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Le mythe de l'Arabie heureuse

Le mythe de «l'Arabie heureuse» se fondait sur les richesses si tant convoitées: les parfums et épices que l'on trouvait au Sud de la péninsule arabique. De nos jours, l'or noir a fait de l'Arabie un pays qui dispose d'un levier financier et politique qui fait rêver.
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De nombreux mythes entourent l'Arabie. La reine de Saba qui admirait le roi Salomon pour sa sagesse et son intelligence voyagea des confins de l'Arabie et lui offrit de nombreux présents: épices, or et pierres précieuses.

Du temps des Romains, le mythe de «l'Arabie heureuse» ou Arabia felix se fondait sur les richesses si tant convoitées: les parfums et épices que l'on trouvait au Sud de la péninsule arabique. De nos jours, l'or noir a fait de l'Arabie un pays qui dispose d'un levier financier et politique qui fait rêver.

La famille royale saoudienne asseoit son autorité sur la tradition wahhabite de l'Islam. L'Arabie jouit du prestige que lui confère la garde des lieux saints et intervient partout dans le monde pour financer la construction de mosquées et envoyer des prêcheurs wahhabites dans les institutions éducatives, sociales et culturelles islamiques. Le radicalisme de ces prêcheurs inquiète les démocraties occidentales, mais il n'en demeure pas moins que l'Arabie elle-même fait face à de nombreux mouvements contestataires sunnites dont Al Qaeda et l'État islamique, et pour cause: les contestataires veulent faire compétition en extrémisme religieux pour ébranler un régime féodal dont le pilier principal repose sur la connivence avec le clergé wahhabite.

Depuis la Seconde Guerre mondiale, l'Arabie jouit de la protection américaine. Elle s'est placée dans la sphère d'influence des États-Unis qui ont assuré la défense de son régime. Il faut rappeler qu'en son temps, l'Union soviétique avait investi des efforts considérables dans les pays arabes républicains qu'étaient l'Égypte, la Syrie et l'Irak dans le but de s'implanter en Arabie, mais en vain.

L'Égypte du président Nasser avait envahi le Yémen, mais sans arriver à ébranler l'Arabie. Toutefois, le mécontentement vis-à-vis des États-Unis du président Obama est aujourd'hui public. La crainte d'un Iran qui devienne bien plus agressif lorsqu'il ne sera plus soumis à l'embargo international, plane sur l'ensemble de la région.

Les Sunnites du Moyen-Orient craignent que l'expansionnisme chiite allant du sud de l'Irak à la Méditerranée n'engrosse ce Croissant fertile en pleine lune.

Mais l'Arabie est une puissance que l'on ne peut ignorer. Les dépenses en matière de sécurité augmentent d'année en année. Les marchands d'armes de tous bords et les représentants de produits de luxe se pressent à sa porte. L'arme du pétrole saoudienne est redoutable: elle a été utilisée en 1973 pour tripler le prix du baril de pétrole. En 1988, l'Arabie a racheté 100% de la compagnie ARAMCO qui est en charge de l'extraction des richesses pétrolifères. Aujourd'hui, l'Arabie contrôle le prix mondial du pétrole et, indirectement, l'économie mondiale.

Le prince Mohamed ben Salmane se dit prêt à mettre en bourse la compagnie ARAMCO estimée à plusieurs billions de dollars. Même la Russie qui défend généralement les positions iraniennes n'a émis aucun reproche suite à la condamnation à mort d'un clerc chiite en Arabie et a par contre condamné l'incendie de l'ambassade saoudienne à Téhéran.

Les princes saoudiens ont un train de vie fastueux. Ainsi, le prince héritier envisage d'acquérir la villa Certosa en Sardaigne, estimée à un demi-milliard d'euros. Par contre, les initiatives caritatives saoudiennes sont pâles par rapport aux drames que vivent les populations déplacées du Moyen-Orient.

Les reproches proférés régulièrement par les chancelleries arabes envers l'Occident palissent devant l'indifférence des pays arabes nantis, indifférence difficile à accepter devant la vision des réfugiés syriens accroupis dans les villes européennes, nez et coudes à terre et mains levées en signe de supplication. En Arabie même, les ressources financières sont suffisamment importantes pour offrir à la population de nouveaux subsides et calmer les insatisfactions nombreuses d'une population composée à 70% de jeunes de moins de 30 ans (les données du gouvernement saoudien et celles de la banque mondiale diffèrent de plus de 100% ce qui met en doute leur fiabilité).

La police des mœurs est implacable et les droits de la personne sont limités à l’espace exigu de la charia islamique. Rien ne porte à croire que cet état de choses changera dans un futur proche. L'or noir de l'Arabie n'a pas que des reflets moirés.

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Mai 2017

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