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L'enjeu de l'eau au Moyen-Orient

La fin du conflit au Moyen-Orient permettrait d'établir des liens soutenus avec les pays voisins et d'envisager des solutions cruciales au problème du manque d'eau.
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De nombreux facteurs mettent en péril l'approvisionnement en eau potable au Moyen-Orient. À commencer par le climat aride ou semi-aride, le faible taux de précipitations, la sécheresse, la gestion inadéquate et le manque de prévision d'entreposage d'eau. À cela, il faut tenir compte de la construction de barrages qui appauvrissent le débit d'eau des pays en aval, tout comme c'est le cas pour le Nil, le Tigre et l'Euphrate.

Cette paucité en eau crée une migration d'agriculteurs dans les grandes villes, augmente la pauvreté et la malnutrition, ce qui se traduit parfois par une augmentation de cas de maladies tels la dysenterie, la fièvre typhoïde ou le choléra. Par ailleurs, la montée de l'eau de mer en Méditerranée ou dans le golfe Persique risque de contaminer les nappes phréatiques, de réduire l'approvisionnement en eau potable et de nuire grandement aux cultures actuelles.

Certains analystes avaient prédit l'agitation sociale en Syrie en raison de la migration de plusieurs centaines de milliers d'agriculteurs vers les villes. Cette migration est due à la désertification de terres arables, car le débit de l'Euphrate a été considérablement réduit depuis la construction de barrages en Turquie dans les années 1970. En effet, l'alimentation en eau potable de la Syrie et de l'Irak dépend à 80% et 53%, respectivement, des fleuves du Tigre et de l'Euphrate, qui prennent leur source en Turquie. En Irak, le niveau de l'Euphrate a baissé de moitié. L'extraction d'eau potable a chuté de 90% après la première guerre du Golfe et les installations hydrauliques ont été partiellement rétablies.

En Égypte, on craint que la construction de barrages hydrauliques sur le Nil bleu en Éthiopie ne réduise considérablement le débit du don de l'Égypte qu'est le Nil. Le Nil traverse une dizaine de pays avant de rejoindre l'Égypte et constitue 96% des sources d'eau potable de ce pays.

La désertification relève d'un problème environnemental et peut se traduire par des conséquences socioéconomiques graves en Iran également. La pénurie d'eau en Iran risque de créer des troubles sociaux graves, car une grande partie de la population se verra forcée de migrer en raison de la sécheresse qui s'y maintient. Ainsi, le lac Ourmia a perdu 95% de son eau. Le Zayanderud, fleuve qui traversait Ispahan, est aujourd'hui tari. Des milliers de villages s'approvisionnent en eau par camions-citerne. Il se pourrait bien qu'en raison de la pénurie d'eau, le régime autoritaire iranien, qui ne permet pas la dissidence, soit en face d'une crise socioéconomique grave dans les prochaines années.

Au Moyen-Orient, 60 à 90% de l'eau est utilisée pour l'agriculture et il y a carence en matière de gestion d'eau. Ainsi, et à titre d'exemple, toutes les réserves d'eau des Émirats arabes unis seront taries dans 50 ans si le taux d'utilisation actuel se maintient. La moyenne de consommation annuelle d'eau potable per capita au Moyen-Orient a chuté de 66% depuis 1970: elle est passée de 3645 mètres cubes en 1970 à près de 1200 mètres cubes aujourd'hui, alors même que la population est plus du double de ce qu'elle était en 1970, passant de 173 millions à près de 410 millions d'âmes.

Ce tableau sombre connaît toutefois une exception: en Israël, les usines de dessalement de l'eau de mer - plus de 35% de l'eau potable israélienne provient du dessalement de l'eau de mer -, le recyclage des eaux usées pour l'agriculture et la construction de réservoirs géants a rendu ce pays pauvre en eau en pays exportateur d'eau potable. En outre, des techniques d'irrigation au goutte-à-goutte sont des solutions exportables pour les pays désertiques ou semi-désertiques.

La fin du conflit au Moyen-Orient permettrait d'établir des liens soutenus avec les pays voisins et d'envisager des solutions cruciales au problème du manque d'eau.

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