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Baseball: dépister les statistiques

Les amateurs qui ne veulent pas être de l'évolution des statistiques ont le choix de les ignorer, car les chiffres sur lesquels ils basaient leurs évaluations sont encore comptabilisés et rien ne pourra changer la situation. On ne doit par contre pas dénigrer ces avancements parce qu'on ne les comprend pas.
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«Sabermetrics sucks»

Un titre de livre sur la sabermétrie défiguré dans un blogue

«Détestez-vous plus le baseball suite aux avances de la sabermétrie?»

Le titre d'un des forums sur Prosportsdaily.com

«Les compteurs de chiffres devraient peut-être regarder de vraies parties de temps en temps et sortir leur tête de leurs livres»

Le moins vulgaire des gazouillis (tweets) déniché au sujet des « stats head »

Vendredi dernier, j'ai débuté mon aventure avec le Huffington Post Québec avec mon premier texte (de deux) pour établir les bases de ma couverture du monde du baseball local et international.

Aujourd'hui, dans ce deuxième texte d'introduction, je me prononce sur le débat qui fait encore rage dans ce sport, soit les bienfaits des développements sabermétriques, ces statistiques avancées qui sont maintenant utilisées par les amateurs, experts et organisations sportives partout dans le monde.

Cette crainte manifestée envers un phénomène et développement du baseball aussi normal et prévisible que les statistiques, qui font partie intégrale du sport depuis le 18e siècle, est encore un sujet chaud pour certains amateurs de baseball qui ne se sont pas encore fait à l'idée que, tout comme les autres aspects de notre vie et société, ces évaluations numériques évoluent.

Premièrement, définissons le mot statistique selon le Larousse : «Ensemble des données numériques concernant un phénomène quelconque et dont on tire certaines conclusions. » Ces données sont une partie importante et intégrale du sport, que ce soit pour le nombre de retraits au bâton, pour trouver la moyenne de puissance d'un frappeur ou établie son nombre d'erreurs à la défense, les trois demeurent la même chose; un nombre qui peut être perçu, traduit et interpréter de plusieurs façons ou être tout simplement ignoré.

Étant donné que le but premier d'une organisation sportive est de trouver les inefficacités dans un système et de les exploiter, l'entité doit avoir en main des chiffres ou informations quelconques afin de déterminer le plan d'action pour contrer une tendance; les statistiques sont exactement cette information. Attention, cependant, les chiffres ne disent pas tout, mais ils ne mentent pas.

Vous vous rappelez sûrement, tout dépendant de votre âge, les cartes de baseball que l'on pouvait retrouver dans les emballages de gommes ou les paquets que l'on pouvait acheter, échanger à des amis ou collectionner. Elles comprenaient les chiffres essentiels des performances d'un joueur (par exemple la moyenne au bâton, le nombre de circuits, les victoires enregistrées par un lanceur, etc.) et on s'amusait à les retenir pour ensuite les réciter à notre entourage, certains que l'on était des experts en la matière.

L'humain n'aimant pas se faire remettre en question sur des idées et fonctionnements qu'il croit clairs et imperturbables, c'est quand même dans les années 1940 avec un homme tel que Branch Rickey, directeur-gérant des Dodgers de Brooklyn, qu'on a commencé à démontrer, avec des statistiques qui mettaient l'emphase sur la présence sur les buts en lieu de la traditionnelle moyenne au bâton, que nos croyances étaient peut-être biaisées et à revoir.

Dès les années 1980, des amateurs tels que Bill James, John Thorn et Pete Palmer (pour ne nommer que ceux-ci...) se sont penchés sur de nouvelles façons de concevoir l'évaluation des joueurs en utilisant ces mêmes chiffres que l'on trouvait totalement inoffensifs quelques années auparavant. En interprétant ces statistiques différemment, ils ont créé la sabermétrie, qui «tire son origine de l'acronyme SABR (pour Society for American Baseball Research) et fut suggéré par l'historien Bill James, qui décrit le phénomène comme la recherche de la connaissance objective sur le baseball».

