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J'ai une préférence pour l'un de mes enfants. Et je sais que vous aussi

Hier matin, quand mon plus jeune m'a réveillée par des hurlements à 5h30 et qu'il a refusé de se recoucher, il était tout sauf mon préféré. En le sortant de son petit lit, j'ai regardé tendrement son frère aîné (qui a dormi jusqu'à 7h45) et je me suis dit: «C'est toi, celui que je préfère» avant de me traîner jusqu'à la cuisine pour faire chauffer du café.
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Jusqu'à leurs dix ans, mes frères dormaient dans la même chambre, dans des lits superposés. Le soir, mon père venait les border et leur disait l'un après l'autre, avant d'éteindre la lumière: «Tu es mon préféré!» en les pointant du doigt. J'aime bien me dire qu'ils s'endormaient persuadés l'un et l'autre d'être le préféré (ils ont fini par piger le truc).

Je dois avouer que mon père a toujours encouragé une certaine compétitivité chez ses enfants.

Qui se débrouille le mieux sur des skis? Moi! Bon, allez, c'est peut-être mon frère.

Qui connaît le plus de choses? Mon grand frère, sans hésitation.

Qui masse le mieux les pieds de papa? On s'est tous fait avoir plus d'une fois à ce «concours».

Qui est mon/ma préféré(e)?

Celle-là n'est pas évidente. Étant la cadette, et la seule fille, j'ai instinctivement envie de répondre MOI! Mais je sais, comme mon père, que ce ne serait pas tout à fait vrai. Ce qui est certain, c'est que j'ai été sa préférée à différentes périodes (quand j'ai été prise à la même fac que lui, quand j'ai continué à faire du camping et du ski avec lui alors que mes frères trouvaient ça naze depuis longtemps, ou chaque fois que je lui disais que je l'aimais, comme seules les filles savent le faire).

Mais je suis assez intelligente pour savoir que mes frères trouvaient aussi, à tour de rôle, grâce aux yeux de mon père (je sais pertinemment que je n'étais pas sa préférée pendant mon adolescence difficile). J'ai grandi dans une famille où, pour le meilleur et pour le pire, on parlait toujours du ou de la préféré(e). Maintenant que j'ai des enfants, je comprends pourquoi. Et j'avoue que j'ai, à mon tour, un préféré.

Même s'il m'arrive de n'en avoir aucun...

Hier matin, quand mon plus jeune m'a réveillée par des hurlements à 5h30 et qu'il a refusé de se recoucher, il était tout sauf mon préféré. En le sortant de son petit lit, j'ai regardé tendrement son frère aîné (qui a dormi jusqu'à 7h45) et je me suis dit: «C'est toi, celui que je préfère» avant de me traîner jusqu'à la cuisine pour faire chauffer du café.

Plus tard dans la matinée, le plus grand (qui était encore mon préféré une heure plus tôt) a renversé par mégarde une bouteille de vin rouge en grimpant sur le plan de travail de la cuisine, dans un accès de frénésie. Une heure après, je frottais toujours les taches de vins et je ramassais les morceaux de verres sur le plancher. Tout cela pendant que le cadet mangeait tranquillement son bol de céréales. «Mon bébé, je me suis trompée tout à l'heure. C'est toi, mon préféré!»

Dans l'après-midi, j'ai pris une super décision: faire des courses avec mes deux fils après être allée les chercher au centre aéré. Le plus jeune (qui n'avait pas encore fait sa sieste) s'est mis à courir comme un dératé en renversant tout ce qui lui passait sous la main. Il a failli casser un bocal d'olives et a fini son numéro en scandant «DES BONBONS!» devant la caissière. Pendant ce temps, son grand frère marchait tranquillement à mes côtés, et m'aidait à ramasser ce que la tornade avait fait tomber. Il était officiellement repassé en tête du classement.

Jusqu'au moment du bain, en tout cas, quand il s'est dit que ce serait une bonne idée, en plein caprice, de me jeter de l'eau à la figure parce que j'avais eu l'audace de lui frotter les cheveux pour enlever ses taches de peinture. VRAIMENT pas mon préféré.

Et puis le miracle s'est produit, comme pratiquement tous les soirs. Les garçons étaient lavés et en pyjama. Je les ai couchés avant de leur lire une histoire. Le plus grand pointait du doigt les mots qu'il reconnaissait, et le plus jeune, les images qu'il avait déjà vues. C'est là que je me suis dit: "C'est TOI, mon préféré." en les serrant tous les deux dans mes bras. Peu importe ce que j'avais dit plus tôt, c'était la vérité.

Alors, je l'avoue, j'ai bien un préféré. Ça change tous les jours, d'heure en heure et parfois d'une minute à l'autre. Mais les moments que je préfère, c'est quand je n'arrive pas à me décider. Et mon souhait le plus cher, c'est qu'ils s'endorment tous les deux en étant persuadés d'être le préféré. Mon père était malin...

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