Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Mon enfant oublie (toujours) ses livres

Les devoirs non faits ne faisaient pas de moi une mauvaise mère et mes enfants étaient (et sont toujours) des êtres en construction.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.
Getty Images/RooM RF

Et ce n'est pas grave.

Même s'il les oublie tous les jours, on ne s'énerve pas.

La moitié de mes filles n'arrivait pas à faire ses devoirs, faute d'avoir apporté les « bons » livres. Leurs sacs (pleins à leur briser le dos) ne contenaient jamais (ou presque) les cahiers nécessaires pour que nous puissions étudier la moindre leçon.

Je dis « nous », parce que si elles ne pensaient pas à apporter leurs livres, c'est qu'elles n'avaient pas l'autonomie nécessaire pour faire leurs devoirs.

En fait, il y avait tellement de « nous » dans l'opération devoirs qu'il m'arrivait (et il m'arrive encore parfois) de parler à la première personne du singulier :

J'ai un exposé oral cette semaine!

Je suis encore dans un rush de mots étiquettes!

À mes débuts de mère, lorsque l'une de mes filles oubliait ses livres, j'étais hors de moi.

Comment pouvais-je faire pour accompagner mon enfant dans ses études s'il n'apportait jamais ses cahiers? Chaque fois que l'enseignante écrivait « devoirs non faits » dans son agenda, je me sentais mal. Moi qui avais été une élève si performante, je me retrouvais avec une enfant qui ne faisait pas ses devoirs! Mon stress principal (et pas le sien) : elle n'obtenait jamais ses dollars-écoles, ses étoiles ou ses bonhommes sourire pour bénéficier de ses vendredis récompenses, comme toutes ses amies.

Mon enfant pleurait et moi, je me fâchais.

Parfois, je retournais à l'école chercher les « maudits » livres ou pire, je courais chez une amie pour les emprunter et en faire une photocopie. Après une dure journée de travail, ma vie devenait vite un enfer.

Puis, j'ai lâché prise.

J'ai réalisé que je ne pouvais pas changer mes enfants et surtout, que leur réputation ne m'appartenait pas. Les devoirs non faits ne faisaient pas de moi une mauvaise mère et mes enfants étaient (et sont toujours) des êtres en construction. Ils doivent apprendre à être responsables par eux-mêmes et surtout, à leur propre rythme.

Aujourd'hui, quand il manque un livre ou un examen à signer, je colle un post-it adressé à l'enseignante dans l'agenda disant que ma fille n'avait pas son cahier. « Désolée. »

Aujourd'hui, quand il manque un livre ou un examen à signer, je colle un post-it adressé à l'enseignante dans l'agenda disant que ma fille n'avait pas son cahier. « Désolée. »

Si les oublis deviennent chroniques, elles font leurs devoirs SANS leurs livres.

En début d'année, je fais des demandes d'amitié Facebook aux parents de leurs meilleures amies en leur expliquant que si nos enfants oublient leurs cahiers, nous pourrons nous entraider.

Ainsi, lorsqu'une de mes filles n'a pas le livre dont elle a besoin, un autre parent photographie les pages à faire et me les achemine par messagerie texte, courriel ou Facebook. J'imprime la photo et je laisse mon enfant remplir la feuille comme il se doit.

Quant à la fameuse « preuve d'étude » hebdomadaire, qui consiste à copier les mots de vocabulaire de la semaine et le verbe à conjuguer dans le cahier d'études, mon enfant prend n'importe quelle feuille qui traîne dans la maison et fait ce qu'il peut.

Les devoirs sont peut-être désorganisés et brouillons, mais ils sont faits.

L'une de mes filles a remis ses devoirs sur des feuilles lignées, sans son cahier, pendant un an. L'année suivante, elle a pris de la maturité et ses oublis ont cessé.

Savez-vous ce qu'il y a de magnifique avec cette histoire d'entraide parentale?

Je ne me fâche plus, et nos soirées sont plus faciles et agréables. Au fil des ans, mes enfants ont réussi à intégrer les devoirs dans leurs routines, avec ou sans leurs cahiers. Leurs oublis ne leur causent pas d'anxiété, et leur estime personnelle se porte bien.

Le plus amusant, c'est que les autres parents m'appellent autant que je les appelle pour photographier les devoirs manquants. Comme quoi, ce n'est pas toujours mieux chez les autres!

Avril 2018

Les billets de blogue les plus lus sur le HuffPost

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.