Transportez-vous à l'aube du nouveau millénaire et vous avez des experts qui découvrent que les valeurs sur lesquelles nous avions analysé les joueurs depuis des dizaines d'années sont douteuses et vous venez d'ébranler une génération complète de fans. Est-ce que ça veut dire que cette nouvelle manière de faire est invalide, illégale ou sans fondement? Est-ce que ça change la distance entre les coussins? Est-ce que les jeux spectaculaires et revirements de situations se sont évaporés du sport? Non.

Pour des raisons qui me rendent encore perplexe, un débat a été créé autour de l'utilisation de ces données dans une sphère du baseball qui voulait trouver des failles avec laquelle travailler et exploiter les adversaires. Pourtant, leur mission est constante et bien simple, comment le mieux possible évaluer un joueur sans se tromper? Comment développer nos meilleurs espoirs en se fiant sur les erreurs du passé? Comment différencier deux joueurs aux attraits similaires avant de garantir des millions de dollars en salaire à un de ces candidats?

Dès les années 2000, une guerre semblait se former entre les dépisteurs et les statisticiens, à savoir qui avait raison et qui pouvait le mieux se démarquer par rapport à l'autre. Ces derniers étaient accusés de ne se fier que sur les mathématiques, rendant le tout trop académique.

C'est ici que mon cerveau se brouille, car pourquoi ne pas simplement accepter d'utiliser le meilleur des deux mondes, à savoir l'approche logique et basée sur des faits d'un côté et la perspective humaine et non-calculable de l'autre? Après tout, un humain sera en charge de prendre les ultimes décisions en y incorporant toutes informations qu'il juge nécessaires.

Si je me mets dans la peau d'un amateur traditionnel de baseball, je me dois de leur donner raison sur au moins un point: certains statisticiens ont été agressifs dans leur manière d'aborder certains éléments bien ancrés dans la tête des amateurs, ce qui a pu en bousculer quelques-uns. Comme tout nouveau phénomène, les extrémistes s'en emparent et tentent de changer les convictions populaires. Après un moment, le calme revient, les idées se placent et un semblant de paix s'installe, ce que l'on semble commencer à vivre en ce moment, car toutes les organisations professionnelles de baseball, ou presque, ont dorénavant une équipe de statisticiens qui ont comme mission d'interpréter les différentes nouvelles données et pratiques générales qui se pointent à chaque année.

Vous n'avez qu'à prendre StatCast en exemple, ce nouveau service du baseball majeur qui nous permet maintenant de déterminer, avec l'aide de caméras et capteurs installés à l'intérieur des stades, la vitesse à laquelle la balle quitte le bâton d'un frappeur lorsqu'elle est frappée, la distance qu'un défenseur couvre sur le terrain pour aller chercher une ball (et si la trajectoire qu'il a prise est la meilleure possible), la vitesse réelle d'un voleur de but, etc.

Imaginez-vous juste un instant les possibilités qu'un service de la sorte offre pour les analystes, amateurs et experts.

Plus que jamais, les données disponibles, bien qu'ils ont des noms de statistiques qui ressemblent plus que jamais à une soupe alphabète, nous permettent d'obtenir le meilleur des joueurs qui évoluent au plus haut niveau de compétition et c'est le devoir des administrateurs de ces équipes de nous donner le meilleur produit possible pour notre argent. Les amateurs qui ne veulent pas être de l'évolution des statistiques ont le choix de les ignorer, car les chiffres sur lesquels ils basaient leurs évaluations sont encore comptabilisés et rien ne pourra changer la situation. On ne doit par contre pas dénigrer ces avancements parce qu'on ne les comprend pas.

Ne pouvant pas tout couvrir les développements statistiques dans cette tribune, je vous invite à visiter mon blogue quotidien, Gérant d'Estrade, sur lequel une page appelée «ABC des Stats» a été créé et où j'y traite des différentes valeurs numériques que j'utilise pour évaluer les joueurs et le baseball en général. Le tout est en construction, alors voilà une opportunité pour vous d'évoluer avec moi.

Le sport est dans une période d'évolution sans précédent, pourquoi ne pas embarquer dans l'aventure et participer à votre façon à ce que le futur nous réserve?

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