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Je te souhaite bonne fête, bonne journée ou ce que tu voudras.
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Je ne sais pas s'il s'agit d'un hasard, mais ta fête arrive un peu avant le printemps. Parce que la vie naît en dedans bien avant qu'on ne l'aperçoive avec nos yeux. Il est peut-être bien grand le mystère de la foi, mais ceux de la vie et de celle qui la donne le sont encore plus pour moi.

Tu as toujours été là. Toi. Tout juste m'étais-je « marié » avec ma mère à 3 ans que je me cherchais déjà une épouse « plus sérieuse » à mon arrivée à la maternelle. Nombreuses, comme les fleurs dans un jardin, je ne savais laquelle choisir. En vieillissant, j'ai compris que c'était surtout une question de qui voudrait bien se faire cueillir.

Tu as eu de nombreux visages. Avec toi, j'ai eu mes premiers gros chagrins, mais aussi mes plus grandes joies, souvent inexplicables. Le fait seulement d'être là, à me sourire au point de ne jamais me faire craindre l'âge ni la fin. Mes deux plus grands bonheurs, je te les dois. Tu as donné la vie deux fois... j'ai fourni l'étincelle... bon. On a connu l'orage et nos chemins se sont séparés. J'ai dû apprendre à faire comme toi, sans tes dentelles ni ta douceur avec les petits... mais j'ai un cœur. Ça a compensé, car force majeure n'attend point. On ne badine pas avec l'enfance. J'ai cuisiné, lavé, bercé, consolé...seul et à l'étroit... dans tes souliers. Je n'arrivais pas à comprendre qu'avec ces derniers, tu pouvais avoir la grâce d'une ballerine, moi qui gémissais intérieurement à chaque douloureux pas que je faisais. J'ignore ce qui est arrivé, mais depuis ce temps, souvent, je suis ému pour un rien. Comme si aimer comme toi voulait dire de baisser les armes, d'exposer notre faiblesse, car on ne peut véritablement pas aimer à portes closes. Souvent, un peu, être toi, je sais ce que c'est.

Sur une autre route, je t'ai revue. Un autre visage et un autre âge. J'ai dû apprendre à te doser, car dépendre de toi m'anéantissait. Est-ce que de ne plus être en ton sein constitue une première et irréparable blessure d'abandon? Est-ce que, toute ma vie, je cherchais à recréer cette douce fusion qui me berça des mois durant? Ce mal immense que j'ai revécu à 4 ans, en te perdant au centre d'achats, à chaque rupture, c'est ce sentiment de perdition qui m'envahissait. J'ai donc dû me sevrer, de ma mère, comme de toi. Faire un grand bout de chemin à essayer d'être un modèle, peut-être réduit, mais avec tous ses morceaux. Ma route était éparpillée, mais avant tout, appropriée. J'ai alors réappris à t'aimer.

Tu n'as aucune idée du pouvoir que tu as.

Tu n'as aucune idée du pouvoir que tu as. À quel point je te trouve parfaite quand je me regarde aller. Face à ta force de caractère, l'homme, l'imbécile, a décidé de te bâillonner, de te confiner, de te couvrir, de te frapper, de t'humilier, de te violer et de même t'attribuer le premier des péchés. Et toi, sans dire un mot, tu as subi, tes enfants passant souvent avant ta propre personne et ta dignité.

Le monde a évolué, trop lentement encore, mais j'ose croire qu'il tourne dans le bon sens.

Souligner tes accomplissements me gêne au plus haut point. Pas qu'ils ne soient pas admirables, mais quel mérite a une société qui décide finalement d'accorder le droit de vote à sa propre mère qui a tout sacrifié pour des pleutres, ingrats et arrogants mâles dominants?

Je te souhaite bonne fête, bonne journée ou ce que tu voudras. Sache que beaucoup d'hommes ont changé avec le temps. À défaut de naître avec le respect, ce dernier, je te le certifie, s'apprend.

Je souhaite de t'aimer sans arrêt ni répit. Pour chacun de ces instants, à travers ces larmes ou ces sourires, à travers toi, depuis toujours, je vis.

Merci.

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