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Y a-t-il une méthode Trump?

Donald Trump négocie très dur et obtient des résultats. Son individualisme qui lui a réussi en affaires va contre l'étiquette présidentielle traditionnelle et contre toute pratique diplomatique dans les relations internationales.
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Jamais n'aura-t-on vécu une telle perplexité vis-à-vis de la politique américaine. Par le passé, les présidents ont eu une politique claire. Démocrates et républicains se différenciaient par l'importance qu'ils allaient donner ou non aux services étatiques. La politique extérieure vacillait entre isolationnisme et interventionnisme. Le message présidentiel trouvait une certaine cohérence dans sa forme et sa teneur. Aujourd'hui, le message populiste est d'une simplicité remarquable, se résumant à « l'Amérique en premier. » Mais en parallèle, l'Amérique a droit à une ondée d'allégations infondées et de menaces de mise en examen pour exiger de démontrer qu'elles ne sont pas véridiques. Des déclarations soufflent le chaud et le froid en matière de politique extérieure...

Les États-Uniens et l'ensemble de la planète se demandent à qui ils ont à faire tant les frasques politiquement incorrectes du président Trump déroutent. Peut-on déceler un fil conducteur en matière de politique extérieure qui puisse révéler une méthode derrière l'apparence erratique de la politique « trumpiste »?

Ce qui ressort en premier lieu est une technique de «good cop bad cop» : Trump se plaint que l'OTAN soit désuète, mais au quartier général de l'OTAN à Bruxelles, le vice-président Mike Pence soutient fermement l'Alliance atlantique, souhaitant que les pays membres contribuent plus substantiellement à leur défense... Quelques jours plus tard, l'Allemagne a annoncé la conscription de 20 000 soldats supplémentaires à son armée et probablement que son exemple sera suivi par d'autres pays.

Trump a dénoncé l'expansion chinoise en mer de Chine et a fait état de la distinction entre Chine nationaliste et Chine communiste. Il s'est entretenu avec la présidente taiwanaise Tsai Ing-wen et a reçu en grande amitié le premier ministre japonais Shinzō Abe. Toutefois, lors de son entretien avec le président chinois Xi Jinping, il n'a pas remis en question l'unité de la Chine. Par le passé, les nombreuses demandes faites à la Chine pour contenir la Corée du Nord étaient restées sans réponse. Pour la première fois dans l'histoire, la Chine a pris des mesures concrètes contre la Corée du Nord en cessant l'importation de charbon qui constitue plus d'un tiers des exportations nord-coréennes.

En recevant le premier ministre israélien Netanyahou, Trump a déclaré ne pas se limiter à une solution de deux états. En même temps, il a demandé publiquement de ne pas ajouter de nouvelles implantations et il est fort probable qu'il sera entendu. Le message aux Palestiniens est clair. Le réjectionnisme dont ils ont fait preuve avec l'encouragement de nombreux pays et l'appui d'un plus grand nombre encore ne paiera pas. En d'autres mots, un état ne leur sera pas offert sur un plateau d'argent s'ils ne font pas d'effort pour la paix.

Trump a remis en question le libéralisme économique en retirant les États-Unis de l'Accord de partenariat transpacifique et en critiquant l'accord de libre-échange nord-américain.

Enfin, malgré les déclarations de Trump visant à améliorer les relations avec la Russie, le secrétaire à la défense Jim Mattis a présenté ce pays comme une menace. L'ambassadrice américaine aux Nations unies Nikki Haley a confirmé que les sanctions contre la Russie seront maintenues tant que la Russie continuera d'occuper l'Ukraine. Des troupes américaines protègent ostensiblement les forces rebelles et Kurdes à Menjib en Syrie, ville que les Russes s'apprêtaient à occuper ; une rencontre de coordination de hauts gradés turcs, russes et américains s'est tenue à Antalya en Turquie. Pour la première fois, l'aviation russe a bombardé l'État islamique alors que jusqu'ici elle bombardait principalement les rebelles soutenus par l'Occident.

Trump a remis en question le libéralisme économique en retirant les États-Unis de l'Accord de partenariat transpacifique et en critiquant l'accord de libre-échange nord-américain. Il s'est prononcé en faveur d'accords bilatéraux, à commencer avec le Japon et l'Angleterre. En menaçant de taxer les importations du Mexique, il a freiné le déménagement d'usines vers ce pays.

Comment faire du sens du cocktail de l'imprévisible Trump et des officiels conservateurs et prudents desquels il s'est entouré ? Trump est issu du milieu des affaires. Il négocie très dur et obtient des résultats. Son individualisme qui lui a réussi en affaires va contre l'étiquette présidentielle traditionnelle et contre toute pratique diplomatique dans les relations internationales.

Mais les choses, certaines choses, à tout le moins, bougent malgré tout...

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