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Changer l'énergie requiert un changement dans les conversations

Les politiciens, concentrés sur les intervalles d'élection, ont de la difficulté à faire face aux questions générationnelles liées à l'environnement.
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Abondantes, les énergies fossiles bon marché ont conduit à une expansion technologique, industrielle et économiquement explosive depuis plus d'un siècle. L'infrastructure développée pour accommoder cette croissance rend difficile d'envisager l'éloignement rapide du charbon, du pétrole et du gaz, ce qui crée une barrière psychologique aux discours rationnels sur les problèmes énergétiques.

Le coût écologique et économique de l'utilisation de l'énergie nous force à analyser notre manière de vivre. Et parce que nos infrastructures ne nous permettent pas d'éviter entièrement les énergies fossiles, nous devons donc faire face à la contradiction de vivre avec ses contraintes et son utilité.

Le Canada n'a pas de plan énergétique national, autre que le désir gouvernemental d'être une superpuissance exportatrice d'énergie fossile. Compte tenu les conséquences issues des changements climatiques induits par les humains qui frappent déjà nos maisons, vous pourriez penser que la priorité du gouvernement à tous les niveaux serait de choisir la trajectoire énergétique produisant le moins d'émissions. Mais les politiciens, concentrés sur les intervalles d'élection, ont de la difficulté à faire face aux questions générationnelles.

Des conversations et des décisions importantes sont plutôt retardées par des arguments et des tactiques souvent irrationnelles servant de diversion: des critiques accusent d'être hypocrite, affirment que de l'argent étranger dirige l'agenda environnemental et étiquettent les activistes d'être des éco-terroristes ou d'avoir des ennemies du Canada parmi eux. Au lieu d'avoir un réel progrès, nous avons un pouvoir politique consolidé de plus gros profit et contrôle corporatif. C'est assez!

Le développement durable nécessite une énergie abondante produisant un minimum de bouleversement écologique. Cependant, l'incapacité de considérer la nécessité de changer rapidement des énergies fossiles signifie que les gouvernements et l'industrie regardent vers des mégas technologies comme la capture et le stockage du carbone pour justifier l'inaction de la réduction des gaz à effet de serre, tout en dépeignant le solaire et l'éolien comme impraticable, trop cher ou incapable de répondre aux besoins énergétiques. L'énergie nucléaire pourrait être une alternative aux énergies fossiles émettrices de gaz à effet de serre, mais c'est une énergie extrêmement coûteuse qui ne serait pas en fonction si ce n'était pas des subventions. Le combustible nucléaire est aussi une énergie finie, donc les prix vont monter pendant que le problème de disposition des déchets nucléaires reste non résolu.

En tant que pays nordique, le Canada est particulièrement vulnérable aux changements climatiques. Les régions polaires se réchauffent plus vite que les zones tempérées ou tropicales -- les Inuits en ont remarqué les impacts grandissant depuis des décennies. En ayant le plus long littoral de tous les pays du monde, nous sommes également assujettis à la montée du niveau de la mer. Et notre économie repose sur des activités dépendantes du climat comme l'agriculture, la foresterie, la pêche, le tourisme et les sports d'hiver, activités qui ressentent déjà les impacts des changements climatiques.

Où sont le leadership politique et la volonté de confronter les changements climatiques? Nous en voyons un peu de la part d'individus, d'organisations et de municipalités. Mais quand est-il de nos provinces? Tout comme la perte catastrophique de la morue du nord au large de Terre-Neuve nous a mis en garde contre les pratiques non durables, la destruction d'arbres d'une valeur équivalente à 65 milliards de dollars par la dendroctone du pin de montagne - qui était gardée autrefois sous contrôle par les hivers ayant une température en dessous de -30 C pour une semaine ou plus - devrait convaincre la province d'en prendre note.

Où est le leadership? Auparavant salué pour ces politiques comme la taxe carbone et ces accords énergétiques avec la Californie, les leaders politiques de la Colombie-Britannique ont maintenant adopté le gaz naturel liquéfié (GNL), affirmant que l'expansion de l'industrie va créer des centaines de milliers d'emplois et ajouter des milliards de dollars aux coffres provinciaux - ayant à l'esprit qu'aucune personne au pouvoir ne pourrait être tenu responsable de ces promesses parce qu'elles ne seront pas réalisées avant plusieurs élections.

GNL devrait être étiqueté GFL: gaz fracturé liquéfié. La fracturation hydraulique nécessite de pomper des millions de litres d'eau mélangés à des produits chimiques profondément dans le sous-sol pour briser le schiste et libérer le gaz incorporé. C'est moyen à court terme de s'approvisionner en énergie avec des impacts écologiques à long terme sur l'eau et sur les organismes qui pourraient se retrouver à cet endroit. (On pensait autrefois que la vie s'arrêtait au substrat rocheux, mais nous savons maintenant que des bactéries se retrouvent à au moins 10 kilomètres de profondeur.)

Le gaz fracturé est majoritairement du méthane, un gaz à effet de serre plus de 30 fois plus puissant que le dioxyde de carbone. Des études révèlent que les fuites se retrouvant autour des sites de fracturation peuvent être suffisamment élevées pour influer sur les changements climatiques plus que le charbon! Le qualifier de «combustible de transition» entre le charbon ou le pétrole et les énergies renouvelables est un non-sens. Et la fracturation est reconnue pour causer des activités sismiques.

Si nos dirigeants sont sérieux à propos de la santé à long terme et de la prospérité, ils doivent arrêter de se concentrer sur les profits à court terme provenant des développements d'énergies fossiles et leur exportation et devrait commencer à s'engager dans de sérieuses conversations sur le futur énergétique.

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