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Trois polars d'ici à ne pas manquer

Est-ce que les noms de Richard Ste-Marie, Johanne Seymour et Hervé Gagnon vous disent quelque chose? Trois auteurs de polars d'ici à ne pas manquer.
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Est-ce que les noms de Richard Ste-Marie, Johanne Seymour et Hervé Gagnon vous disent quelque chose? Trois auteurs de polars d'ici à ne pas manquer.

Parmi toutes les nouveautés reçues en cette fin d'année littéraire 2016, j'avais volontairement laissé de côté celui de Richard Ste-Marie, Le Blues des sacrifiés, son roman précédent m'ayant laissé plutôt indifférent. Je voulais ainsi, en quelque sorte, permettre à celui-ci de se laisser désirer, de mûrir encore un petit peu...

Le moment venu, ce n'est pas moi qui l'ai recueilli, c'est lui qui est venu me cueillir. Comme ça, en plein vol, sans attente, sans préjugé, je crois bien me trouver devant l'un des meilleurs polars québécois cette année.

Francis Pagliaro, sergent-détective de la Sureté du Québec en poste à Montréal, enquête sur l'assassinat de son collègue Nicolas Turmel, un expert informatique, lorsqu'il apprend que la même arme, de fabrication russe, vient aussi de servir pour tuer une décoratrice de théâtre et un musicien, tous deux de Québec. Il n'y a aucun lien patent entre les crimes, forçant Pagliaro à pousser dans toutes les directions, allant de la radicalisation islamiste à la mafia russe. La tortueuse enquête va le mener au plus haut niveau des forces de l'ordre canadiennes.

Richard Ste-Marie instaure un système de double narration: le sergent-détective Pagliaro, un narrateur omniscient, qui assure le bon déroulement de l'intrigue vue de l'extérieur et le personnage de Louis Collard, qui se trouve bien malgré lui au cœur de l'histoire et qui nous la raconte avec une voix intériorisée. Cette approche narrative vient dynamiser le récit et briser une certaine monotonie présente dans l'œuvre précédente. La double voix narrative est utilisée à si bon escient qu'elle permet au lecteur de suivre avec aisance cette ambitieuse enquête, sans jamais perdre le fil ni anticiper la suite.

Au final, on se retrouve devant un polar limpide, dénué de prétention, complexe sans sombrer dans les incohérences. Le Blues des sacrifiés mérite de devenir un sérieux prétendant au titre de polar de l'année, un petit coup de maître. Chapeau, M. Ste-Marie!

Rinzen et l'homme perdu de Johanne Seymour

Rinzen de Johanne Seymour m'aura intrigué dès sa parution. Une inspectrice d'origine tibétaine emporte le lecteur en terre exotique lorsqu'elle franchit les portes de son logement où vivent son papa, sa maman et son jeune fils. Nouvelle série de l'auteur des aventures de Kate McDougall, adaptées à la télévision sous le titre de Séquelles avec un succès immédiat, Rinzen met en scène un redoutable duo d'inspecteurs: Rinzen Gyatso la figure cérébrale, et son acolyte, Luc Paradis, plutôt robuste et cherchant l'action dans son métier et l'aventure dans une vie privée qui nous mène dans les sordides saunas du quartier gai de Montréal.

Entre l'éthique tibétaine et l'existentialisme de Luc, le récit de Johanne Seymour s'approche d'un polar philosophique où chaque geste est interrogé pour sa raison d'être comme pour sa portée.

Rinzen est un roman rafraichissant et, quoique l'intrigue manque un peu de relief, il y a chez les protagonistes, autant que dans la narration, une si grande richesse de couleurs, qu'il permet d'entrevoir que cette nouvelle série marquera la littérature d'ici.

Benjamin d'Hervé Gagnon

Montréal, 1893, le journaliste Joseph Laflamme est en manque de primeur lorsque son ami l'inspecteur Marcel Arcand lui permet de s'approcher du château de Ramezay où une dépouille vient d'être retrouvée. Ses articles vont lui permettre d'entrer au service d'Honoré Beaugrand et de son quotidien La Patrie. Peu à peu, le mystère se dissipe et tous les intervenants se rendent compte que des meurtriers à la solde des gouvernements tentent de retrouver un document perdu remontant à l'occupation américaine de Montréal, en 1776, et qui aurait pu changer le cours de l'histoire du Québec, du Canada et des États-Unis.

L'historien Hervé Gagnon tire profit du cadre historique pour faire évoluer des personnages - Joseph Laflamme, notamment - particulièrement intéressants. La veine ne semble pas près de se tarir et c'est tant mieux parce que la série dans son ensemble mérite l'attention de tous les amateurs de polars francophones. Le seul bémol, quant à moi, survient lorsque les personnages reviennent au-devant de la scène; l'auteur reprend la même description, d'un livre à l'autre, ce qui devient une sorte de tic littéraire. Néanmoins, pour l'action et les retournements de situation, cette série vaut vraiment le détour!

Richard Ste-Marie,Le Blues des sacrifiés, Éditions Alire. Avril 2016. 364 pages.

Hervé Gagnon, Benjamin, Éditions Libre expression. Mars 2016. 371 pages.

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