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Motion M-103, une étape majeure vers la recriminalisation du blasphème

Tout le monde doit s'élever contre cette mesure. Nos leaders politiques doivent abandonner immédiatement cette odieuse motion et s'occuper plutôt d'abroger l'exception religieuse 319(3)b dans la loi sur la propagande haineuse, car cette exception accorde l'impunité aux religions.
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La motion M-103, présentée au parlement canadien par la députée Iqra Khalid, ayant pour titre « Racisme et discrimination religieuse systémiques », prétend qu'un « climat de haine et de peur [...] s'installe dans la population » et a pour but principal de « condamner l'islamophobie et toutes les formes de racisme et de discrimination religieuse systémiques ».

Cette motion constitue-t-elle une menace pour la liberté d'expression ? L'Association canadienne ces libertés civiles (CCLA) veut nous rassurer. Selon sa déclaration du 17 février 2017, la CCLA rappelle que la M-103 ne restreint ni ne censure la parole. De plus, elle n'est ni un projet de loi ni une loi, elle n'a ni valeur juridique ni effet, et elle n'a pas encore été adoptée. Selon la CCLA, parler de menace ne serait qu'« hyperbole et exagération ».

Mais la CCLA trahit ainsi une naïveté et une myopie flagrantes. Ce qui manque à son analyse, ce sont les mots « pas encore ». La motion M-103 ne criminalise pas le blasphème, d'accord. Mais cette motion s'inscrit évidemment dans une stratégie à long terme dont le but est de stigmatiser et ensuite supprimer toute critique de l'islam et de sa variante politique l'islamisme. Cette stratégie se constate tant par le contexte dans lequel la motion est présentée que dans le langage qu'elle emploie.

On commence à débattre de cette motion dans la foulée de l'horrible tuerie anti-musulmane survenue dans une mosquée de Québec le 29 janvier. Profitant cyniquement de la grande vague de sympathie pour les gens si cruellement touchés par ce crime, des tendances politiques fort douteuses -- certaines prétendant faussement représenter l'ensemble des musulmans -- ont monté le volume de leurs campagnes, déjà existantes, pour dénoncer la soi-disant « islamophobie » et pour inventer un nouveau fléau inexistant sous le nom « racisme systémique ». Ces tendances politiques sont férocement anti-laïques et ont pris l'habitude de diffamer les partisans de la laïcité en leur intimant une sorte de complicité dans cette horrible tuerie, comme si le simple fait de prôner un État sans ingérence religieuse était une incitation au meurtre.

L'utilisation du mot « islamophobie » est complètement inappropriée dans ce contexte, car, s'il existe un problème de discrimination ou de haine contre les musulmans, alors il s'agit de préjugés anti-musulmans, contre de vraies personnes et non contre la religion de l'islam. Les problèmes que pose ce terme extrêmement douteux sont bien connus et exposés par de nombreux auteurs et commentateurs. Et le titre et le texte de la M-103 confondent allègrement racisme et discrimination religieuse, comme si les deux étaient synonymiques, tandis qu'il s'agit de deux phénomènes complètement distincts.

La motion M-103 crée une confusion intentionnelle et inacceptable entre religion et race.

D'ailleurs, il est toujours important de distinguer les idées (comme une religion telle que l'islam) des humains (comme les musulmans). La motion M-103 crée une confusion intentionnelle et inacceptable entre religion et race. De plus, la Charte canadienne des droits et libertés fournit déjà une protection contre la discrimination basée sur la religion.

Selon Charb, caricaturiste de Charlie Hebdo assassiné avec ses collègues par les terroristes islamistes le 7 janvier 2015, les « escrocs de l'islamophobie [...] font le jeu des racistes » en semant cette confusion. Selon Mathieu Bock-Côté, « L'islamophobie n'est pas un concept rigoureux: c'est une arme de guerre idéologique pour faire taire ceux qui abordent l'islam avec scepticisme plutôt qu'avec enthousiasme. » (Le chantage à l'islamophobie) Selon Ali A. Rizvi (The Phobia of Being Called Islamophobic), le terme islamophobie ne sert qu'à mettre l'islam à l'abri de toute critique; c'est comme si, chaque fois qu'on critiquait la saleté de la cigarette, on se faisait accuser de traiter les fumeurs de salauds.

Selon Fatima Houda-Pepin, le but du terme islamophobie est de « faire taire toute réforme interne à l'islam ou tout questionnement en lien avec les mouvances islamistes radicales, à l'œuvre en Occident, afin de leur permettre d'avancer leur programme politique en toute impunité. » (Islamophobie et droits de la personne)

Pour moi, ce terme « islamophobie » est le résultat de la convergence de l'obsession chrétienne du péché avec la conception islamiste du blasphème contre Allah, dieu totalitaire. La recette se complète par un saupoudrage d'angélisme chrétien malsain.

Cette motion M-103 s'inscrit dans la même stratégie que les diverses résolutions contre la « diffamation des religions » présentées devant l'ONU par l'Organisation de la coopération islamique. Elle s'inscrit aussi dans la même tendance que la démarche de la djihadiste légale Zunera Ishaq qui a gagné, devant la Cour fédérale, le « droit » de porter le niqab lors de la cérémonie de citoyenneté. Tous trois sont des exemples de démarches des islamofascistes (c'est-à-dire, de l'islam politique, radical et intégriste) qui ont pour but de répandre les valeurs liberticides et obscurantistes de l'islam politique partout où une ouverture se présente.

Que cette motion M-103 soit présentée par Iqra Khalid n'a rien de surprenant. Mme Khalid est connue pour ses accointances avec des organismes somme ISNA (Islamic Society of North America). Elle s'est jointe au Parti libéral du Canada seulement quelques mois avant d'être nommée candidate en vue des élections fédérales de 2015.

Il y a au Canada une vieille loi qui interdit le blasphème, l'article 296 du Code criminel. Cette loi n'a pas été utilisée depuis des décennies et il est bien possible qu'elle soit abrogée, dans un avenir pas trop lointain. Mais si la motion M-103 est adoptée, et si par la suite les islamistes et leurs dupes poursuivent dans la même veine, nous aurons bientôt une nouvelle loi qui recriminalisera le blasphème. Cette nouvelle loi sera bien pire, bien plus dangereuse que l'article 296, car elle privilégiera une religion en particulier, l'islam, au détriment des autres, créant ainsi des inégalités qui ne peuvent que causer rancœurs et conflits interreligieux. De plus, tandis que l'article 296 est tombé en désuétude, l'application assidue de cette nouvelle loi, ce nouveau délit de blasphème, de lèse-majesté, de lèse-Allah, sera assurée par une armée de fanatiques islamistes et leurs alliés et dupes multiculturalistes.

Si la situation n'était pas si grave, il serait assez rigolo de lire une motion qui ose dénoncer à la fois l'« islamophobie » et la haine. Après tout, le livre central de l'islam, le coran, est truffé de propos haineux nombreux et virulents, contre les incroyants, contre les juifs, contre les femmes. Quelle hypocrisie !

Il s'agit, à moyen ou à long terme, d'une menace très grave pour la liberté d'expression au Canada. Tout le monde doit s'élever contre cette mesure. Nos leaders politiques doivent abandonner immédiatement cette odieuse motion et s'occuper plutôt d'abroger l'exception religieuse 319(3)b dans la loi sur la propagande haineuse, car cette exception accorde l'impunité aux religions.

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Mai 2017

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