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Bienvenue dans un monde extrême qui se réchauffe

Malgré le fait que plusieurs dirigeants mondiaux reconnaissent le problème, l'entente récente du G7 en vue de «décarboniser» notre énergie d'ici la fin du siècle est une horrifique blague.
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Vancouver, ma ville natale, est dans une forêt humide, alors on célèbre les journées ensoleillées. Les gens me disent qu'ils aiment ce climat sec qu'on a depuis quelque temps, mais ils ajoutent invariablement que ce n'est pas normal, surtout avec la fumée provenant des feux de forêt.

Sans la couverture neigeuse des montagnes et avec le peu de pluie qu'on a reçue ce printemps, les rivières, les ruisseaux et les réservoirs sont actuellement à des niveaux qu'on ne retrouve normalement qu'à l'automne. Les espaces verts sont bruns. Les bleuets, les fraises et d'autres produits agricoles ont mûri hâtivement de plusieurs semaines. Les feux de forêt s'embrasent ici et dans tout l'Ouest canadien. Pendant ce temps, Kamloops, au climat plutôt sec, a enregistré des inondations records, tout comme Toronto. Le Manitoba, lui, a été frappé par plusieurs tornades et par de la grêle de la taille de balles de golf.

Partout, le climat est inhabituel. La Californie est pour la quatrième année consécutive victime d'une grave sécheresse. L'Espagne, le Portugal, l'Inde et le Pakistan ont enregistré des températures records, si élevées qu'elles provoquent des feux de forêt et entraînent plusieurs milliers de décès et maladies causées par la chaleur. Les fortes pluies, les inondations et un nombre inhabituel de tornades ont frappé le Texas, l'Oklahoma et le Mexique, provoquant plusieurs décès et de graves dégâts matériels.

Les causes probables sont complexes : un courant-jet qui se bloque, El Niño, des variations naturelles et les changements climatiques. Même s'il est difficile d'attribuer tous ces évènements au réchauffement climatique, les climatologues nous avertissent depuis plusieurs années que de tels évènements extrêmes pourraient survenir et s'amplifier avec le réchauffement de la planète. Certains spécialistes soutiennent que les étranges comportements du courant-jet et d'El Niño, cette année, sont attribuables aux changements climatiques qui, eux, sont affectés par la diminution de la glace de mer arctique.

Plusieurs recherches actuelles nous indiquent un lien direct entre l'augmentation de la fréquence d'évènements climatiques extrêmes et les changements climatiques. Une étude du centre de recherche atmosphérique du Colorado démontre que les hausses des températures de l'atmosphère et de la surface des océans ont fait augmenter la vapeur d'eau dans l'atmosphère d'environ cinq pour cent depuis les années 1950. D'après cette recherche, publiée dans la revue scientifique Nature Climate Change, ces hausses de température ont provoqué l'intensification de la force des tempêtes. Les ouragans et les typhons se forment sur des océans qui sont 19 centimètres plus élevés qu'ils ne l'étaient au début des années 1900. Cette élévation du niveau de la mer augmente la hauteur des vagues et des marées qui envahissent plus profondément les terres lors des tempêtes.

«L'accumulation de chaleur dans l'atmosphère peut expliquer en grande partie la hausse des températures extrêmes, le processus étant le même pour une baisse moyenne de froid extrême, dans certaines régions de l'Amérique du Nord, de l'Europe et de l'Asie», explique une recherche de l'Université de Stanford qui conclue néanmoins que l'influence de l'activité humaine sur la circulation atmosphérique, qui a aussi un impact sur les changements climatiques, est encore mal connue.

Il n'y a aucun doute que la Terre subit des évènements climatiques extrêmes et ce plus souvent qu'auparavant. Nous pouvons nous attendre à ce que cela empire puisque nous faisons brûler plus de charbon, de pétrole et de gaz, chargeant ainsi de plus en plus l'atmosphère de gaz carbonique, mais aussi d'autres gaz à effet de serre. Cet envoi massif de gaz dans l'atmosphère peut engendrer d'importantes et coûteuses conséquences sur toutes les sphères de l'activité humaine, tant sur l'agriculture que sur les infrastructures, mais aussi sur la santé et la vie humaine.

Comme le pape François l'a souligné, les changements climatiques et la justice sociale sont étroitement liés : « L'environnement humain et l'environnement naturel se dégradent ensemble, et nous ne pourrons pas affronter adéquatement la dégradation de l'environnement si nous ne faisons pas attention aux causes qui sont en lien avec la dégradation humaine et sociale. »

C'est pourquoi tant de citoyens du Canada et de partout au monde demandent que les choses changent alors que des dirigeants des gouvernements se préparent pour le sommet de Paris. Des dirigeants religieux comme le pape François et le Dalaï-Lama ; des organismes mondiaux comme la Banque mondiale, le Fonds monétaire international, l'Agence internationale de l'Énergie et l'Organisation mondiale de la santé ; des entreprises comme Microsoft, IKEA et General Motors ; et des millions de gens comme ceux qui ont participé à la marche pour l'emploi, la justice et le climat, à Toronto, le 5 juillet : tous comprennent que le futur de l'humanité est tributaire d'un rapide changement de notre manière d'obtenir et d'utiliser l'énergie.

Malgré le fait que plusieurs dirigeants mondiaux reconnaissent le problème, l'entente récente du G7 en vue de «décarboniser» notre énergie d'ici la fin du siècle est une blague terrifiante. Aucun des politiciens qui s'engagent aujourd'hui ne sera vivant pour affronter la responsabilité d'atteindre la cible, et cette échéance lointaine ne tient pas compte de l'urgence du besoin de réduire immédiatement notre utilisation des combustibles fossiles.

Les gouvernements provinciaux et municipaux ont ouvert la voie pour trouver des solutions. Il est temps que les dirigeants fédéraux fassent preuve d'un réel courage et d'une véritable vision d'avenir en vue du sommet de Paris à la fin de l'année.

Rédigé en collaboration avec Ian Hanington, éditeur en chef de la Fondation David Suzuki.

Pour en savoir plus www.davidsuzuki.org/fr

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