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«Satan habite au 21» de Jean-Pierre de Lucovich: mascarade parisienne

Paris, 1945. Le docteur Petiot est devenu l'une des pires fripouilles françaises sous l'occupation nazie.
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Paris, 1945. Le docteur Petiot est devenu l'une des pires fripouilles françaises sous l'occupation nazie. Lorsqu'un incendie se déclare dans sa résidence, un charnier est découvert. Satan habite au 21, rue le Sueur et le détective privé Jérôme Dracéna suit une piste qui va nous emporter des ténèbres à la libération.

L'histoire du docteur Petiot est connue (Michel Serrault l'a interprété au cinéma). Il traverse le polar à la course, insaisissable et pourtant présent à chaque coin de rue. Cette figure fantomatique n'a de cesse de vouloir s'en prendre à ce Dracéna qui le cherche. Mais à travers cette poursuite infernale, c'est Paris qui vole la vedette et l'ambiance délétère qu'on trouve à cette ville qui attend sa libération, ferrée de tout bord entre la Gestapo allemande et la milice de Vichy.

Cette atmosphère « est-ce que j'ai une gueule d'atmosphère! » qui court jusqu'à la finale est particulièrement réussie dans ce polar qui oscille entre le roman noir et le roman historique. Toute la vie quotidienne d'une ville vaincue et occupée par l'ennemi y passe. En 1944-45, il ne reste presque rien du gai Paris : quelques restaurants luxueux, fréquentés autant par l'occupant que la classe des nantis, des bars, café et quelques maisons closes plus ou moins réquisitionnées. Le cœur n'est plus à la fête et l'abondance a disparu.

Satan habite au 21 emprunte la thématique de l'apparat pour magnifier son propos. Tout ici n'est que masque, et allez-y donc retrouver votre chemin dans ce Paris en dédales, ce labyrinthe au bout duquel, surprise, le docteur Petiot vous attend! Dans cette ville occupée par l'ennemi, tout n'est plus que suspicion. Qui collabore, qui résiste et quelquefois, plus souvent qu'on ne le pense, qui pour survivre à cette misère, fait un peu les deux?

Le roman trouve appui sur le privé Jérôme Dracena, ainsi que quelques autres visages assez patibulaires, plus ou moins résistants, truands, mais français, parisiens, vouant une haine farouche aux Allemands et détestant bien plus encore tous ceux qui se font collaborateurs.

Il y a dans ce roman des odeurs caractéristiques qui ne sont pas sans rappeler un autre brillant auteur qui couvre la même sombre période, l'écossais Philip Kerr et son personnage Bernie Gunther à Berlin. Une époque qui foisonne d'histoire aussi macabre que palpitante dont je ne me lasse pas!

Jean-Pierre de Lucovich, Satan habite au 21, Éditions L'Archipel. Février 2015. 450 pages.

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