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Boeing Vs. C-Séries, une semaine après

Nous devons demeurer vigilants et continuer de défendre avec force cette industrie que nous construisons depuis des générations.
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Bloomberg via Getty Images

Lorsque la plainte de Boeing a été jugée non recevable par la Commission du commerce international des États-Unis (USITC) c'est l'ensemble de l'aérospatial québécois qui a poussé un soupir de soulagement. Préparés au pire, nous aurons finalement eu le meilleur. Surtout que quelques jours avant, l'USITC avait accepté l'imposition de tarifs à l'importation de panneaux solaires et de machine à laver.

La force de caractère dont ont fait preuve les Québécois et les Québécoises travaillant sur le C-Séries ont été remarquables. Malgré l'épée de Damoclès qui leur planait au-dessus de la tête depuis le 27 avril 2017, ils n'ont jamais cessé de fabriquer le meilleur avion de sa génération de façon exemplaire.

Le premier mars prochain, nous aurons plus de détails sur le rejet de la plainte par l'USITC. Nous verrons par la suite si Boeing à l'intention de contre-attaquer. Sachant maintenant qu'il est sur le point de conclure une alliance avec le constructeur brésilien Embraer dont le E-Jets est un compétiteur direct du C-Séries, il devient évident que les motivations du constructeur américain n'ont rien à voir avec les emplois et la santé de l'aérospatiale au pays de l'oncle Sam. Il y a beaucoup plus de chance que l'objectif de Boeing soit de construire un mur entre le C-Séries et le marché américain ou du moins d'en retarder les ventes afin de donner une forme davantage au E-Jets.

Les dirigeants de Boeing tentent par tous les moyens de profiter du courant protectionniste de l'administration Trump pour s'en prendre à ses compétiteurs.

Les dirigeants de Boeing tentent par tous les moyens de profiter du courant protectionniste de l'administration Trump pour s'en prendre à ses compétiteurs. Depuis le dépôt de la plainte, une ambiance de guerre commerciale s'est installée dans le secteur aérospatial. Ce genre de situation menace la viabilité de l'industrie ainsi que celui de dizaines de milliers d'emplois en Amérique du Nord et en Europe y compris dans les usines de Boeing.

Aux États-Unis, des voix ont commencé à s'élever parmi les travailleurs et travailleuses pour dénoncer les actions de la haute direction de Boeing et ses décisions, axées uniquement sur les bénéfices à court terme des actionnaires et des cadres.

Pour combattre ces pratiques économiques nuisibles pour la majorité d'entre nous, nous devons augmenter notre pouvoir de négociation au-delà de nos frontières. Dans une réalité économique où les entreprises et les investisseurs coordonnent leurs activités à l'échelle planétaire, il est irréaliste d'espérer rivaliser avec eux si nos capacités d'actions ne dépassent les limites d'un lieu de travail ou d'un pays. Il faut se donner collectivement les moyens de responsabiliser les investisseurs et les entreprises. Ces derniers doivent répondre que leurs décisions lorsqu'elles ont des impacts négatifs sur nos vies.

L'arrivée d'Airbus dans le programme C-Séries

À défaut d'être idéale dans l'esprit de certains, la prise de contrôle du C-Séries par Airbus doit être considérée comme une solution acceptable. Plainte de Boeing ou pas, selon ce qui nous était présenté, la situation de Bombardier ne lui donnait pas vraiment le choix. Airbus arrive au Québec avec des moyens supplémentaires pour assurer la survie du programme C-Séries et ils se sont engagés à maintenir les 2000 emplois actuels de la C-Séries jusqu'en 2041. Il faut profiter de cette occasion pour amener le constructeur à augmenter sa présence au Québec.

Après avoir remis un mémoire au Département du Commerce américain (USDOC) dans lequel cet engagement est détaillé, difficile de voir comment Bombardier et Airbus pourraient reculer sans tous nous mettre dans le trouble.

Nous devrons attendre la décision écrite afin de voir de quelle façon l'USDOC a considéré cet élément de la plaidoirie de Bombardier avant de prendre une position finale sur cet enjeu.

Cette situation est frustrante et son constat est difficile à accepter, mais à l'heure actuelle, il serait hypocrite, irresponsable et opportuniste de dire le contraire.

Il est évident que l'argumentaire présenté par Bombardier devant les instances de l'USDOC perdrait en crédibilité et donnerait l'impression à l'institution américaine de s'être fait rouler dans la farine si le projet de ligne d'assemblage en Alabama était abandonné et que cet argument constituait un élément important de leur défense afin d'infirmer la décision. Ce serait aussi une occasion pour Boeing de porter sa cause en appel ou de déposer une nouvelle plainte.

Malgré que ce n'est pas l'envie qui nous manque, exiger de Bombardier et d'Airbus de renoncer à la ligne d'assemblage de Mobile en Alabama nous exposerait au risque de revivre la dernière année, mais avec la possibilité que la fin soit moins heureuse que celle de la semaine dernière. Cette situation est frustrante et son constat est difficile à accepter, mais à l'heure actuelle, il serait hypocrite, irresponsable et opportuniste de dire le contraire.

Mieux vaut mettre nos efforts pour éviter que ce scénario se répète. Nous devons demeurer vigilants et continuer de défendre avec force cette industrie que nous construisons depuis des générations. Pour y arriver, il faut continuer de se mobiliser et prendre position pour la création d'une politique pancanadienne de l'aérospatiale axée sur le respect des travailleurs et travailleuses, la formation, l'innovation et la recherche.

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