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Les organismes caritatifs puisent dans un bassin déclinant de donateurs vieillissants

Nous devons stimuler le don chez les plus jeunes et les Néo-Canadiens.
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La générosité des Canadiens est indiscutable. Selon les données des déclarants, ils donnent chaque année plus de 14 milliards $ à des organismes caritatifs. Toutefois, notre solide culture du don, si essentielle à notre qualité de vie, est de plus en plus fragile.

La Fondation Rideau Hall (FRH), en collaboration avec Imagine Canada, vient de publier un rapport phare intitulé Trente ans de don au Canada, qui analyse le don caritatif et les habitudes de 1985 à 2014. Cette étude dresse un portrait très nuancé de l'avenir de la philanthropie. Ses conclusions suscitent à la fois l'inquiétude et l'optimisme.

Commençons par les moins bonnes nouvelles : les dons ont connu une chute dans toutes les tranches d'âge. Par ailleurs, 74% des sommes sont versées par des donateurs de 50 ans et plus.

Après un sommet en 1990, la proportion de déclarants ayant réclamé des dons a chuté du tiers environ, tandis que le montant moyen réclamé a presque doublé. Le montant total des dons a continué d'augmenter uniquement parce que ceux qui donnent versent davantage. Autrement dit, les organismes caritatifs puisent dans un bassin sans cesse déclinant de donateurs aisés.

La conclusion s'impose d'elle-même. Les organismes caritatifs doivent stimuler le don chez les plus jeunes et les Néo-Canadiens. Heureusement, ces groupes sont un terreau fertile pour les organismes caritatifs, qui peuvent en faire davantage pour accroître le don. Mais, le temps presse.

En effet, les organismes caritatifs doivent innover pour accroître leur efficacité et la qualité de leur service. Ils doivent faire preuve de plus de transparence pour mériter la confiance du public. Ils doivent aussi maîtriser davantage le numérique et les médias sociaux pour rejoindre les jeunes et les Néo-Canadiens.

Selon le rapport de la FRH, les motivations des jeunes sont fortes : compassion pour les gens dans le besoin, engagement personnel pour une cause et désir de contribuer à la collectivité.

Pourtant, les jeunes relèvent des freins au don. Ils sont plus susceptibles de mentionner l'absence de sollicitation ou le fait de ne pas savoir où donner. Par contre, les jeunes donateurs manifestent un niveau de confiance plus élevé à l'endroit des organismes caritatifs.

Le rapport suggère que les jeunes sont disposés à donner, mais ne sont pas sollicités de façon efficace.

Je suis encouragé, mais pas surpris, par les constats de l'étude sur la propension des Néo-Canadiens à donner et sur leur contribution à l'avenir d'un Canada meilleur. Le rapport réfute l'idée que les Néo-Canadiens soient moins généreux. En fait, le montant moyen annuel des dons versés par les nouveaux citoyens est de 672 $ contre 509 $ pour les Canadiens de naissance. La générosité des citoyens non canadiens est aussi très significative. Malgré leurs revenus plus modestes et une moins grande connaissance de la société canadienne, le montant moyen de leurs dons s'élève à 450 $.

Le montant moyen annuel des dons versés par les nouveaux citoyens est de 672 $ contre 509 $ pour les Canadiens de naissance.

Le portait dressé dans ce rapport me rappelle l'époque où je présidais les cérémonies de citoyenneté dans lesquelles j'encourageais nos tout nouveaux citoyens à s'engager dans leur collectivité. Ces chiffres renforcent ma vision du Canada : une nation de nations, que ses différences rendent plus solide. Nous devrions éprouver fierté et humilité devant ces Néo-Canadiens qui contribuent autant aux organismes caritatifs.

La présence grandissante des femmes en philanthropie constitue une autre source d'optimisme. Au cours des 30 dernières années, les femmes ont constamment gagné du terrain parmi les donateurs. La disparité salariale est le seul facteur qui freine leur élan. Lorsque leur revenu augmentera, elles seront de plus en plus nombreuses à donner.

J'ai créé la Fondation Rideau Hall pour accroître la portée et l'influence du Bureau du gouverneur général et pour collaborer avec des partenaires de partout au pays afin de bâtir un Canada meilleur. La FRH s'est donné comme objectif clé d'élargir le bassin de donateurs en renforçant le don comme valeur canadienne fondamentale.

Les organismes caritatifs constituent un puissant catalyseur pour la générosité, la compassion et les valeurs intrinsèques qui nous définissent comme peuple bienveillant.

Il revient à chacun d'entre nous de soutenir les organismes caritatifs. Nous devons tous réfléchir à la contribution du secteur caritatif à notre société. Les organismes caritatifs constituent un puissant catalyseur pour la générosité, la compassion et les valeurs intrinsèques qui nous définissent comme peuple bienveillant. Plus de 13 millions de Canadiens font du bénévolat au sein d'organismes caritatifs pour appuyer des causes qui leur tiennent à cœur et aider les démunis.

Toute diminution dans la capacité d'agir de ce secteur représente une perte pour nous tous. La prochaine fois que l'on vous sollicitera pour une cause qui reflète vos valeurs, réfléchissez bien. Nous avons tous un rôle à jouer dans l'avenir de la philanthropie, car nous avons tous un rôle à jouer dans l'avenir du Canada.

Avril 2018

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