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L'idée d'une théocratie chiite dotée d'armements nucléaires d'ici une dizaine d'années a fait basculer l'Arabie en mode panique.
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L'idée d'une théocratie chiite dotée d'armements nucléaires d'ici une dizaine d'années a fait basculer l'Arabie en mode panique. D'autant plus que, depuis que l'accord des 5+1 avec l'Iran touchant aux technologies nucléaires a été ratifié, l'Iran tente de se procurer des matériaux nucléaires et intensifie son programme de missiles balistiques, tout en continuant à déstabiliser la région en y déversant des milices armées chiites.

Qui plus est, le président Obama a proposé d'établir un « équilibre » entre Iraniens et Saoudiens ; l'Arabie ne sent plus qu'elle peut compter sur une protection américaine et craint que son régime même ne soit en péril. Tels des joueurs d'échecs, l'Iran et l'Arabie avancent leurs pions en prenant des mesures militaires, politiques, diplomatiques et économiques pour s'affaiblir mutuellement.

L'encouragement à la sédition

Depuis l'accession au pouvoir de l'ayatollah Khomeiny, l'Iran a tenté d'exporter sa révolution « islamique » et a été contré par l'Arabie saoudite dont les moyens financiers sont autrement plus puissants. L'Iran a été impliqué dans des attentats terroristes : l'attentat commis contre le Centre communautaire juif de Buenos Aires et la tentative d'assassinat de l'ambassadeur saoudien aux Nations-Unies. Par ailleurs, l'Iran soutient les revendications des Chiites du Golfe, des Houtis du Yémen ainsi que des groupements terroristes tel le Hezbollah et le Hamas en plus de faire intervenir des milices chiites de plusieurs nationalités en Irak et en Syrie. Pour de nombreux observateurs, l'Arabie serait derrière les nombreux incidents survenus entre le régime iranien et les minorités kurdes, arabes, Baloutches et autres qui constituent un peu plus de 40% de la population iranienne. De plus, un prince saoudien a participé à une conférence d'opposants iraniens de Mujahideen-e-Khalk et y a condamné le « cancer khomeiniste. » Son intervention a été rendue publique dans les médias saoudiens. L'ancien chef de gardiens de la révolution Rezaei a déclaré : « les Saoudiens sont le gouvernement le plus diabolique au monde. » Son successeur a renchéri en accusant l'Arabie de semer l'insécurité en Iran.

Mesures religieuses

L'Arabie saoudite et l'Iran font la promotion de différentes versions de l'islam. Pour les Sunnites, la version chiite de l'islam est une hérésie, car elle remet en cause le fait que Mahomet ait été l'ultime prophète. Par le passé, de nombreux incidents impliquant des pèlerins iraniens se sont produits à La Mecque. Aussi, de nombreuses restrictions ont été imposées sur les pèlerins iraniens. La délégation officielle iranienne qui s'est rendue à Ryad pour négocier leur venue n'a eu droit à aucun traitement réservé aux diplomates : elle a dû attendre en file avec les passagers. Il lui a été précisé que les pèlerins iraniens devaient dorénavant s'abstenir d'exhiber tout symbole, drapeau ou pancarte et qu'en plus, ils seraient cloîtrés et isolés du reste des pèlerins. Les négociations ont été rompues et les Iraniens n'iront donc pas en pèlerinage cette année. Le président Rouhani a pour sa part déclaré qu'il faut punir le gouvernement saoudien pour ses crimes, qualifiant la famille royale saoudienne de « maudite » et ajoutant qu'elle ne mérite pas de gérer les lieux saints; de son côté, le grand mufti d'Arabie Abdel Aziz Ben Al-Cheikh a affirmé que les Iraniens ne sont pas des musulmans.

Mesures diplomatiques

Un clerc chiite a été condamné à mort en Arabie. Peu après, l'ambassade saoudienne a été saccagée et le royaume saoudien a rompu les relations diplomatiques avec l'Iran et mis fin aux liaisons aériennes et aux échanges commerciaux avec ce pays. De plus, les pays du Golfe puis la Ligue arabe ont officiellement désigné le Hezbollah comme une organisation terroriste. En décembre 2015, le Conseil de coopération du Golfe Arabique a sévèrement critiqué les essais balistiques iraniens récents et a accusé l'Iran d'interférer dans les affaires internes des pays membres.

Mesures économiques

La baisse du prix de pétrole obtenue en augmentant la production pétrolière saoudienne a eu pour but d'empêcher l'Iran de s'enrichir et diminue fortement la rentabilité du forage de nouveaux puits de pétrole. Les pays pétroliers construisent un oléoduc aboutissant dans l'Océan indien afin d'éviter le détroit d'Ormuz que l'Iran pourrait facilement bloquer. Paralysé par le Hezbollah chiite, le Liban a été le seul pays qui n'a pas critiqué le saccage de l'Ambassade saoudienne à Téhéran et en conséquence, un don saoudien de 4 milliards a été annulé. En outre, il a été conseillé aux ressortissants d'Arabie et des pays du Golfe d'éviter le Liban. De son côté, l'Iran finance le gouvernement syrien responsable de la majorité des pertes civiles en Syrie même à raison de 6 milliards de dollars annuels (estimation de l'envoyé de l'ONU Staffan de Mistura) ainsi que de nombreuses milices chiites.

Mesures militaires

L'Iran arme des milices chiites * (plus de 100 000 en Irak et près de 20 000 en Syrie) et dépêche des conseillers militaires et des Gardiens de la révolution dans le Croissant fertile. L'Arabie saoudite fournit des missiles antitanks aux rebelles syriens et à certains groupements radicaux qui visent à renverser le président Assad. L'Arabie saoudite et les émirats du Golfe ont décidé de refouler les Houtis du Yémen que l'Iran a armé de missiles Scud, de missiles antinavires et antitanks. D'autre part, l'Arabie a envoyé un contingent militaire au Bahreïn pour y mater l'insurrection chiite, suscitant une vive protestation iranienne. Récemment, une délégation militaire et commerciale saoudienne s'est rendue en Israël et y a donné de nombreuses entrevues aux médias, déclenchant la furie de l'Iran. Enfin, une nouvelle force d'intervention militaire de 34 pays sunnites a été stationnée à la frontière séparant l'Arabie de l'Irak.

Vers la conflagration armée ?

Pour l'instant, la confrontation irano-saoudienne se fait par l'intermédiaire de milices armées. L'Arabie et l'Iran se perçoivent mutuellement comme des régimes antinomiques et en danger. Si l'escalade de mesures et de contre-mesures se poursuit et s'il se produit un attentat grave, la confrontation qui s'ensuivrait embraserait la région avec des conséquences catastrophiques : le conflit actuel en Syrie, en Irak et au Yémen continue de faire des victimes civiles par dizaines de milliers et il faut avoir à l'esprit que la théocratie iranienne avait maintenu l'état de guerre avec l'Irak durant huit ans au coût d'un million de victimes, iraniennes aux deux-tiers, et sans y avoir gagné quoi que ce soit...

* En Irak : Asa'ib Ahl Al Haqs, Qais Khazali, Hadi al-Amiri de l'organisation Badr, Muhandis du Kata'ib Hezbollah et l'armée du Moukhtar; en Syrie : une trentaine de milices chiites opèrent ; au Liban : le Hezbollah.

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