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Les trois raisons de la visite de Xi Jinping à Davos

Pour son premier voyage à l'étranger en 2017, le président chinois a choisi la Suisse en portant une attention particulière aux symboles et au contenu de sa visite au Forum économique mondial.
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Pour son premier voyage à l'étranger en 2017, le président chinois Xi Jinping a choisi la Confédération suisse et, avec une attention particulière portée aux symboles et au contenu de sa visite, il tentera d'y transmettre trois messages principaux dans un monde qui traverse de sérieuses turbulences économiques et politiques.

En premier lieu, son passage à la représentation des Nations-Unies à Genève, ville de paix, de négociation et de dialogue, illustre l'adhésion de la Chine à l'internationalisme et son engagement continu pour la construction d'une meilleure gouvernance mondiale. La Chine de Xi est une puissance ouverte qui se veut être un coarchitecte proactif d'un ordre international inclusif et pacifique.

Deuxièmement, la participation du président chinois au Forum économique mondial indique que Pékin est plus impliqué que jamais dans l'économie mondiale puisque Davos, dont le contenu est divers et stimulant, reste avant tout une réunion de femmes et d'hommes d'affaires.

Devant les chefs d'entreprise venant du monde entier et réunis dans les Alpes, comme il l'a déjà fait lors du Sommet de l'APEC de Lima en novembre 2016, Xi répétera que Pékin soutient le libre-échange -- la Chine et la Suisse ont signé un accord de libre-échange en 2013 -- et veut voir le multilatéralisme au centre du jeu des affaires internationales.

Troisièmement, en choisissant un pays européen pour sa première visite à l'étranger au cours d'une année qui sera marquée par le 19e Congrès du Parti communiste chinois, Xi indique que les relations sino-européennes ne sont pas seulement de la plus haute importance dans un monde défini par la multipolarité, mais elles sont également essentielles pour la réalisation de la Nouvelle Route de la Soie.

Ces messages doivent être interprétés par contraste avec une série de positions prises par Donald Trump depuis son élection du 8 novembre dernier.

Comme la tradition chinoise le souligne, la non-action peut être l'action la plus productive, se souvenant de cette paradoxale sagesse, Xi ne mentionnera pas directement les provocations du nouveau président américain, mais ses non-réponses constitueront des réponses des plus efficaces au Washington de Trump.

Alors que le 45e président des États-Unis d'Amérique proclame que les intérêts américains doivent toujours avoir la priorité, alors qu'il souligne les imperfections de l'ONU en oubliant d'évoquer son importance pour la paix dans le monde, ou qu'il exprime des doutes sur la réalité du dérèglement climatique, Xi Jinping place l'universalisme responsable de la Chine au centre de ses discours.

Dans cette perspective, la rencontre de Genève entre le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, et le président chinois ouvrira un chapitre de coopération renforcée entre l'organisation internationale qui a maintenant 72 ans et la nation la plus peuplée du monde.

Tandis que Donald Trump prend le risque d'une guerre commerciale avec la seconde puissance économique mondiale en s'apprêtant à lui appliquer des mesures protectionnistes, Pékin agit pour soutenir la croissance mondiale par ses efforts pour stimuler le commerce entre les nations.

Xi Jinping qui a jusqu'ici fait preuve de patience stratégique face au changement de comportement américain à l'égard de la Chine, montre son aptitude à gérer la complexité dans un monde en grand besoin d'équilibre et de développement inclusif.

Si les États-Unis, depuis l'élection de Donald Trump, ont été à la source de tensions inutiles à travers le Pacifique, la visite de Xi au cœur de l'Europe rappelle que dans un monde multipolaire, la Chine peut trouver des partenaires économiques et politiques en dehors de l'Amérique du Nord.

S'appuyant sur de nouvelles formes d'unilatéralisme et sur une obsession pour le « hard power », la puissance coercitive, Donald Trump veut « redonner sa grandeur à l'Amérique » --"make America great again" --, mais en choisissant l'internationalisme, le multilatéralisme et l'équilibre multipolaire, Xi Jinping est non seulement pleinement en phase avec notre temps, mais il donne également de la Chine une image nouvelle et un statut de référence dans les domaines du développement partagé et de la gouvernance mondiale.

La véritable grandeur d'une nation ne peut s'autoproclamer et être imposée par l'hégémonisme, elle est la reconnaissance par les autres de la contribution sur le long terme de ce pays au bonheur et à la paix de l'humanité.

L'opinion publique mondiale dira, en effet, ce qui relève de la grandeur, le populisme spectaculaire qui prétend élever un pays au-dessus de tous les autres ou la renaissance d'une civilisation qui vise à être la source d'une plus grande harmonie.

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Mai 2017

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