Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Duel entre Stephen King et Rafael Reig

Deux polars dans l'arène cette semaine. Dans le coin «Nouveau roman»,de l'Espagnol Rafael Reig, un thriller psychologique sous une forme peu convenue. À l'autre bout du ring,de Stephen King et Joe Hill, un suspense haletant et débordant d'action!
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Deux polars dans l'arène cette semaine. Dans le coin « Nouveau roman », Ce qui n'est pas écrit de l'Espagnol Rafael Reig, un thriller psychologique sous une forme peu convenue (mais est-ce que la forme nouveau roman convient au polar?). À l'autre bout du ring, Plein Gaz de Stephen King et Joe Hill, un suspense haletant et débordant d'action!

Nous sommes à Madrid. Carlos est divorcé de Carmen depuis sept ans. Leur enfant, Jorge, en a maintenant quatorze, il est temps d'en faire un homme et de le retirer des jupes de sa mère. Son père l'emmène donc en excursion à la montagne où les attend sa nouvelle (et difficile) conjointe. En partant, il dépose un manuscrit chez Carmen qui travaille dans le milieu de l'édition. Car Carlos est écrivain, un peu poète, un peu raté, surtout peu lu. Carmen découvre qu'il s'agit d'un polar et commence à s'inquiéter. L'histoire qu'elle lit ressemble à la sienne, à sa rencontre avec Carlos. L'enlèvement d'une femme dans le roman de Carlos lui fait croire que son fils court un grave danger. Plus la lecture avance, plus les signaux d'alarme résonnent. Un immense malheur se prépare.

Et voilà la prémice de trois histoires qui s'entremêleront jusqu'à la fin. Carmen qui lit le polar et pressent qu'il s'agit d'un vilain message que le père de son fils lui lance. Cette sombre histoire d'enlèvement et de rançon qui vient se juxtaposer à la réalité. Le polar dans le polar. Et puis l'excursion de Carlos avec son fils qui tourne au cauchemar en pleine montagne.

Je ne veux pas manquer de respect à cette œuvre de fiction, l'écriture étant l'art le plus difficile qui soit, mais la trame narrative ressemble à s'y méprendre à un courant littéraire que j'abhorre par-dessus tout : le nouveau roman. Une forme d'hommage à la façon Alain Robbe-Grillet des Voyeurs, à la manière de Michel Butor et La Modification. Des personnages uniformes, tournés vers leur petit moi, qui s'écoutent réfléchir, qui analysent sans répit leurs moindres pensées, et dont les comportements témoignent de leur niveau d'absence. Une distanciation possiblement volontaire, mais dont les répétitions d'un personnage à l'autre acculent à l'ennui.

Malheureusement, je ne peux tout simplement pas apprécier ce type d'ouvrage qui tourne à vide et qui, à mes yeux, n'est que de la contemplation de nombril! Là où certaines personnes s'écoutent parler, cette littérature se regarde écrire. Et l'auditeur comme le lecteur en moi fuit à toutes jambes.

* * * * *

Plein gaz de Joe Hill et Stephen King

L'auteur américain Joe Hill et son papa, un dénommé Stephen King, ont décidé d'unir leur talent pour rendre hommage à Richard Matheson, l'angoissant maître du fantastique et de l'horreur décédé en 2013. Ils ont ainsi écrit une version modernisée du célèbre téléfilm Duel, le premier long métrage de Steven Spielberg, scénarisé par Matheson. Un savoureux mélange d'angoisse, de suspense et d'action.

Ça donne Plein gaz où un groupe de motards qui viennent de commettre un crime sont poursuivis par un camion semi-remorque jouant avec eux comme s'il était sur une piste de quilles. Évidemment, puisqu'il s'agit d'un court texte de 90 pages, on ne pouvait pas s'attendre à une grande élaboration psychologique des personnages qui sont un peu accessoires au service de l'action. Il y a une certaine tentative pour les catégoriser, mais cela se limite à une forme de caricature, le reste est emporté sur la route, dans la poussière de ces motos fuyant le bolide fou qui cherche à les culbuter.

Il n'y a qu'une seule façon pour éviter ces énormes roues qui veulent vous piétiner et cette monstrueuse calandre qui veut vous bousculer : mettre les gaz, à fond, plein gaz.

* * * * *

Joe Hill et Stephen King, Plein gaz, Éditions JCLattès. Traduction de Antoine Chainas (Throttle, 2009). Février 2014. 92 pages. Livre et Ebook.

Rafael Reig, Ce qui n'est pas écrit, Éditions Métailié Noir. Traduction Myriam Chirousse (Lo que no está escrito, 2012). Février 2014. 239 pages. Livre et Ebook.

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

Retrouvez les articles du HuffPost sur notre page Facebook.
Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.