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2 polars français à découvrir

Soit il y a moins de polars qui nous arrive de France, ou bien la production est défaillante, quoi qu'il en soit, j'en ai déniché deux suffisamment intéressants pour vous les présenter!
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Soit il y a moins de polars qui nous arrive de France, ou bien la production est défaillante, quoi qu'il en soit, j'en ai déniché deux suffisamment intéressants pour vous les présenter!

Dans les brumes du mal de René Manzor

Dahlia Rhymes du FBI est appelé en renfort. Son neveu, Tom, a disparu, sa mère a été tuée lors d'un rituel vaudou, et son père, le frère de l'agente fédérale est en pleine dépression. Lorsqu'elle découvre que nombre d'autres enfants ont subi le même sort, et qu'à chaque fois la mère est assassinée, Dahlia réalise que cette affaire pourrait bien trouver ses racines dans son propre passé, celui de son père aujourd'hui sous les verrous.

Ma lecture du roman est plutôt singulière. Il s'agit sans contredit d'une bonne histoire, actuelle et touchante -- les enfants mal traités ça ne peut que faire cet effet-là! Le suspense est maintenu avec rigueur et l'intrigue plonge dans l'histoire de la littérature, en direction d'auteurs célèbres et d'horizons pourtant bien différents; je pense à Stephen King (Les Enfants du maïs) et au Tambour de Gunther Grass.

Dans les brumes du mal présente ainsi des enfants forcés de rester petits et devenant sauvages et dangereux. C'est original. C'est un polar qui se lit d'une traite, et pourtant... oui, pourtant... J'ai une quantité inégalable de reproches à faire. L'enveloppe m'a plus d'une fois irritée. C'est mon problème identitaire, je suppose, aussi ce que je vais dire ici n'est valable que sur le territoire du Québec.

René Manzor est Français. Pourquoi cette volonté de placer son histoire aux États-Unis? Ce besoin incompressible de faire semblant de provenir d'une autre culture m'agace. L'instillation ici et là de mots anglais dans le roman, au début surtout, des vocables non traduits, pour faire anglais, comme si notre langue n'était pas assez riche pour avoir des mots équivalents (taxi jaune, Yellow cab, la nausée me prend!). Je dirais bien qu'il s'agit d'une mauvaise traduction, mais c'est en français d'origine (et Rabelais, bien, il en est pâle de honte). Les premiers chapitres sont un salmigondis anglo-saxon avec parfois du titi parisien. C'est de la novlangue? Même pas. Juste une piètre tentative pour faire moderne (et pourtant le roman se tient par lui-même sans besoin de ces artifices).

J'arrête ici, je vais me choquer! L'auteur et son éditeur sont passés à côté de présenter un des très bons polars de l'année.

Têtes de dragon de David Defendi

Se prenant pour le maître du poker, Thomas Christo, ex-légionnaire, se croit capable de deviner la main de ses adversaires. Une nuit où il n'arrive pas à repérer le pigeon, il réalise que c'est lui. La partie est truquée. Christo s'emporte et tue le tricheur. Rapidement, la police est à ses trousses et il est emprisonné pour meurtre. Lorsqu'un certain Finville lui rend visite dans sa cellule et lui offre d'infiltrer des caïds chinois qui tentent de récupérer des œuvres d'art arraché à la Chine, il hésite peu. Christo pense pouvoir, comme au poker, contrôler et déjouer ses adversaires et son complice. Mais la vie d'un quidam compte pour bien peu chez les gouvernements et Finville appartient à la DGSI...

Curieux petit roman noir que ce Têtes de dragon de David Denfendi. L'essentiel de l'intrigue tourne autour du personnage de Christophe Lepage, dit Christo, lequel est une vulgaire marionnette entre les mains de son créateur. Un pantin venu sur terre pour se faire promener d'un bord à l'autre de son existence, sans jamais y prendre pied. Volontairement ou non, Defendi fait le portrait d'un individu désœuvré, sans éducation ni culture, bref à la dérive. Un quidam dont l'existence est prête à être utilisée par quiconque désire le téléguider.

Pris au piège par les services secrets (mais ce pourrait être n'importe quelle organisation), il devient son bras armé, jusqu'à sa perte. Cette présentation d'un tel être sans volonté ni ambition fait froid dans le dos.

Un polar assez court qui frappe l'imaginaire!

René Manzor, Dans les brumes du mal, Éditions Calmann-lévy. Janvier 2017. 395 pages.

David Defendi, Têtes de dragon, Éditions Albin Michel. Novembre 2016. 216 pages.

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