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Je suis professionnelle du deuil et j'accompagne les malades et les familles endeuillées. Voici l'expérience vécue d'un malade qui acceptait sa destinée, mais dont la famille désirait le garder encore longtemps en vie !
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Je suis professionnelle du deuil et j'accompagne les malades et les familles endeuillées. Voici l'expérience vécue d'un malade qui acceptait sa destinée, mais dont la famille désirait le garder encore longtemps en vie !

Un homme dans la mi-quarantaine est hospitalisé à l'unité des soins d'oncologie. Ce qu'on appelle maintenant le département de cancérologie. Il a passé des examens. On lui a annoncé que le cancer était incurable et que des traitements pouvaient lui être donnés. Il a subi un ou deux traitements de chimio et les traitements n'ont pas eu d'effets visibles sur son physique. Il n'a pas maigri; il ne perd pas ses cheveux. Bref, il n'a pas l'air malade. Monsieur a une conjointe et ses parents sont vivants. Il n'a pas d'enfants et il est heureux dans son travail.

Il me confie qu'il ne désire pas de traitements; que cela ne ferait qu'allonger ses souffrances. Il sent très bien que c'est le cours normal de sa vie. Il a aimé son travail. Il aime sa famille. Il se sent prêt. Ce qui a pour conséquences, qu'il n'accepte plus de traitements à partir de maintenant.

Lors de la visite de sa famille, j'étais déjà en relation d'aide avec monsieur. Tout le monde se salue. Sa conjointe fait allusion aux traitements de chimio qui lui donneront un espoir de vie. Les parents acquiescent. Monsieur n'a pas encore annoncé son intention de cesser les traitements. Comme il est de nature conciliante, il ne sait pas comment exprimer sa volonté alors que sa conjointe et ses parents désirent qu'il prolonge sa vie.

Au moment où il doit exprimer ce qu'il craignait tant d'exprimer, il me prend la main et dit à sa famille : « Je suis rendu là. Je ne veux plus de traitements. » WOW ! Que se passe-t-il ? Je sens un courant électrique jusque dans mon corps ! Une énergie forte, puissante ! Une expérience semblable à partir d'une simple poignée de mains m'était arrivée lors de mon mariage quand mon papa m'escortait jusqu'à l'église.

Monsieur ne manquait pas de courage en ne voulant pas exprimer rapidement son intention. Les personnes conciliantes comme lui, ont tellement besoin de sentir l'harmonie qu'il leur est difficile de confronter leur opinion à celle des leurs. De plus, il désirait les protéger. Ce sentiment est très fort chez les grands malades.

Ce récit a quelque chose de semblable avec celui de : Ma tante a la jaunisse, en ce sens que la personne malade connaît la gravité de son état. Il est donc important de porter attention à ce que le malade vit, pense et entrevoit faire. Quelles sont ses intentions ? C'est la phrase à garder en tête afin de pouvoir leur adresser au moment opportun.

C'est ainsi que l'on réalise à quel point la dynamique familiale est perturbée par la situation du deuil de la santé ou par le deuil d'un proche qui est en fin de vie. Je maintiens qu'il est important, pour clarifier la relation entre la personne malade et l'aidant, d'être clair, authentique et respectueux de l'autre.

Si vous avez des questions ou des commentaires, je vous invite chaleureusement à m'en faire part. J'apprécie être en relation avec vous sur des sujets aussi humains !

À bientôt

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Mai 2017

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