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Le confort de la paresse intellectuelle

La différence entre le fait d'avoir des idéaux et être un idéaliste réside dans la capacité, ou le désir, de confronter ses idées, de les passer dans le moulinet du test de réalité. Certains membres d'Option nationale et de Québec solidaire me font davantage penser à une clique d'admirateurs qu'à des membres d'un parti politique.
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La différence entre le fait d'avoir des idéaux et être un idéaliste réside dans la capacité, ou le désir, de confronter ses idées, de les passer dans le moulinet du test de réalité. Certains membres d'Option nationale et de Québec solidaire me font davantage penser à une clique d'admirateurs qu'à des membres d'un parti politique. On dirait qu'on est plus intéressés à se réunir en gang «qui pensent pareil» que de rencontrer des gens avec qui créer une dynamique où les idées évoluent. Je ne mets pas tous ces membres dans le même panier; c'est pour ça que j'ai parlé de «certains membres».

On l'a déjà dit: une élection n'est pas un test de pureté, c'est un événement où on se partage une tarte en plusieurs pointes. Surtout quand on est souverainistes, on devrait vouloir s'unir, mais un dogmatisme plane sur plusieurs souverainistes. Chez QS, il faut que le pays soit de gauche, sinon, on n'est pas intéressés. Chez ON, je ne sais pas trop; je ne perçois pas leur raison d'être, contrairement à QS pour qui la gauche est leur leitmotiv.

Option nationale trouve que le Parti québécois n'en fait jamais assez pour concernant le projet de souveraineté? J'ai l'impression qu'ON ne sera pas satisfaite tant qu'il n'y aura pas un référendum. Les membres le veulent-ils à tout prix; même au risque de le perdre? C'est ça un caribou; c'est un partisan politique qui fonce, sans penser aux conséquences. Cela révèle plus un nombrilisme exacerbé et le dogmatisme irrationnel (pléonasme...) qu'une réelle volonté de faire évoluer le peuple. Je suis pour une promotion bien soutenue de la souveraineté, mais si le sucre à la crème est bon, en manger trop, ça écœure. Et il faut user d'un minimum de stratégie en politique, ce que semblent oublier des membres d'ON et QS. Le timing, c'est important. Savoir écouter le peuple, c'est important. Sinon, on carbure à l'auto-aveuglement.

Quand Aussant, dont on reconnaît tous (moi le premier) plusieurs talents, exprime des faussetés, comme celle où ON serait le seul parti vraiment souverainiste (alors que le PQ vient de lancer la plus grande opération de promotion de la souveraineté hors période référendaire, et alors que Québec solidaire se proclame souverainiste) - et que plusieurs de ses membres/admirateurs répètent cela ab nauseam -, il faudrait s'empêcher de penser qu'il y a du dogmatisme et/ou de la game politique dans ça?

Parce qu'on veut tellement, au point de perdre le Nord, et qu'on fonce tête basse en ignorant les conséquences, on serait mieux, plus purs, que les autres? Pourquoi faire un lien de cause à effet entre le volontarisme et la vertu?

Malheureusement, une clique (une autre...) de bien-pensants de la classe médiatique, suit la parade sans remettre en question certaines affirmations douteuses, comme celle où Aussant dit, dans un magazine plus hip que sophistiqué, que si René Lévesque était vivant, il serait un membre d'Option nationale...

Personne de la clique médiatique bobo-fausse gauche ne s'est dit: «Coudon, il se prend pour Jojo Savard ou pour liseur de poche de thé celui-là pour spéculer sur ce qu'une personne décédée depuis 25 ans ferait?!»

Eh bien non... Même si on parle de René Lévesque de cet homme libre par excellence, d'un grand intellectuel et du plus grand héros national de l'histoire moderne (ou de l'histoire totale du Québec), on ne bronche pas. Faire de la spéculation de haute voltige sur René Lévesque, ça passe comme du beurre dans la poêle chez les bien-pensants et les biens branchés médiatiques du Québec?...

On ne fait pas parler les morts. Point. Et le faire, relève soit du manque de jugement, soit d'une volonté d'influencer, de jouer la game politique. Je ne crois pas que Jean-Martin Aussant manque de jugement à ce point...

Mon but ici est de poser des questions (il y en a d'ailleurs plusieurs ci-haut), pas de démoniser un individu qui a un potentiel. Mais le sens critique est bénéfique et son absence, néfaste. Quand on aime quelqu'un, on ne l'épargne pas de critiques constructives. Au contraire. Quand on l'épargne, on nourrit le culte de la personnalité, et c'est ce que je perçois des plusieurs membres d'ON, et de QS, d'ailleurs. Y a-t-il des sectaires au PQ et dans les autres partis? Bien sûr, mais je constate un double standard dont bénéficient ces deux partis politiques, notamment de la part de la classe médiatique.

Il semble que c'est un tabou de questionner les propos de quelques adulés, et c'est ce qu'on appelle du monolithisme.

Se poser des questions, c'est forçant, ça dérange, ça demande de se mettre dans l'insécurité, ça nous sort de notre zone de confort. Certains choisissent de faire des choix politiques dont ils savent qu'ils ne seront jamais confrontés au test de réalité. Choisir de devenir membres de partis qui vendent le paradis sans confession, qui se croient supérieurs aux autres, et constater que des membres ne remettent aucunement cette prétention, ça relève du religieux, c'est vide de sens, c'est chimérique...

C'est en effet rassurant et confortable de rester dans son petit monde imaginaire aseptisé où on ne sera jamais sous les feux de la rampe. Mais n'est-ce pas là un signe de manque de courage, d'immaturité et une démonstration de paresse intellectuelle?...

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