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Cher M. Couillard, ou le «bon père de famille» du Québec

Si vous voulez faire honneur à l'image du «bon père de famille», comme vous le dites si souvent, rappelez-vous qu'un père de famille fera passer les intérêts de ses enfants avant les siens.
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Cher M. Couillard,

Je montrerai patte blanche en vous avouant ne pas être un de vos électeurs. Ceci dit, après votre élection, malgré mon dédain profond pour votre prédécesseur, je me suis dit que je donnerais la chance au coureur. Un nouveau chef pouvait vouloir dire une nouvelle direction pour le plus vieux parti de la province.

Les directives que vous avez données aux différents ministères lors de votre assermentation semblaient me donner raison. Mais voilà, peu de temps après, j'ai déchanté. Vous n'étiez guère mieux que celui qui vint avant vous.

Votre intention de faire le ménage dans les finances publiques est très certainement louable. Le problème est que vous le faites à l'envers.

Vous avez déshumanisé les divers paliers de la société et avez commencé à les voir comme des dépenses, plutôt que des services. Dès lors, vous avez mesuré votre capacité de couper selon les contrecoups que vous auriez à subir. Je n'irai pas dans les suppositions que vous auriez des intérêts personnels ou carriéristes à protéger, malgré les apparences. Cependant, sévir auprès des compagnies qui usent de paradis fiscaux aurait été la première étape. Mais ça prend du courage, de la détermination de même que la capacité d'accepter que, oui, quelques compagnies auraient pu être confrontées à payer leur juste part ou fermer. Mais en autorisant celles-ci à contourner les règles, vous privez le Québec d'une part importante d'argent qui nous est dû, vous forçant ainsi à aller la chercher aux paliers les moins riches.

La deuxième étape aurait été d'aller chercher des gains chez les médecins. Oui, ces vaches sacrées auraient sans doute crié fort et menacé qui voulait l'entendre de déménager dans d'autres provinces, mais pourquoi avez-vous plus peur de leurs protestations que de celles des infirmières?

Bref, tout ça pour dire que les pauvres, les familles, les enfants, les écoles, les patients, les enseignants, les infirmières et les œuvres de charité auraient dû être les dernières victimes de vos coupures. C'est mathématique! En allant chercher chez les plus nantis, au lieu de faire le contraire en bourrant leurs poches encore plus, vous en auriez eu moins à aller chercher chez les plus vulnérables. Peut-être auriez-vous même pu réinvestir!

Mais non. Parce qu'un enfant, ça ne proteste pas. Parce qu'un enseignant, c'est déjà vu comme un enfant gâté. Parce que les commissions scolaires n'ont déjà pas une cote de popularité très élevée. Parce qu'un BS reste encore, aux yeux de plusieurs, quelqu'un qui n'a qu'à se déniaiser et se trouver une job. Parce qu'un drogué ou un alcoolique n'est encore que quelqu'un qui n'a qu'à arrêter de boire ou se droguer. Parce que, pour vous, une infirmière a moins de valeur qu'un médecin. Parce que votre image est avantagée dans le milieu des affaires quand vous garrochez 1 milliard de dollars à Bombardier sans aucun avantage direct pour nous, que si vous investissiez ce montant dans les services de ceux qui en ont réellement besoin et qui n'auraient pas qu'à fouiller dans les craques d'un leurs sofas Louis XV pour trouver l'argent nécessaire à aider l'entreprise.

M. Couillard, je ne peux présumer de vos intentions ou de vos motivations. Cependant, je peux constater les résultats. Quand vous aurez terminé votre saccage, vous aurez certes l'image de l'homme qui a aidé les grandes entreprises à rester riches. Mais aussi, vous serez responsable de nouveaux décrocheurs qui n'auront pas reçu les services nécessaires pour terminer leurs études ; de gens qui retourneront vivre dans la rue parce que vous leur avez violemment retiré leur seule bouée de sauvetage ; d'infirmières à bout de souffle et des conséquences sur leur santé et celles des patients qu'elles traitent ; d'enseignants qui doivent multiplier les efforts créatifs pour que les enfants reçoivent les services dont ils ont besoin et auxquels ils ont droit, allant même jusqu'à quêter des jeux et des livres usagés auprès des parents (une situation que j'ai vue cette année) ; de patients qui font face à des aberrations comme de devoir se faire recoudre un doigt à froid parce qu'ils n'ont pas les moyens de payer l'anesthésie (!!!).

Ce sont là quelques exemples, humains, de ce que vous causez comme conséquences. Car oui, M. Couillard, vous gérez de l'argent. Mais cet argent sert à mouler la vie d'êtres humains distincts et biens réels.

Si c'est l'image que vous voulez projeter, soit. Mais si vous voulez faire honneur à l'image du «bon père de famille», comme vous le dites si souvent tel un mantra, rappelez-vous qu'un père de famille fera passer les intérêts de ses enfants avant les siens.

Si ce n'est pas comme ça que vous avez élevé vos propres enfants, alors vous deviez être un père médiocre, comme vous l'êtes jusqu'à présent pour le Québec.

En 2018, lors des prochaines élections, comment voulez-vous être vu?

Avec espoir mais sans attentes,

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