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Les services essentiels du gouvernement libéral

Que dire de la crédibilité du gouvernement libéral à vouloir protéger les services dispensés à la population, alors que sa politique budgétaire réduit l'offre et la qualité de ces mêmes services publics?
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Avec l'arrivée de l'automne, l'affrontement entre les syndiqués de la fonction publique et parapublique et le gouvernement libéral de Philippe Couillard s'annonce inévitable. On peut s'attendre à ce que la rhétorique se réchauffe de part et d'autre, que les mandats de grève soient adoptés, que la circulation automobile fasse place aux manifestations encadrées par une police qui, contrairement à sa «gestion» coercitive des manifestations étudiantes, se fera discrète.

Pour que le tableau soit complet, il faut bien sûr ajouter l'adoption, tambour martial battant, d'une loi spéciale forçant le retour au travail en invoquant la loi sur les services essentiels dans le but de protéger l'intérêt des «usagers» (terme dépolitisé s'il en est un). Québec solidaire et le Parti québécois (PQ) dénonceront cette loi au nom de la démocratie et du droit de grève (quoique sur ce point, le PQ dirigé par un baron de la presse et un champion des lockouts devrait se garder une gêne). La Coalition avenir Québec sera comme d'habitude imprévisible, ce qui n'est pas un compliment mais souligne plutôt le côté fondamentalement opportuniste de François Legault, qui se cherche désespérément un espace politique à occuper.

Revenons à cette question des services essentiels. Si le PQ sous Péladeau sera mal placé pour dénoncer une mesure coercitive dans les relations de travail, que dire de la crédibilité du gouvernement libéral à vouloir protéger les services dispensés à la population, alors même que sa politique budgétaire réduit l'offre et la qualité de ces mêmes services publics?

Dans tout cela, ce qui ressort, c'est que le gouvernement ne sera pas en mesure de prendre la posture du représentant officiel de l'intérêt général, intérêt qui commande notamment que les services publics demeurent abondants et de qualité pour la population. Tandis que les revendications des syndiqués iront davantage dans le sens de cet intérêt général, puisque leurs demandes recoupent les besoins de la population dans le maintien des services publics. Le gouvernement cherchera néanmoins à présenter les revendications syndicales comme étant égoïstes et déphasées par rapport à la capacité de payer des «contribuables» (un autre terme dépolitisé qui fait partie de l'arsenal discursif du gouvernement).

Mais, pour prendre les libéraux au mot, ces «contribuables» et «usagers», ces consommateurs et consommatrices de services publics qui «veulent en avoir pour leur argent», comme le martèle le gouvernement libéral, en ont-ils et elles vraiment pour leur argent?

Dit autrement, la diminution des revenus fiscaux du gouvernement et donc l'offre de services servent-ils l'intérêt général? Pour la petite minorité plus riche, la réponse est oui, car elle paie davantage d'impôts et de taxes que ce dont l'État peut lui faire bénéficier à travers les services publics comme l'éducation. Ainsi, elle pourra thésauriser (et non investir, comme le veut une certaine théorie économique fantaisiste).

Pour la vaste majorité, moins fortunée, la réponse est non, car en l'absence de l'intervention publique, elle ne pourrait se payer individuellement tous les services publics dont elle peut bénéficier présentement, contrairement à un individu nanti. La diminution des services signifie donc pour la majorité un plus grand endettement (et le paiement d'intérêts plus élevés aux banques, donc de plus hauts salaires et dividendes à la minorité possédante) pour le maintien de ses conditions de vie (soins de santé, garderie, études postsecondaires pour les enfants, etc.)

Donc, le maintien d'un État providence recoupe l'intérêt de la vaste majorité des citoyens et citoyennes, alors que son recul favorise la minorité possédante. Les syndiqués de la fonction publique et parapublique, en cherchant à préserver leurs conditions de travail, s'opposent de la sorte au régime minceur que le gouvernement libéral veut faire subir à l'État pour le rendre plus «efficace». Efficace pourquoi? Pour aider à l'accaparement privé de la richesse créée collectivement.

Ces syndiqués, qui sont aussi citoyens, usagers et contribuables, appartiennent à cette majorité qui a intérêt au maintien du modèle social québécois. Ces syndiqués représentent alors l'interlocuteur qui est le plus crédible pour parler au nom de l'intérêt général à la table de négociation avec le gouvernement.

Le gouvernement aura beau marteler le maintien des services aux «usagers», la capacité de payer des «contribuables» ou toutes autres armes rhétoriques creuses, il n'en demeure pas moins que l'acteur politique qui contrevient présentement au principe du maintien des services essentiels est le gouvernement libéral.

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