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Une républicaine hors du commun

Tandis que les premiers contours de la course à la présidence américaine se précisent, un événement survenu en Utah est en voie de remettre en cause certaines conventions bien établies. Une élection à la chambre des représentants a pris une tournure surprenante et elle pourrait avoir une influence tant sur le plan local que national. Les républicains de cet État parmi les plus conservateurs du pays ont choisi Mia Love pour briguer les suffrages dans le 4e district
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Tandis que les premiers contours de la course à la présidence américaine se précisent, un événement survenu en Utah est en voie de remettre en cause certaines conventions bien établies. Une élection à la chambre des représentants a pris une tournure surprenante et elle pourrait avoir une influence tant sur le plan local que national. Les républicains de cet État parmi les plus conservateurs du pays ont choisi Mia Love pour briguer les suffrages dans le 4e district. Si madame Love l'emporte en novembre, elle deviendra la première femme noire républicaine de l'histoire à siéger au Congrès.

Née à Brooklyn en 1975 de parents d'origine haïtienne, Mia Love s'est tracé un parcours peu orthodoxe. Mormone de confession, elle est devenue en 2010 la première personne de race noire à occuper le poste de maire de l'histoire de l'Utah en étant élue à Saratoga Springs après avoir siégé six ans au conseil de ville de cette même localité. Sous sa direction, la ville a mené à bien sa transition de hameau rural à véritable administration municipale tout en conservant une cote de crédit presque parfaite, événement rare pour une municipalité américaine depuis quelques années. Conservatrice dans l'âme, madame Love contraste avec la majorité des politiciens noirs américains qui sont très majoritairement identifiés à la gauche et issus du parti démocrate.

Peut-être pensez-vous qu'il s'agit d'un accident de parcours et que madame Love n'est qu'une figurante visant à faire mieux paraître son parti? Mais il n'en est rien et c'est là tout l'intérêt de la chose.

L'Utah ayant obtenu un membre du congrès supplémentaire à la suite du plus récent recensement américain, un redécoupage électoral majeur affectant tous les districts de l'État a dû être effectué. Le seul élu démocrate, Jim Matheson, a été bien embêté par le redécoupage et il a dû changer de district (passant du 4e au 2e) afin de se présenter devant un électorat qui lui soit plus favorable. Bien qu'il conserve une petite partie de son territoire original, il s'agit, pour lui aussi, d'une toute nouvelle circonscription. Bref, c'est un élu vulnérable dont la réélection n'est aucunement acquise. Le Cook Political Report, une autorité en matière électorale, identifie son siège comme étant l'un des plus vulnérables pour les démocrates et le candidat Matheson admet lui-même que la lutte sera serrée.

En 2008, Barack Obama avait enthousiasmé les électeurs américains en se montrant comme le candidat de la diversité. Depuis ce temps, il semble par contre que ce sont les républicains qui soient à l'avant-garde et qu'ils aient enfin compris qu'il est profitable de présenter des candidats issus des minorités dans des districts où il est possible de les faire élire. Il faut saluer les républicains d'Utah qui dans une proportion de 70% n'ont pas eu peur de choisir madame Love pour les représenter.

Alors que le parti républicain est souvent pointé du doigt pour son manque d'inclusion et son peu d'intérêt pour les minorités, voilà que la présence de la jeune candidate insuffle une bouffée de fraîcheur et confirme une nouvelle tendance. Amorcée en 2010 avec l'élection de deux représentants noirs (Scott en Caroline du Sud et West en Floride) et d'un sénateur d'origine cubaine (Marco Rubio en Floride), voilà que l'ouverture du parti se confirme et ébranle les démocrates qui ont longtemps tenu pour acquis leur monopole sur le vote des minorités. Ajoutez à cela la présence des gouverneurs Nikki Haley et Bobby Jindal qui sont tous deux d'origine indienne et le parti républicain se présente maintenant sous un nouveau jour.

Souhaitons bonne chance à madame Love dans sa tentative de faire tomber une barrière politique de plus au sein d'une nation trop souvent marquée par des divisions raciales. Le soir du 6 novembre, elle pourrait écrire une autre page d'histoire et démontrer une fois de plus que tout est possible au pays de l'oncle Sam.

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