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«La Piscine», de Jonathan Gaudet: plongée en eaux troubles

Tout l'environnement de ce roman est inquiétant, comme si une menace pouvait surgir à tout instant de cette forêt. Il ne se passe rien et pourtant l'ambiance est oppressante.
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Une jeune fille en fugue. Le sujet est d'actualité. Que s'est-il donc passé pour qu'Émilie, une adolescente de quatorze ans, soit ainsi retrouvée quasi nue, intoxiquée et passagère d'un véhicule volé?

Au petit matin, David quitte sa maison, sa femme et son bébé, pour se rendre au travail dans la centrale nucléaire. Il ne reviendra pas. Mais est-ce bien cet événement qui est la cause du déraillement de cette famille? Catherine se remarie. Émilie grandit sans connaître son géniteur. Le mystère et l'angoisse étreignent leur existence, car la vie prend difficilement racine dans le terreau de la folie.

Tout l'environnement de ce roman est inquiétant, comme si une menace pouvait surgir à tout instant de cette forêt aux bruits indéfinissables, ou bien de ce coyote qui s'approche des rares habitations, griffant les portes, mordant les pneus. Ici et là, erre sur la route un Autochtone, silencieux, furtif.

Il ne se passe rien et pourtant l'ambiance est oppressante. Cette petite communauté du centre du Québec, établie entre une réserve et la centrale nucléaire, ne semble pas à sa place, comme un furoncle au milieu de terres ancestrales.

Cette famille dysfonctionnelle est à l'image du village : fragile, survivant dans un équilibre précaire, prête à glisser vers la tragédie. Le dénouement final revisite le mythe d'Œdipe, qui fait exploser une existence remplie de faussetés et de gangrène.

Les personnages sont juste assez esquissés pour comprendre les troubles qui les animent. C'est par l'ambiance délétère de toute la narration que La Piscine parvient à créer l'angoisse.

Un roman rondement mené dont je vais taire les aboutissants, dans l'espoir que vous découvriez ce petit bijou par vous-même.

Jonathan Gaudet, La Piscine, Éditions Héliotrope NOIR. Mars 2016. 238 pages.

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