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Alliances et contre-alliances au Moyen-Orient

La carte géopolitique du Moyen-Orient est en train de changer. Des rivalités ethnoculturelles séculaires éclatent au grand jour. Des révolutions se désillusionnent. Les grandes puissances se repositionnent. Quelle direction va prendre le Moyen-Orient dans les prochaines décennies?
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La carte géopolitique du Moyen-Orient est en train de changer. Des rivalités ethnoculturelles séculaires éclatent au grand jour. Des révolutions se désillusionnent. Les grandes puissances se repositionnent. Quelle direction va prendre le Moyen-Orient dans les prochaines décennies?

Les rivalités ethnoreligieuses sont présentes partout : elles sont manifestes en Irak où l'équilibre entre Kurdes, sunnites et chiites a toujours été précaire, et flagrantes en Syrie.

Considérons les principaux protagonistes du conflit syrien et ceux qui les soutiennent. Les forces gouvernementales sont appuyées par la Russie, l'Iran et le Hezbollah libanais. L'armée syrienne libre est soutenue par les É.-U. et l'Arabie saoudite. Les islamistes modérés, qui recrutent essentiellement auprès des Frères musulmans, sont financés par le Qatar, la Turquie et des donateurs privés des émirats. Les salafistes sont soutenus par des donateurs koweïtiens et les djihadistes (dont Al-Qaeda et Jabhat Al-Nusra) qui recrutent des radicaux étrangers. Les Kurdes rêvent d'obtenir un statut d'autonomie. Ceux qui appuient les différents protagonistes le font par allégeance ethnique, par idéologie panislamiste, par crainte des chiites ou encore par intérêt (la protection d'avantages acquis, la vente d'armes et les besoins géopolitiques).

Le Moyen-Orient est composé de nombreux pays instables. Les islamistes au pouvoir en Égypte et en Tunisie ont subi un recul certain. Seule la Turquie emprunte la voie de la dé-laïcisation, laquelle ne fait pas que des heureux. En Iran, même, les modérés semblent avoir gagné un certain avantage, mais ils sont à la merci des mullahs, dont l'autorité n'émane pas du suffrage universel. Le processus de paix israélo-palestinien stagne, les parties ne s'entendant pas sur les références, soit les lignes d'armistice de 1967 comme base de négociation. Après avoir tenté de prendre le leadership du printemps arabe, la Turquie s'est mis à dos les principaux États de la région.

Les maladresses du président Obama et le retrait apparent des É.-U. de cette région du monde incitent les États de la région à établir de nouvelles alliances. La Russie avait accepté de suspendre sa collaboration en matière de technologie nucléaire avec l'Iran si les É.-U. n'installaient pas un réseau antimissile en Pologne. Deux semaines après l'entente, la Russie décida de réévaluer la situation, faisant fi de l'entente. On prit à Washington la décision de collaborer avec des islamistes modérés avec les résultats catastrophiques que l'on connaît en Égypte. On suspendit ou diminua l'aide américaine à l'Égypte, s'aliénant inutilement ceux qui ne voulaient plus des islamistes au pouvoir. Les alliés traditionnels des É.-U. prirent leurs distances en regard d'une attaque ciblée contre la Syrie qui fut annulée à la dernière seconde pour accepter une solution de médiation russe.

À Washington, le prince Turki a déclaré : «la politique américaine est une charade risible, une perfidie qui permet à Assad de continuer le massacre du peuple syrien». Par dépit, l'Arabie a renoncé à son siège de sécurité à l'ONU et aurait commandé 4 G$ d'armes russes pour l'Égypte, alors que les Russes en avaient été évincés depuis plusieurs décennies. Les Saoudiens sont outrés et les Israéliens reprochent à Obama d'avoir été mou avec l'Iran. Le président afghan Karzaï a déclaré ouvertement qu'il ne fait pas confiance aux Américains. Ces faiblesses américaines encouragent les États de la région à chercher d'autres alliances, la Turquie voulant se doter d'un système de défense antiaérienne chinois et l'Arabie se rapprochant d'Israël devant la menace iranienne.

Les institutions internationales semblent avoir baissé les bras. Les armes chimiques syriennes sont détruites, mais rien n'empêche le président Assad de massacrer sa population au moyen d'armes conventionnelles. L'accord de ralentissement du programme nucléaire iranien ne fait aucune allusion aux droits de l'homme bafoués et à l'ingérence déstabilisatrice de l'Iran dans l'ensemble de la région. La perte d'intérêt grandissante des États-Unis envers cette partie du monde s'explique, entre autres, par l'autosuffisance américaine grandissante en pétrole et en gaz. La découverte récente de champs de pétrole et de gaz aussi importants que ceux de l'Arabie saoudite en Israël va changer les enjeux, car le pétrole ne sera plus un monopole arabo-iranien à l'avenir. Enfin, le déficit monstrueux des États-Unis s'élevant à plus de 17 billions de dollars et le formidable surplus budgétaire chinois laissent penser que la pax americana se changera en pax sinica dans les prochaines décennies.

Dans une perspective à moyen terme, les É.-U. sont encore la puissance dominante qui peut encore avoir une influence prépondérante. Encore faudrait-il qu'elle sache en user avec sagacité.

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