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L'avenir de nos océans est en jeu

Le rapport intitulé «Soutenir la biodiversité marine canadienne» mentionne que le Canada «n'a pas respecté la majorité de ses engagements nationaux et internationaux visant à protéger la biodiversité marine» et qu'il «se trouve loin derrière en comparaison avec les nations modernisées sur presque tous les aspects de la gestion des pêches».
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Cela fait maintenant plus de 20 ans que l'industrie de la pêche à la morue sur la côte Atlantique s'est effondrée et aucun objectif de repeuplement n'a été mis en place, ni de délai afin de rétablir les populations. Ce n'est que l'un des nombreux éléments relevés par d'éminents scientifiques affiliés à la Société royale du Canada.

Le rapport intitulé « Soutenir la biodiversité marine canadienne » mentionne que le Canada « n'a pas respecté la majorité de ses engagements nationaux et internationaux visant à protéger la biodiversité marine » et qu'il « se trouve loin derrière en comparaison avec les nations modernisées sur presque tous les aspects de la gestion des pêches ».

Pour un pays bordé de trois océans et dont la ligne côtière est la plus importante au monde, ce constat est plus qu'embarrassant. Outre les emplois, les possibilités récréatives, la nourriture, les médicaments et les habitats, nos océans nous apportent également ce qu'il y a de plus important : la vie. À l'échelle mondiale, la moitié de l'oxygène est produite dans les océans par les phytoplanctons, lesquels sont menacés en raison du réchauffement et de l'acidification des océans causés par les changements climatiques.

Les derniers gouvernements fédéraux n'ont pas su reconnaître que nos océans sont beaucoup plus que de simples réservoirs de ressources prêts à être exploiter pour des gains à court terme. Nous serions portés à croire que le déclin de l'industrie de la pêche à la morue, occasionné en grande partie par une mauvaise gestion, nous aurait appris quelque chose. Cependant, alors que la pêche au saumon est sur le point de s'effondrer et qu'un effort minime est fait pour la protection de nos océans, tout porte à croire que nous obtiendrons les mêmes résultats -- sauf si nous exigeons plus de notre gouvernement.

Le groupe d'experts de la Société royale s'est penché sur les changements climatiques, les pêches et l'aquaculture « en raison de leurs incidences potentielles sur la biodiversité marine ». Le problème, identifié par le groupe d'experts, ne consiste pas en un manque de connaissances, de données scientifiques, ou de politiques, mais plutôt en « une inaction constante décourageante à l'égard de connaissances et de meilleures pratiques et politiques bien établies, dont certaines existent depuis des années ».

Même si le Canada s'est engagé sur le plan international à établir un réseau protégé couvrant 10% de son territoire océanique, il n'a en fait que protéger une zone de moins de 1%. Ainsi la Loi sur les pêches du Canada, qui date de 1868, ne fait pas mention de préservation et la Loi sur les océans de 1997 n'a pas encore été mise en application de façon efficace. De son côté, la Loi sur les espèces en péril se veut largement inadéquate.

En fait, le gouvernement fédéral a récemment refusé un don de plusieurs millions de dollars pour un effort de collaboration qui établirait un plan d'aménagement de l'espace marin et un réseau de zones protégées dans les eaux de la côte nord du Pacifique du Canada. Les Premières nations, les gouvernements provinciaux et le gouvernement fédéral, l'industrie ainsi que les organisations environnementales, y compris la Fondation David Suzuki, avaient fait des progrès relativement à la zone de gestion intégrée de la côte nord du Pacifique (ZGICNP) pendant des années, mais le gouvernement fédéral a contrecarré le processus en n'assurant pas un financement adéquat et en refusant le soutien par une organisation philanthropique.

Pourquoi? Le gouvernement craignait que les zones marines protégées et les plans d'utilisation marine reposant sur des données scientifiques des écosystèmes limitent le trafic des pétroliers. La perte de plus de huit millions de dollars provenant de la Fondation Gordon et Betty Moore a porté un coup dur au processus, et le gouvernement n'est pas intervenu pour tenter de trouver un compromis.

Au lieu de protéger les ressources précieuses du Pacifique et son habitat (40% des espèces mondiales de mammifères marins et un nombre incalculable de plantes et d'animaux en dépendent), il semble que le gouvernement préfère tout risquer en vantant le projet pipeline Northern Gateway qui a pour but d'expédier la production brute des sables bitumineux par les réseaux fluviaux précaires de la côte Pacifique vers la Chine et la Californie.

Le rapport mentionne également que les changements climatiques pourraient donner lieu à l'extinction de certaines espèces de saumon, que la hausse des niveaux d'acide pourrait causer du tort à « toutes les espèces allant des coraux jusqu'aux moules et aux homards » et que l'élevage piscicole pourrait nuire aux stocks sauvages en raison de l'étendue de parasites, de maladies et de croisements.

Outre le manque flagrant d'intérêt de la part du gouvernement fédéral relativement à la santé de nos océans, le rapport identifie un problème majeur qui place le Canada loin derrière la plupart des pays développés : « un conflit d'intérêts de première importance à Pêches et Océans Canada entre son mandat de promouvoir l'activité industrielle et économique et sa responsabilité de conserver la vie marine et la santé des océans. »

Le groupe d'experts émet bon nombre de recommandations sensées, incluant delà résolution du conflit d'intérêts et le respect de nos engagements nationaux et internationaux face à la biodiversité marine.

Notre gouvernement n'aide pas à sa réputation en ignorant ou rejetant le conseil des scientifiques. Disons à nos chefs que notre avenir dépend de celui des océans et que ce conseil doit être suivi. Les données scientifiques sont claires : il est grand temps de s'impliquer davantage!

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