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Débat Obama-Romney: Made in New York #1

Un mot-clef, "middle-class", revient comme un marqueur à chaque réponse des deux concurrents. "Les familles moyennes sont broyées", par votre politique, lance Romney, offensif. Obama masque l'accent dédaigneux qui plisse ses lèvres derrière un sourire exagéré. On entre dans le vif du sujet. Au bar, les voix s'élèvent à mesure que les verres se vident.
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US President Barack Obama (L) and Republican presidential candidate Mitt Romney finish their debate at the University of Denver in Denver, Colorado, October 3, 2012. After hundreds of campaign stops, $500 million in mostly negative ads and countless tit-for-tat attacks, Obama and Romney go head-to-head in their debut debate. AFP PHOTO / Saul LOEB (Photo credit should read SAUL LOEB/AFP/GettyImages)
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US President Barack Obama (L) and Republican presidential candidate Mitt Romney finish their debate at the University of Denver in Denver, Colorado, October 3, 2012. After hundreds of campaign stops, $500 million in mostly negative ads and countless tit-for-tat attacks, Obama and Romney go head-to-head in their debut debate. AFP PHOTO / Saul LOEB (Photo credit should read SAUL LOEB/AFP/GettyImages)

Le maillot bleu de Lawrence Taylor, numéro 56 des New York Giants, surplombe le portrait dédicacé de deux joueurs des Yankees. Une enseigne au néon découpe le sigle Budweiser au-dessus des toilettes. Mais ce soir, c'est un match inhabituel qui se joue sur les murs de Pourhouse, un "sport bar" d'Amsterdam Avenue, à New York : Romney-Obama. Première manche.

A 21h00 précises, les sept écrans géants du pub basculent sur CNN. Et les deux candidats succèdent aux Yankees qui menaient 7 à 1 les Red Sox de Boston. Accolade de pure forme sur la scène de l'Université de Denver (Colorado). Tonnerre d'applaudissements dans le bar new-yorkais où une foule d'étudiants de Columbia est venue soutenir le président-candidat, leur prédécesseur de trente ans sur les bancs de la prestigieuse université.

"Faisons un jeu", lance Valérie Hopkins, élève de Master à l'école de journalisme: "un verre cul-sec à chaque fois qu'ils évitent une question. Ou qu'Obama fait son drôle de rictus. Et si Romney lance une Mormonerie, deux verres!".

A Denver, les choses sérieuses commencent. Légèrement. Obama, qui fête ce soir ses vingt-ans de mariage, se souvient à voix-haute du jour qui a fait de lui "l'homme le plus chanceux de la terre". Romney répond que son rival n'aurait en effet pu célébrer cette date "de façon plus romantique qu'avec lui..." Nouvelle salve d'applaudissement dans la salle où les pintes commencent à circuler.

Romney embraye sur une anecdote de campagne. Obama détaille son programme pour l'emploi, tandis que défile, comme un électro-cardiogramme sous le visage des deux candidats, un sondage en temps réel des électeurs indécis du Colorado. Ligne verte pour les hommes. Ligne jaune pour les femmes. Ascendantes à chaque saillie. En piqué dès que la technique s'emmêle. Un trillon de déficit d'un côté. Trois trillons de réductions d'impôts de l'autre. Le débat s'équilibre et aucun des candidats ne se départit de son sourire gracieux.

Un mot-clef, "middle-class", revient comme un marqueur à chaque réponse des deux concurrents. "Les familles moyennes sont broyées", par votre politique, lance Romney, offensif. Obama masque l'accent dédaigneux qui plisse ses lèvres derrière un sourire exagéré. On entre dans le vif du sujet. Au bar, les voix s'élèvent à mesure que les verres se vident.

Obama tacle Romney sur ses affinités avec le milliardaire Donald Trump : "si c'est c'est à lui que vous pensez lorsque vous défendez les petites entreprises...". Sourires dans la salle. Romney reste stoïque. Mais déjà ce ne sont plus les écrans de télévisions que regardent les étudiants : chacun a les yeux rivé sur son téléphone portable où défilent les tweets hilarants d'internautes.

Romney, de plus en plus offensif, défie son opposant sur la réforme de l'assurance maladie: "désolé Monsieur le président mais Obamacare est sur ma liste". Le démocrate devient professoral. Son sourire s'étiole. Romney en rajoute sur son expérience "d'homme d'affaires". De gouverneur. Et gagne progressivement en stature.

A la mi-temps, plus personne ne suit réellement l'avancée du débat. On commande des frites. Et un consensus se dessine: Romney va gagner. Même la blague d'Obama sur le fait que c'est Romney, ironiquement, qui a le premier réformé le système de santé dans son état du Massachusetts passe inaperçu dans le brouhaha des conversations. On a déjà commencé à refaire match.

"Romney a été bien meilleur que je l'avais imaginé", lâche Ramon Cruz, expert en questions environnementales : "je pensais qu'il serait plus artificiel. Plus robotique". Valérie Hopkins regrette que le candidat démocrate n'ait à aucun moment parlé des pauvres, "qui représentent pourtant presque 25% de la population aujourd'hui".

Lorsqu'on en vient aux propos de clôtures, le déséquilibre s'est creusé entre les deux candidats. Dans l'image. Mais aussi le propos. Obama promet de se battre autant ces quatre prochaines années qu'il l'a fait depuis 2008. Romney parle du droit des gens à accomplir leurs rêves.

"Je suis déçue par l'incapacité d'Obama à réfuter les mensonges proférés par Romney", regrette Alia Smith, une étudiante en MBA, citant notamment le chiffrage de la réforme maladie. "On aurait dit qu'il n'était pas assez préparé", acquiesce Ramon Cruz. "Mais son entourage va l'aider à se corriger, à améliorer sa posture", avant le prochain débat. "Romney s'est exprimé avec talent", juge-t-il: "Obama a été meilleurs sur les détails. Mais qui gagne une élection grâce aux détails ?".

Les phrases qui ont fait mouche

Le débat en images :

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