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La crédibilité des climatosceptiques à l’épreuve

Le scepticisme et les débats raisonnés sont sains. Le manque de logique, la désinformation et les mensonges éhontés sont inadmissibles.
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Dans le débat climatique, nous appuyons nos arguments sur des recherches et des faits scientifiques sérieux. Parfois, on nous conteste, ce qui est souvent positif, car tout débat éclairé favorise la connaissance. Par contre, beaucoup de remises en question proviennent de gens aux visées douteuses.

Dans leurs commentaires, lettres et articles d'opinion, des gens propagent des insanités, comme le font Ezra Levant, Tim Ball, Tom Harris et Patrick Moore. « David Suzuki possède une île avec une compagnie pétrolière », peut-on noter parmi leurs absurdités, généralement des attaques personnelles sans lien aucun avec l'article qui fait l'objet du débat. Cette bribe d'information figure parmi les nombreuses déclarations fausses et trompeuses que profère M. Levant. Plusieurs personnes ont acheté du terrain sur l'île en question pour la protéger de l'exploitation, notamment un couple dont la famille avait une petite entreprise de distribution de mazout domestique dans les années 1950 et 1960.

En plus d'être truffés d'erreurs de logique et d'attaques personnelles, leurs arguments ne sont pas crédibles. C'est ce qui ressort clairement du procès intenté contre Tim Ball, un professeur de géographie à la retraite de l'University of Winnipeg, acoquiné à des organismes climatosceptiques comme le mal nommé Friends of Science et le défunt Natural Resources Stewardship Project.

Andrew Weaver, climatologue canadien et chef actuel du parti Vert de la Colombie-Britannique, a poursuivi M. Ball en 2011 pour un article paru sur le site de Canada Free Press (retiré depuis). Le juge de la Cour suprême de la province a rejeté la poursuite pour une raison étrange. « Bien que l'article soit désobligeant à l'égard du D Weaver, il n'est pas diffamatoire, car les propos contestés ne ternissent pas la réputation du D Weaver aux yeux de lecteurs raisonnablement avisés et informés », a soutenu le juge Ronald Skolrood.

Le juge a fait remarquer « qu'une personne raisonnablement avisée et informée qui lit cet article ne risque guère d'accorder quelque valeur au point de vue de M. Ball». Cette remarque en dit long sur ceux qui adhèrent à ses affirmations, y compris sur l'administration Trump qui a invité M. Ball à un briefing avec l'équipe de transition après l'élection de 2016.

Le juge Skolrood a aussi écrit qu'«en dépit du parcours universitaire et scientifique de M. Ball, l'article est truffé d'erreurs et d'inexactitudes qui dénotent un manque de rigueur, voire d'une indifférence à l'égard de la vérité». M. Weaver entend porter la décision en appel.

En 2015, un juge a accordé 50 000 $ à M. Weaver dans un procès contre Terence Corcoran, Peter Foster, Kevin Libin et Gordon Fisher du Financial Post et du National Post. Dans cette affaire, Emily Burke, juge de la Cour suprême de la Colombie-Britannique, a conclu que la défense «avait fait preuve de négligence ou d'indifférence quant à la véracité des faits» et «qu'elle était plus intéressée à défendre son point de vue qu'à démontrer la véracité des faits». La décision a été infirmée et un nouveau procès a été ordonné, la cour d'appel considérant que le tribunal n'aurait pas dû traiter ensemble les quatre articles.

Cela dit, les tribunaux ont remis en question plus d'une fois la crédibilité de M. Levant. Dans deux affaires de diffamation, les juges ont conclu qu'il avait fait preuve d'un «mépris flagrant» pour la vérité. Dans un procès en 2014, dans lequel M. Levant a été condamné avec verser 80 000 $ en dommages-intérêts à un avocat de la Saskatchewan, la juge Wendy Matheson de la Cour supérieure de justice de l'Ontario a déclaré «qu'il n'a fait que peu ou aucune vérification des faits au sujet des articles en litige, que ce soit avant ou après leur publication». En 2010, M. Levant a dû verser 25 000 $ en dommages-intérêts à un autre avocat, ainsi qu'un montant de 32 500 $ ajouté lors d'une comparution subséquente en 2011. Dans cette affaire, le juge a écrit «qu'il n'avait pas voulu vérifier les faits comme doit le faire tout journaliste responsable».

Quant à Tom Harris et à Patrick Moore, nul besoin d'un tribunal pour juger à quel point leurs arguments sont inexacts et non scientifiques. En 2007, lors d'une allocution à Regina, M. Moore — qui a déjà travaillé pour Greenpeace, mais qui s'est ensuite acoquiné avec des industries tant pétrolières que nucléaires — a rejeté les inquiétudes au sujet de la fonte des glaciers. «Pourquoi accorder une telle importance aux glaciers ? Ce ne sont que de grosses masses d'eau gelée. Rien n'y pousse, ce sont à toutes fins pratiques des zones mortes», a-t-il affirmé.

Au fil des ans, M. Harris — actuellement chef de la mal nommée International Climate Science Coalition et affilié à des organismes climatosceptiques comme le Heartland Institute américain — a défendu à peu près toutes les positions anti-scientifiques sur le climat, de l'affirmation que le CO était un nutriment végétal inoffensif à la négation des changements climatiques d'origine humaine.

Le scepticisme et les débats raisonnés sont sains. Le manque de logique, la désinformation et les mensonges éhontés destinés à soutenir les industries destructrices en dupant les crédules et en brouillant les pistes sont inadmissibles.

Traduction : Michel Lopez et Monique Joly

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