enfant.

Ce billet est également publié sur le blogue Sea You Son et sur le HuffPost France.

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